Le pasteur baptiste Pranjal Bhuyan a été arrêté le 22 novembre 2024 dans l’État indien de l’Assam, après avoir été accusé de prier pour les malades, ce qui a conduit à des accusations de « guérison magique ». Cette arrestation met en lumière une loi récemment adoptée dans l’Assam, la Assam Magical Healing (Prevention of Evil Practices) Act, qui cible les pratiques religieuses chrétiennes et soulève de vives inquiétudes concernant la liberté de culte en Inde.
La loi sur la guérison magique, entrée en vigueur en mars 2024, a été présentée sous prétexte de protéger la santé publique en interdisant les pratiques de guérison non scientifiques et potentiellement dangereuses. Cependant, cette législation va bien au-delà de la protection des citoyens contre des pratiques médicinales douteuses. Elle criminalise en effet des actes religieux fondamentaux comme la prière pour les malades, et bien plus encore. Les violations de cette loi peuvent entraîner jusqu’à trois ans de prison et des amendes pour ceux qui seraient accusés de « pratiques magiques » ou de guérisons non autorisées.
Une loi qui n’est pas vraiment une simple mesure de santé publique
Elle est largement perçue comme une loi anti-chrétienne, visant spécifiquement les minorités religieuses. Dans l’Assam, où les chrétiens représentent environ 3,74% de la population, cette législation est perçue comme un outil pour limiter l’influence de l’Église chrétienne et restreindre les pratiques religieuses de cette communauté. Le pasteur Bhuyan a été accusé non seulement d’avoir prié pour des malades, mais aussi d’avoir tenté de convertir des membres de la communauté tribale locale au christianisme, une accusation qui, sous le régime de cette loi, peut être interprétée comme un « prosélytisme » illégal.
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Les dirigeants religieux, comme l’archevêque John Moolachira de Guwahati, ont vivement dénoncé cette législation, qualifiant la loi de « discriminatoire » et d’attaque directe contre les libertés religieuses. Moolachira a précisé que cette loi n’est rien de moins qu’une attaque ciblée contre la pratique chrétienne, notamment la prière pour les malades, un acte de charité et de foi profondément enraciné dans la tradition chrétienne. En qualifiant de « guérison magique » des pratiques de prière pour les malades, la loi déforme les intentions religieuses et transforme des gestes de compassion en crimes.
Ce climat de répression religieuse s’inscrit dans un contexte plus large de montée de l’hindouisme politique en Inde, particulièrement sous l’influence du Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre Narendra Modi. Ce parti a ouvertement exprimé son opposition à l’évangélisation chrétienne, qu’il perçoit comme une menace à l’hégémonie hindoue. Le BJP et ses alliés voient la présence chrétienne croissante en Inde comme un obstacle à leur agenda politique et spirituel, alimentant ainsi des lois comme celle-ci pour affaiblir la communauté chrétienne et limiter sa liberté de pratique.
La Assam Magical Healing Act est loin d’être un cas isolé. De telles lois font partie d’une tendance alarmante en Inde, où les minorités chrétiennes et musulmanes se trouvent de plus en plus marginalisées par des législations restrictives, au nom de la protection de la « culture hindoue » et de la « santé publique ». Ce type de législation, qui amalgame des pratiques religieuses sincères à des accusations de « magie » ou de « superstition », est une tentative claire d’étouffer la liberté de culte et de proscrire les traditions religieuses d’autres confessions.
Ce cas de Pranjal Bhuyan met en lumière l’urgence de défendre les droits religieux et la liberté de culte en Inde. La prière pour les malades, loin d’être une pratique « magique », est un acte de foi et de compassion. Elle mérite d’être protégée, non criminalisée. Les communautés chrétiennes ainsi que tous les défenseurs de la liberté religieuse, doivent continuer à dénoncer ces lois oppressives et à se battre pour que la liberté de croire et de pratiquer leur foi soit respectée, au-delà des pressions politiques et sociales.