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« Le gouvernement diffuse des avis de sécurité. Il recommande de ne pas organiser de veillées nocturnes » : un Noël sous le signe de la terreur pour de nombreux chrétiens d’Afrique

Cathédrale de la Sainte Croix à Lagos
Cathédrale de la Sainte Croix à Lagos
Dans plusieurs régions du continent africain, la fête de Noël se prépare dans un climat d’insécurité extrême. Menacés par le jihadisme, les enlèvements et les violences armées, des millions de chrétiens s’apprêtent à célébrer la Nativité dans la prudence, la sobriété et surtout la peur, sans pour autant renoncer à leur foi

Dans plusieurs pays d’Afrique, Noël n’est plus seulement un temps de joie et de rassemblement, mais un moment d’angoisse et de vigilance accrue. Pour de nombreux chrétiens, se rendre à l’église, participer à une veillée ou simplement se réunir pour prier expose à un risque réel. Les autorités civiles et religieuses en sont conscientes et diffusent, chaque année à l’approche des fêtes, des consignes de sécurité qui traduisent la gravité de la situation.

Au Nigeria, en particulier dans le nord-est et dans la ceinture centrale du pays, les communautés chrétiennes vivent Noël sous la menace persistante des attaques jihadistes et des enlèvements. Les groupes armés ciblent régulièrement les églises, les écoles chrétiennes et les villages. Les autorités recommandent d’éviter les veillées nocturnes, de réduire la durée des célébrations et de rester constamment sur leurs gardes. Malgré cela, de nombreux fidèles choisissent de ne pas renoncer aux offices de l’Avent et de Noël, convaincus que céder à la peur reviendrait à donner raison à ceux qui veulent les empêcher de pratiquer leur foi.Au Burkina Faso, la situation est tout aussi dramatique. Une part importante du territoire national échappe désormais au contrôle de l’État, et les groupes jihadistes multiplient les attaques. Dans plusieurs diocèses, la messe de minuit est depuis des années avancée avant la tombée de la nuit pour éviter les déplacements nocturnes. Des centaines de paroisses sont devenues inaccessibles, plus d’un million de personnes sont déplacées et vivent dans des camps. Certains évêques ne peuvent rejoindre leurs fidèles qu’avec une protection militaire. Pourtant, les églises encore ouvertes se remplissent à Noël, signe d’une foi qui résiste malgré la violence et l’exil.

Dans le nord du Mozambique, notamment dans la province de Cabo Delgado, Noël se vit dans un contexte de deuil et de grande précarité. Les attaques jihadistes ont provoqué la destruction de villages entiers et le déplacement de dizaines de milliers de personnes. De nombreux chrétiens célèbrent la Nativité dans des camps de réfugiés, sans église et parfois sans prêtre. Certaines communautés ne reçoivent la visite d’un ministre du culte qu’une fois par an. Les célébrations ont lieu dans des chapelles de fortune ou en plein air, animées par des catéchistes qui maintiennent la vie chrétienne malgré le manque de moyens et l’insécurité persistante.

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À ces pays s’ajoutent d’autres régions du continent où Noël est marqué par la peur. Au Mali et au Niger, l’insécurité liée à la présence de groupes jihadistes rend les rassemblements religieux dangereux dans de vastes zones. Les communautés chrétiennes y vivent leur foi avec une grande discrétion, particulièrement lors des grandes fêtes. Au Cameroun, dans l’Extrême-Nord et dans les régions anglophones, les violences armées et les tensions permanentes pèsent lourdement sur la vie des chrétiens. En République centrafricaine, malgré une relative accalmie dans certaines zones, de nombreuses régions restent fragiles et les célébrations religieuses se déroulent sous haute vigilance.

Dans tous ces pays, la préparation de Noël se fait autrement. Elle est plus sobre, souvent privée de processions et de veillées nocturnes, parfois même de messe de minuit. Mais elle reste profondément ancrée dans la prière, la persévérance et l’espérance. Pour les chrétiens d’Afrique, célébrer Noël dans la peur et l’angoisse n’est pas une résignation, mais un témoignage silencieux de fidélité, la conviction que la foi peut survivre et porter du fruit même au cœur de la violence.

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