Un an après son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump demeure solidement soutenu par les catholiques américains. Selon le sondage EWTN News, RealClear Opinion Research, réalisé auprès de 1 000 électeurs catholiques du 9 au 11 novembre et rendu public le 11 décembre 2025, avec un intervalle de crédibilité de plus ou moins 3 %, 52 % des personnes interrogées déclarent avoir une opinion favorable du président, contre 37 % défavorables, tandis que 11 % se disent neutres. Ces chiffres confirment que le vote catholique reste un pilier important de la majorité présidentielle.

Cette adhésion globale masque toutefois des fractures internes profondes. Les visuels du sondage montrent que la pratique religieuse constitue le facteur le plus déterminant. Chez les catholiques assistant à la messe tous les jours ou au moins une fois par semaine, la favorabilité de Donald Trump atteint 67 %. Elle chute à 43,5 % chez ceux qui ne vont à la messe que quelques fois par an ou une fois par an. Cette différence de plus de vingt points souligne la distance croissante entre un catholicisme sacramentellement enraciné et un catholicisme davantage culturel.
La politique migratoire demeure l’un des sujets les plus clivants. Une majorité de catholiques, 54 %, soutient la politique de détention et d’expulsion à grande échelle des immigrés en situation irrégulière, tandis que 30 % s’y opposent et 17 % ne se prononcent pas. Mais là encore, les chiffres globaux dissimulent des réalités contrastées. Parmi les catholiques blancs, 60 % soutiennent ces mesures, contre 26 % d’opposition. Chez les catholiques latino-américains, la division est quasi parfaite, 41 % favorables, 39 % opposés, révélant une tension profonde au sein d’une communauté directement affectée par ces politiques.C’est précisément sur cette question que s’exprime le décalage le plus net entre une partie de l’électorat catholique et la position de l’Église.
Le pape Léon XIV l’a formulé sans ambiguïté dans une déclaration prononcée le 7 août 2024, qui fait aujourd’hui figure de repère doctrinal clair :
« Chacun d’entre nous, que nous soyons nés aux États-Unis d’Amérique ou au pôle Nord, reçoit le don d’avoir été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.
Et le jour où nous oublions cela, nous oublions qui nous sommes. Nous oublions à qui le Christ nous a appelés. »
Par ces paroles, le Souverain Pontife rappelle que toute réflexion politique sur l’immigration doit rester subordonnée à une vérité anthropologique fondamentale, la dignité inaliénable de chaque personne humaine. Cette position, constante dans l’enseignement de l’Église, contraste avec la logique prioritairement sécuritaire et souverainiste mise en avant par l’administration Trump.

Le sondage montre toutefois que, pour la majorité des catholiques, l’immigration n’est pas la priorité absolue. Le graphique consacré aux promesses de campagne est sans appel. Quarante pour cent des catholiques estiment que la réduction de l’inflation est l’engagement le plus important que Donald Trump doit tenir. La question des expulsions arrive loin derrière, à 15 %. Les autres priorités restent marginales, réduction de la taille de l’État fédéral à 9 %, protection de la liberté religieuse à 7 %, fin de la guerre en Ukraine à 7 %. Ce classement met en évidence un électorat avant tout préoccupé par le coût de la vie et la stabilité économique des familles.
Les chiffres révèlent également une fracture nette entre hommes et femmes. Soixante-deux pour cent des hommes catholiques ont une opinion favorable du président, contre 45 % des femmes. Ces dernières expriment aussi davantage de rejet, avec 33 % d’opinions défavorables, contre 23 % chez les hommes. Sur la politique migratoire, 62 % des hommes soutiennent les expulsions à grande échelle, contre 46 % des femmes, même si les deux sexes convergent largement sur la priorité donnée à la lutte contre l’inflation.Sur les grands enjeux sociétaux, les catholiques interrogés adoptent majoritairement des positions conservatrices. Soixante-cinq pour cent soutiennent les chèques scolaires permettant de financer l’éducation privée ou religieuse. Concernant les interventions médicales pour mineurs se déclarant transgenres, 52 % rejettent l’ensemble des options proposées, tandis que 19 % demeurent indécis, signe d’un déficit de formation et de clarté doctrinale.
L’inquiétude face à la violence politique est également massive. Quatre-vingt-quatre pour cent des catholiques estiment qu’elle constitue un problème très ou assez grave, et 80 % jugent qu’elle n’est jamais justifiée. La sécurité des lieux de culte suscite une préoccupation comparable, 80 % des catholiques se disant très ou assez inquiets, une proportion encore plus élevée chez les catholiques pratiquants.
Sur certains sujets, le sondage met en évidence un écart persistant avec l’enseignement de l’Église. Cinquante-cinq pour cent des catholiques se déclarent favorables à la peine de mort. Sur la fécondation in vitro, 54 % y sont favorables dans un premier temps. Lorsque les sondés sont explicitement informés de l’opposition de l’Église à la FIV et de ses fondements anthropologiques, le soutien recule à 45 %, tandis que l’opposition progresse à 24 %, illustrant l’impact concret d’une catéchèse claire.

Dans ce contexte, la nomination de Monseigneur Ronald A. Hicks comme archevêque métropolitain de New York, en remplacement du cardinal Timothy M. Dolan, prend une portée symbolique. Pasteur au profil marqué par son expérience missionnaire et son attention aux migrants, Monseigneur Ronald A. Hicks incarne une sensibilité pleinement alignée avec la vision du pape Léon XIV. Son arrivée à la tête de l’un des sièges les plus influents du pays accentue le contraste entre l’orientation pastorale de l’Église et la ligne politique dure de l’administration Trump en matière migratoire.Au final, ce sondage dresse le portrait d’un catholicisme américain traversé de tensions profondes. Majoritairement favorable à Donald Trump, mais loin d’être homogène, cet électorat oscille entre préoccupations économiques pressantes, adhésion à une autorité politique forte et rappel constant, par l’Église et par le pape Léon XIV, que l’action publique ne peut jamais être dissociée de la dignité de toute personne humaine créée à l’image de Dieu.


