Après la publication, le 4 novembre, d’un communiqué officiel de la Nonciature apostolique en France concernant Mgr Jean-Paul Gusching, évêque émérite de Verdun, Mgr Philippe Ballot, archevêque-évêque de Metz et administrateur apostolique du diocèse de Verdun, a adressé un message pastoral aux prêtres, religieux et fidèles de son diocèse. Ces deux textes, d’un ton grave mais clair, viennent apporter des précisions importantes sur une situation qui bouleverse la communauté diocésaine.
Selon la Nonciature, des informations avaient été transmises au sujet de relations envers des femmes impliquant Mgr Gusching lorsqu’il était évêque de Verdun. Ces éléments ont été communiqués au Dicastère pour les Évêques. Malgré ses dénis persistants et le caractère fragmentaire et contradictoire des informations reçues, le prélat s’était engagé à éviter à l’avenir tout comportement pouvant être interprété comme contraire à ses engagements sacerdotaux.Cependant, le Saint-Père a estimé que la persistance de la situation justifiait une démission, acceptée le 27 septembre dernier. Si Mgr Gusching avait évoqué publiquement des raisons de santé, la Nonciature précise que celles-ci ne sont qu’un élément de la motivation de la décision du Pape.
Le communiqué indique aussi que des mesures conservatoires ont été imposées : Mgr Gusching doit mener une vie retirée dans un lieu hors des diocèses d’Amiens et de Verdun, et s’abstenir de toute célébration liturgique et activité pastorale publique. Une enquête canonique préliminaire a été ouverte, confiée à Mgr Stanislas Lalanne, évêque émérite de Pontoise, assisté de Mgr Philippe Ballot. En parallèle, un signalement a été transmis à la justice civile, dans le respect des normes en vigueur.Dans son message adressé aux prêtres, religieux, consacrés et fidèles laïcs du diocèse de Verdun, Mgr Ballot confirme les décisions du Saint-Siège et invite à la clarté, sans dissimulation. Il écrit que le Saint-Siège a décidé d’imposer des mesures conservatoires à l’encontre de Mgr Jean-Paul Gusching. Il précise qu’il lui est reproché d’avoir entretenu des relations avec des femmes, ce qui pourrait être contraire à ses engagements sacerdotaux, et qu’il lui est demandé de ne plus exercer de ministère public, dans l’attente des suites de la procédure canonique en cours.
Lire aussi
Mgr Ballot ajoute que, si les problèmes de santé évoqués par Mgr Gusching sont bien réels, c’est à la demande expresse du Saint-Siège que la démission a été exigée, en raison des faits reprochés. Il rappelle ensuite la vocation propre du ministère sacerdotal et épiscopal, insistant sur l’exigence d’une réelle cohérence de vie : « Fidèle à la Tradition reçue, l’Église rappelle que les prêtres – et donc en premier lieu les évêques – sont appelés à vivre en conformité avec les engagements pris lors de leur ordination diaconale en vue du sacerdoce. Comme évêques, nous exerçons une autorité et une charge qui impliquent de notre part une réelle cohérence de vie. »
Mgr Ballot exprime aussi sa proximité et son soutien pastoral à tous les fidèles heurtés par cette nouvelle, et appelle à une attitude de vérité : « Faire œuvre de vérité est nécessaire afin que puisse être maintenue la confiance habituelle entre tous les fidèles du Christ et ceux qui ont reçu la mission d’être leurs pasteurs. » Enfin, il invite à la prière et à l’unité dans l’épreuve : « Ensemble, restons unis dans la prière, en demandant la force et la grâce, les uns pour les autres, d’une authentique fidélité à notre mission. » Le message, daté de Lourdes où se trouvait l’évêque à l’occasion de l’Assemblée plénière des évêques de France, se veut à la fois un acte de transparence et un appel à la fidélité à l’Évangile, même au cœur de la tempête.
Cette double communication – celle de la Nonciature et celle de Mgr Ballot – marque un tournant significatif dans la manière dont l’Église de France aborde les situations impliquant des membres de son clergé. L’époque où de telles affaires restaient confinées au silence semble révolue : le souci de vérité, la reconnaissance des blessures et la transparence institutionnelle sont désormais considérés comme des conditions indispensables de la mission ecclésiale.La procédure canonique, toujours en cours, devra permettre de faire la lumière sans précipitation ni dissimulation. En attendant, les fidèles sont invités à prier pour toutes les personnes concernées – pour l’Église de Verdun, pour les prêtres et les laïcs ébranlés, et pour Mgr Gusching lui-même. Comme l’écrit Mgr Ballot, « la confiance entre les fidèles du Christ et leurs pasteurs repose sur la vérité ». C’est à cette lumière que l’Église poursuit, dans la douleur mais avec espérance, son chemin de purification.


