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Profanation de tombes chrétiennes à Al-Sura al-Kabira : l’indignation grandit dans le sud de la Syrie

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« Quel enseignement y a-t-il à déranger les morts ? Ils sont déjà partis : de tels actes sont étrangers à toute religion et à toute conscience morale »

Al-Sura al-Kabira, province de Soueïda, Syrie, 3 octobre 2025, la guerre qui ravage la région de Soueïda depuis le mois de juillet a franchi un nouveau seuil d’horreur, alors que les affrontements entre milices continuent d’ensanglanter les villages, des sépultures chrétiennes ont été profanées à Al-Sura al-Kabira, selon un reportage diffusé par la chaîne Alhurra et repris par le média SyriacPress.Les images montrent des cercueils éventrés, des corps exhumés, laissés exposés à l’air libre. Des habitants ont décrit à la presse « une vengeance qui n’a même pas épargné les morts ». Ces scènes d’une rare violence ont provoqué un profond choc au sein des communautés chrétiennes et druzes de la région.

Le père Tony Boutros, prêtre de la communauté grecque-catholique locale, a fermement condamné cette profanation : « Quel enseignement y a-t-il à déranger les morts ? Ils sont déjà partis », a-t-il déclaré à la chaîne Alhurra. « Attaquer les vivants peut viser à les chasser ou à les tuer, mais les morts, où voulez-vous les faire fuir ? »Ses mots traduisent l’incompréhension et la douleur des fidèles, mais aussi la lucidité d’une Église qui, depuis plus d’une décennie, endure en silence les violences du conflit syrien.

Dans un communiqué publié le 2 octobre, le diocèse grec-catholique de Bosra, Hauran et Jabal al-Arab a dénoncé « un acte honteux, violation flagrante de la sainteté des morts », ajoutant qu’il s’agit aussi « d’une attaque contre les valeurs humaines et religieuses incarnées dans ces cimetières, où reposent des générations de chrétiens de la région ». Le diocèse souligne que cette profanation constitue une tentative délibérée de semer la discorde et de briser la paix sociale. « De tels actes sont étrangers à toute religion et à toute conscience morale », affirme le texte cité par SyriacPress. « La communauté chrétienne d’Al-Sura al-Kabira fait partie intégrante de la société locale. Il appartient à tous de protéger ses droits et ses libertés. »

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L’Église appelle les habitants de la région, quelles que soient leurs confessions, à rester unis face à la haine : « Ces violences ne reflètent qu’une petite faction égarée et ne peuvent déchirer le tissu profond de la nation », conclut le communiqué.La province de Soueïda, majoritairement druze mais historiquement marquée par la présence chrétienne dans le sud syrien, vit depuis des mois au rythme des combats, des pénuries et de l’exode. Les habitants parlent d’une vie suspendue entre la peur et le courage du quotidien.Dans ce climat de tension extrême, la profanation des tombes symbolise la rupture d’un dernier sanctuaire, celui du repos des âmes. La foi chrétienne enseigne que le corps, même mortel, demeure porteur de sacralité car il a été le temple de l’Esprit Saint. Porter atteinte à cette dignité, c’est violer un ordre sacré.

Le diocèse grec-catholique a invité les autorités syriennes et internationales à identifier et juger les responsables de cet acte, et a appelé les croyants à rejeter toute tentative de division communautaire. « Ces actes ne feront que nous rendre plus forts, plus unis et plus déterminés à résister à ceux qui veulent planter la discorde parmi nous », affirme la déclaration épiscopale.Malgré la guerre, la destruction et les profanations, la communauté chrétienne du Hauran demeure enracinée dans sa terre et dans sa foi. À Al-Sura al-Kabira, les morts eux-mêmes semblent murmurer un dernier témoignage, celui d’un peuple qui, même dépouillé de tout, garde encore le sens de la dignité et la certitude que la lumière du Christ ne s’éteint pas.


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