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Abus à Notre-Dame-de-Bétharram : une enquête demandée sur une possible intervention de François Bayrou

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"Tout ça, c’est des fake news, des fantasmes purs et simples, pour détruire. On a tous vécu l’affaire Baudis – lui y a laissé la peau."

Un avocat a demandé l’ouverture d’une enquête pour « entrave à la justice » après les déclarations d’un ancien gendarme évoquant une intervention de François Bayrou dans l’affaire de violences sexuelles à l’institution catholique Notre-Dame-de-Bétharram. Le Premier ministre dément fermement toute implication.

L’affaire de violences sexuelles survenues en 1998 à l’institution catholique Notre-Dame-de-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques) prend une nouvelle tournure. Lors d’un reportage diffusé dimanche 16 février 2025 dans l’émission Sept à Huit, un ancien gendarme ayant enquêté sur le père Carricart, alors directeur de l’établissement et mis en examen pour viol, a déclaré que le juge d’instruction lui avait fait part d’une intervention du Premier ministre de l’époque.

« Le procureur général demande à voir le dossier, Monsieur Bayrou est intervenu auprès de lui », aurait confié le magistrat à l’enquêteur.

Ces propos ont conduit Me Jean-François Blanco, avocat et élu d’opposition à Pau, à demander l’ouverture d’une enquête pour « entrave à la justice » et « recel de crime », une requête déposée le 17 février 2025 auprès du parquet général de Pau.

Face à ces accusations, François Bayrou a tenu à réagir sans détour. Dans une déclaration accordée à Sud Ouest, il nie toute implication dans l’affaire :« Je ne connaissais pas ce procureur général qui est décédé, me dit-on, il y a plus de 20 ans. »

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Dénonçant des accusations infondées, le Premier ministre a ajouté :

« Tout ça, c’est des fake news, des fantasmes purs et simples, pour détruire. On a tous vécu l’affaire Baudis – lui y a laissé la peau. »

Ce parallèle avec l’affaire Dominique Baudis, du nom de l’ancien maire de Toulouse injustement accusé de crimes imaginaires au début des années 2000, montre la gravité avec laquelle François Bayrou perçoit cette nouvelle mise en cause.

Cependant, l’ancien juge d’instruction en charge du dossier en 1998, Christian Mirande, a confirmé avoir été approché par François Bayrou à l’époque où le père Carricart était en détention.

« François Bayrou a fait la démarche de venir me voir lorsque le prêtre était en détention. Il s’inquiétait pour son fils scolarisé à Bétharram. Il disait qu’il ne pouvait pas croire que le père Carricart avait fait ce qu’on lui reprochait », a déclaré Christian Mirande à La République des Pyrénées.

Si ces propos ne prouvent pas une ingérence judiciaire, ils confirment néanmoins que l’actuel chef du gouvernement s’était intéressé de près à l’affaire à l’époque.

Cette nouvelle controverse relance le débat sur les responsabilités des autorités civiles face aux affaires de violences sexuelles au sein des institutions catholiques. La demande d’enquête de Me Blanco souligne une volonté d’éclaircir d’éventuelles pressions qui auraient pu peser sur le déroulement de la justice.

Alors que l’affaire Bétharram est déjà un dossier sensible, notamment en raison des accusations formulées dès 1996 contre des membres du personnel de l’institution, la révélation de ces échanges ajoute une nouvelle zone d’ombre.

L’ouverture d’une enquête permettra-t-elle d’établir des responsabilités ? En attendant, François Bayrou reste sous pression, tout en maintenant fermement son innocence dans cette affaire.

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