C’est donc pour la sortie de son livre, Une omerta française, souvenirs d’enfance, que Roselyne Bachelot a choisi de se mettre en scène dans « Sept à huit ». Un ouvrage présenté comme « un essai choc », où l’ex-ministre revient sur le drame des violences faites aux enfants, en particulier en milieu religieux. Mais derrière l’apparente sincérité du témoignage, il faut bien voir ce qu’il est : une opération émotionnelle, savamment orchestrée, au service de la promotion d’un livre et non d’un réel travail de vérité.
L’on connaît déjà l’horreur de ces situations. L’on connaît ces trop nombreux cas, cette souffrance étouffée, ces vies brisées par la honte et le silence. Le drame des abus sexuels est une réalité grave, tragique, et pour certains, la marque d’une vie entière. On ne peut que s’incliner devant cette douleur, avec respect et gravité.
Mais venir présenter un livre sur un sujet si grave, en pleine tournée médiatique, quand on est une personnalité publique rompue à l’exercice du storytelling, n’a plus rien d’un acte de vérité ni de pudeur. Roselyne Bachelot sait parfaitement que sa parole ne s’inscrit pas dans une démarche de guérison, mais dans une stratégie de communication. Elle offre à la télévision un sujet calibré pour l’émotion, en alimentant une cause militante : la mise en accusation globale des institutions religieuses.
Le titre même, Une omerta française, trahit cette intention.Il ne décrit pas seulement un silence institutionnel : il suggère une faute nationale, comme si les crimes d’un petit nombre d’hommes d’Église devaient devenir la responsabilité morale de la France entière.
Comme si ces actes odieux, commis par une infime minorité, venaient entacher notre histoire au même titre que la collaboration durant la Seconde Guerre mondiale.
Cette comparaison implicite est d’une injustice absolue. Elle transforme un drame humain individuel en symbole politique, une faute individuelle en culpabilité collective.
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Or les faits sont connus : le rapport de la CIASE a établi que seuls 3 % des prêtres recensés sur plusieurs décennies étaient soupçonnés d’abus.C’est tragique, certes, mais cela signifie aussi que 97 % des prêtres et religieux ont servi avec fidélité, dévouement et intégrité.Et surtout, rappelons-le : les institutions religieuses ont été les seules à avoir eu le courage moral de se juger elles-mêmes, de mettre leur propre faute à nu, de confier leur douleur à la lumière.
Aucune autre institution ,ni politique, ni médiatique, ni éducative, ni associative ,n’a accompli un tel travail de vérité.Mais ce courage, Roselyne Bachelot le passe sous silence.Car son propos n’est pas d’expliquer, encore moins de réconcilier : il est de frapper.Frapper les institutions religieuses, symbole encore vivant d’une morale supérieure.Frapper le christianisme, dernier rempart spirituel d’une société qui se dissout dans le relativisme.
Et le paradoxe est cruel.Roselyne Bachelot, qui s’indigne aujourd’hui des fautes d’autrui, est la même qui, ministre de la Santé, augmentait de 50 % les subventions publiques à l’avortement ;la même qui, ministre de la Culture, se faisait célébrer comme “la plus LGBT-friendly du gouvernement Castex”, militant pour la confusion des genres et la déconstruction du mariage ;la même encore qui, sur la fin de vie, se disait “troublée” par l’euthanasie tout en soutenant le principe du “droit à mourir”.Ce n’est pas la foi qu’elle défend, ni la justice qu’elle sert, mais la logique d’un monde qui veut effacer tout héritage chrétien.Sous couvert d’indignation morale, elle participe à une entreprise de déconstruction où la foi devient suspecte, la morale devient oppressante et le sacré devient risible.
Mme Bachelot aurait pu choisir la discrétion, la réflexion intérieure, le respect du silence.Elle a préféré les caméras, le pathos, et l’usage politique d’un sujet qui exige au contraire recueillement et gravité.Cette instrumentalisation du mal, sous couvert de “libération de la parole”, est indigne de la noblesse de la souffrance qu’elle prétend honorer.En définitive, Une omerta française n’est pas une œuvre de justice, mais un manifeste de culpabilisation collective,une opération de communication qui transforme la douleur en opportunité,et la vérité en prétexte pour affaiblir encore un peu plus les valeurs chrétiennes qui, malgré tout, continuent de porter la France.