La situation de la chapelle Notre-Dame-du-Lys, dans le quinzième arrondissement de Paris, continue de susciter de fortes inquiétudes parmi les fidèles qui la fréquentent chaque semaine. Si des contraintes financières réelles pèsent sur l’avenir du site, beaucoup s’interrogent aujourd’hui sur les conséquences pastorales d’un désengagement du diocèse, annoncé de manière abrupte le 26 novembre dernier.
La chapelle accueille chaque dimanche une messe traditionnelle très suivie à 11h30, célébrée par l’abbé François Scheffer, ainsi qu’une messe selon le missel de Paul VI à 10h et en semaine. Une seconde messe traditionnelle, animée par de nombreux jeunes, est assurée le mercredi soir par l’abbé de Labarre, de la Fraternité Saint-Pierre. Cette diversité liturgique n’a rien de théorique. Elle s’enracine dans une vie paroissiale dense, où se croisent familles, étudiants, jeunes professionnels, personnes âgées et nouveaux convertis.
Certains témoignent d’avoir retrouvé la foi sur place, d’autres y ont découvert la liturgie, d’autres encore y ont trouvé une communauté capable de les accompagner dans un retour à la pratique sacramentelle.L’un des piliers de cette vitalité se trouve dans le patronage, fondé par les Pères de Saint-Vincent-de-Paul et aujourd’hui dirigé par Kevin Agnero sous la responsabilité de l’abbé Scheffer. Loin d’être un simple cadre d’activités, ce patronage accueille de nombreux enfants et adolescents et joue un rôle véritablement missionnaire. Beaucoup de jeunes y ont trouvé un soutien éducatif, une présence d’adultes engagés, et parfois même le chemin d’une conversion ou d’un retour à la foi.
Ce dynamisme éducatif n’est pas un détail, il est au cœur de la mission historique des Pères de Saint-Vincent-de-Paul, qui n’ont plus les moyens humains de desservir eux-mêmes la chapelle mais continuent d’y voir une œuvre précieuse.
Pour bien des fidèles, Notre-Dame-du-Lys est ainsi l’un des rares lieux parisiens où les deux formes du rite romain coexistent paisiblement, offrant à chacun les ressources spirituelles dont il a besoin, ce qui explique l’incompréhension profonde suscitée par l’annonce d’un possible désengagement
À côté des célébrations, de nombreuses initiatives témoignent d’une réelle profondeur spirituelle, avec l’implication active de membres de la Conférence Saint-Vincent-de-Paul, des groupes de prière réguliers, des adorations et des enseignements. Parmi ces initiatives, le groupe Ktsens occupe une place notable. Chaque lundi soir depuis près de quinze ans, il réunit un grand nombre de jeunes autour d’un temps d’adoration eucharistique et d’enseignements de théologie. Cette fidélité sur la durée, auprès d’un public jeune et exigeant, n’est pas si fréquente en région parisienne et constitue un signe tangible de la fécondité du lieu.
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Les bâtiments anciens nécessitent en effet des travaux importants, estimés à un million d’euros à court terme et trois millions à plus long terme. Les Pères de Saint-Vincent-de-Paul n’ont pas les moyens d’un tel investissement. Le diocèse, pour sa part, a fait savoir, le 26 novembre , par la voix de Monseigneur Michel Gueguen, qu’il ne souhaite pas engager ces fonds et envisage donc un retrait dès le mois de juin prochain.
Cette perspective soulève une question essentielle, peut-on renoncer à un lieu qui porte autant de fruits spirituels au nom des seules contraintes financières, sans compromettre durablement la mission pastorale auprès des âmes qui y ont trouvé un refuge ?
Derrière l’annonce technique d’un « désengagement », ce sont en effet des centaines de personnes, familles, jeunes, bénévoles engagés, catéchumènes, qui risquent d’être privées d’un lieu où elles ont grandi dans la foi, prié, servi et rencontré l’Église.Beaucoup espèrent désormais que le diocèse saura entendre l’attachement profond des fidèles et reconnaître la fécondité spirituelle de Notre-Dame-du-Lys. Les impératifs financiers, réels, ne peuvent à eux seuls dicter une décision qui toucherait au cœur de la vie chrétienne locale.
Cette chapelle n’est pas un bâtiment isolé, mais un véritable écosystème pastoral vivant, formé de liturgies soignées, d’une jeunesse nombreuse, de conversions silencieuses, et d’une charité active.Dans un climat déjà fragilisé pour les communautés attachées aux deux formes du rite romain, une fermeture ou une dispersion sans solution alternative constituerait un signal particulièrement douloureux.À Notre-Dame-du-Lys, des vies spirituelles se construisent, des vocations se discernent, des jeunes se relèvent. Priver les fidèles d’un tel lieu, faute de moyens ou de volonté, serait une perte profonde pour Paris.


