Depuis 2000 ans

[ Prix Nobel de la paix ] María Corina Machado : « le Venezuela vit une bataille entre le bien et le mal » : la foi catholique au cœur de sa lutte pour la liberté

María Corina Machado  - DR
María Corina Machado - DR
Lors de sa récente réapparition publique à Caracas, la cheffe de l’opposition vénézuélienne María Corina Machado, bénie par un prêtre et une religieuse sous les acclamations de la foule, a rappelé que sa lutte n’est pas seulement politique mais spirituelle

Crucifix et rosaires au cou, la nouvelle lauréate du Prix Nobel de la paix 2025 incarne une foi catholique qui résiste, éclaire et soutient un peuple en quête de liberté et de vérité. Ce vendredi 10 octobre, Le Comité Nobel d’Oslo a attribué le Prix Nobel de la paix 2025 à María Corina Machado, figure emblématique de l’opposition démocratique au Venezuela. Âgée de 58 ans, aujourd’hui contrainte à la clandestinité depuis la réélection contestée de Nicolás Maduro en juillet, celle que ses partisans appellent « la libératrice » incarne la résistance pacifique d’un peuple en quête de dignité. Mais au-delà du combat politique, c’est la dimension spirituelle de son engagement qui éclaire son parcours :

« Ce que nous vivons n’est pas seulement une crise politique, c’est une confrontation entre le bien et le mal », affirme-t-elle.

María Corina Machado est née à Caracas dans une famille conservatrice et catholique fervente. Elle a étudié à l’Université catholique Andrés Bello, institution jésuite prestigieuse, et sa formation intellectuelle s’est développée dans un environnement où la foi et la raison s’allient au service du bien commun. Si elle parle peu de sa vie religieuse personnelle, sa vision du monde est profondément marquée par l’anthropologie chrétienne : la vérité comme chemin vers la liberté, la dignité de la personne comme fondement de la justice, la solidarité comme signe de l’espérance.Cette foi ne s’exprime pas seulement dans ses discours, mais dans ses gestes. Lors de sa dernière apparition publique à Caracas, alors qu’elle exigeait la remise du pouvoir au président élu Edmundo González Urrutia, la foule a vu s’approcher un prêtre franciscain et une religieuse. Montée sur une camionnette, María Corina a reçu leur bénédiction, entourée de milliers de personnes tenant des croix et des chapelets. L’émotion fut immense. À peine quelques heures plus tard, elle était arrêtée brièvement par des forces parapolicières, avant d’être relâchée. Cette scène, la foi au milieu de la tempête ,a symbolisé tout ce que représente son combat : la lumière de la conscience chrétienne face à la peur.

Lire aussi

La Conférence épiscopale vénézuélienne a elle aussi élevé la voix. Dans un communiqué signé par Monseigneur Jesús González de Zárate Salas, archevêque de Valence, les évêques ont appelé le régime à respecter la volonté populaire exprimée lors du scrutin du 28 juillet : « Cette décision doit être respectée. » Les prélats ont exhorté à dépasser les intérêts partisans pour servir le bien commun, appelant à l’espérance et à la réconciliation. Leur message rejoint celui de Machado, qui ne sépare jamais liberté politique et vérité morale.Depuis 2023, María Corina Machado vit sous la menace permanente. Disqualifiée, menacée d’arrestation, elle poursuit son engagement depuis la clandestinité. Le Prix Nobel de la paix vient donc récompenser une femme qui, sans violence, a affronté la peur par la foi et la vérité. Le Comité Nobel a salué « son engagement infatigable pour les droits démocratiques du peuple vénézuélien et sa lutte pacifique pour une transition juste et pacifique vers la démocratie ». Mais pour de nombreux croyants, ce prix signifie davantage : la reconnaissance d’une femme pour qui la liberté n’est pas un pouvoir à conquérir, mais un don à protéger.

Dans un pays profondément catholique, où la foi demeure une source de force et de cohésion, María Corina Machado a redonné à la politique un visage moral.

Elle ne parle pas de haine, mais de conversion. Elle invite à rétablir la vérité, la justice et la solidarité, vertus au cœur de la doctrine sociale de l’Église. « Le monde sait que le Venezuela ne se rendra pas », a-t-elle lancé lors de sa visite à Trujillo, en appelant ses compatriotes à écrire « la page la plus glorieuse de notre histoire ».Pour les catholiques, son combat rappelle que la paix véritable ne se bâtit pas sur le silence ou la peur, mais sur la fidélité à la vérité. À l’image de Jean-Paul II face au communisme ou de Corazón Aquino aux Philippines, María Corina Machado témoigne que la foi vécue intérieurement peut devenir une force civique capable de transformer la société.

En honorant María Corina Machado, le Comité Nobel a distingué bien plus qu’une opposante : il a reconnu une femme de foi, enracinée dans le catholicisme de son peuple, qui unit la prière à l’action et fait de la lumière du Christ la source de son courage. Sous les bénédictions du clergé et les croix levées de Caracas, le Venezuela rappelle au monde qu’aucune tyrannie n’est plus forte qu’une conscience éclairée par la foi.

Recevez chaque jour notre newsletter !

RESTEZ CONNECTÉS !

Suivez l’actualité quotidienne des chrétiens en France et dans le monde

Rejoignez nos 60 000 abonnés : inscrivez ci-dessous votre adresse mail et recevez notre newsletter tous les jours, c’est gratuit !