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Abus dans l’Eglise : 5 milliards de dollars d’indemnisations aux États-Unis en 20 ans, qu’en est-il en France ?

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Les indemnisations peuvent atteindre jusqu'à 60 000 euros, en fonction de la gravité des préjudices subis

Une étude récente révèle que l’Église catholique aux États-Unis a versé environ 5 milliards de dollars en indemnisations liées aux abus sexuels sur mineurs au cours des deux dernières décennies. En France, bien que des efforts significatifs aient été entrepris pour reconnaître et indemniser les victimes, le montant total des indemnisations reste difficile à déterminer précisément.

Le Centre de Recherche Appliquée à l’Apostolat (CARA) de l’Université de Georgetown a publié une enquête indiquant que, depuis 2004, les diocèses, éparchies et communautés religieuses masculines aux États-Unis ont versé un total de 5 025 346 893 dollars en paiements liés aux accusations d’abus sur mineurs. Ces dépenses comprennent les règlements financiers aux victimes, le soutien aux auteurs d’abus, les honoraires juridiques, entre autres coûts. Il est important de noter que la majorité des abus signalés (80 %) se sont produits dans les années 1980 ou avant.

La situation en France

En France, la reconnaissance et l’indemnisation des victimes d’abus sexuels au sein de l’Église ont pris une ampleur particulière suite au rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), remis en octobre 2021. Ce rapport estimait à 330 000 le nombre de personnes ayant subi des violences sexuelles dans un contexte ecclésial depuis 1950.

Pour répondre à cette crise, l’Église de France a mis en place l’Instance Nationale Indépendante de Reconnaissance et de Réparation (INIRR), chargée d’instruire les demandes des victimes de pédocriminalité. Les indemnisations peuvent atteindre jusqu’à 60 000 euros, en fonction de la gravité des préjudices subis. Par exemple, en juillet 2024, une victime a reçu une réparation financière de 60 000 euros, soulignant l’engagement de l’Église à reconnaître et à compenser les souffrances endurées.

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Le financement des indemnisations en France est assuré par le Fonds de Secours et de Lutte contre les Agressions Sexuelles sur Mineurs (Selam). Les évêques ont décidé que ce fonds serait alimenté par la vente de biens immobiliers ou de placements financiers de l’Église, sans faire appel à la générosité des fidèles, garantissant ainsi une séparation claire entre les dons destinés aux activités ecclésiales courantes et les fonds dédiés aux réparations.

Depuis la création de l’INIRR, plusieurs victimes ont été indemnisées. Par exemple, en juillet 2022, les premières réparations financières ont été versées à six victimes. Bien que ce nombre puisse sembler modeste, il marque le début d’un processus de reconnaissance et de réparation qui se poursuit. Les montants des indemnisations varient en fonction des situations individuelles, reflétant la gravité et les circonstances des abus subis.

Alors que les États-Unis présentent des chiffres précis sur les indemnisations liées aux abus sexuels dans l’Église, la France est en phase de structuration et de mise en œuvre de son processus de réparation. L’engagement de l’Église française à reconnaître sa responsabilité et à indemniser les victimes est manifeste, bien que les montants totaux versés à ce jour ne soient pas encore consolidés. La transparence et la diligence dans le traitement des demandes des victimes demeurent essentielles pour restaurer la confiance;

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