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« Au nom du Père » : trois soirs au théâtre pour réveiller la paternité

Monseigneur Rey - DR
Monseigneur Rey - DR
La suppression du principe d’autorité n’est pas sans conséquences. Elle laisse place à un individualisme sans filiation, où chacun prétend se construire seul, sans héritage ni référence. La pièce transpose ces réflexions sur scène, donnant aux idées des visages et des voix

La pièce écrite par Monseigneur Dominique Rey, évêque émérite du diocese de Fréjus -Toulon et Serge Sarkissian propose un drame familial, elle explore avec justesse la question de la paternité dans une société qui semble vouloir s’en passer. L’intrigue met en scène un père et son fils qui se retrouvent après une longue période de rupture. Leur éloignement, né d’une violente dispute, pèse sur leurs retrouvailles. Ils ont beaucoup à se dire, mais l’habitude du silence rend l’échange difficile.

Cette confrontation intime, tendre et parfois heurtée, devient l’occasion d’explorer la transmission, la vérité et le pardon, autant de réalités humaines profondément actuelles.

Le spectacle est inspiré du livre Sois un père, où Monseigneur Dominique Rey analyse l’effacement de la figure paternelle dans le monde contemporain. Il y décrit la manière dont certains courants culturels conduisent à la délégitimation du père, et même à une forme de disparition symbolique de son rôle dans la société. L’évêque émérite part d’un constat : la société traverse une transformation profonde. Le vieillissement de la population s’accompagne d’une remise en cause des fondements de l’autorité masculine. Selon lui, certains courants post-féministes encouragent une « dévirilisation » sociale en réaction contre les abus de pouvoir. Cette dynamique conduit au congédiement du père, à sa « mort sociale », c’est-à-dire à la disparition du principe d’autorité. La postmodernité récuse l’idée même de filiation et promeut un modèle où chacun se construit seul, dans une culture « anti-généalogique » où l’idole devient soi-même. Le monde prétend s’organiser autour d’une fraternité sans père, ce qu’il nomme le « meurtre du père ».

Monseigneur Rey

Pour Mgr Rey, les conséquences de l’absence du père sont graves. Elle peut entraîner un manque du sens des limites, un déficit de confiance en soi, des troubles de l’identité sexuelle et de la filiation, et une difficulté à entrer dans la rationalité ou à nouer des liens sociaux.

La paternité est pour lui une « autorité de service » qui n’a rien de castratrice, mais qui fait grandir. Le mot « autorité », rappelle-t-il, signifie « augmenter ». L’autorité s’oppose à la contrainte et ne vise pas à dresser la liberté d’autrui, mais à s’adresser à elle. On ne naît pas père, on le devient, en prenant soin de l’enfant de manière responsable.Interrogé sur son choix d’adapter son livre au théâtre, il explique que les valeurs de la paternité ne doivent pas seulement être enseignées par des discours. Elles doivent être incarnées par des personnages et mises en mouvement dans une pièce. L’art vivant permet de nourrir, de manière accessible et incisive, la compréhension de la paternité. Le spectacle vivant offre donc une mise en scène qui fait entrer les spectateurs dans un dialogue. Le théâtre a pour vocation d’embellir en s’appropriant par le haut la réalité de notre monde, de la nature et de notre humanité.

Le rôle du père est incarné par Bernard Lanneau, comédien au long parcours théâtral, qui a interprété Guitry, Anouilh, Rostand ou Hugo. Salvatore Caltabiano, formé au conservatoire d’Avignon, joue le fils. Son jeu, salué par les spectateurs et la critique lors de précédentes créations, apporte intensité et sensibilité. Le grand-père est interprété par Stéphane Baquet, artiste polyvalent, musicien, technicien et comédien, dont l’expérience donne à la pièce une profondeur intergénérationnelle.

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Au nom du Père n’est pas seulement une œuvre de théâtre, c’est aussi une proposition de réflexion. L’effacement du père dans la société contemporaine entraîne des conséquences psychologiques et sociales, allant du manque du sens des limites à des difficultés d’identité. La pièce ne se contente pas de décrire ce constat, elle montre, à travers les mots et les silences, les blessures et les réconciliations, comment la paternité peut redevenir un lieu d’autorité bienveillante et de croissance.À l’issue de chaque représentation, le public sera invité à partager son témoignage ou son avis. Ce choix souligne la vocation du spectacle : ouvrir un espace de parole, susciter l’échange, faire vivre la vérité. Trois soirées, trois occasions de redécouvrir que la paternité n’est pas un vestige du passé, mais une réalité essentielle pour grandir et transmettre.

La pièce « Au nom du Père ou l’audace de la vérité « , sera jouée les 10, 11 et 12 décembre 2025 à l’Espace Bernanos à Paris.

Trois soirées à Paris

Les représentations auront lieu :

Mercredi 10, jeudi 11 et vendredi 12 décembre 2025 à 20 h 30
Espace Bernanos — 4 rue du Havre, Paris 9e

Réservation ici

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