Hélène Perlant, fille de François Bayrou, révèle avoir été victime de violences lors d’un camp lié à la congrégation de Bétharram. Un témoignage qu’elle n’avait jamais confié à son père, aujourd’hui bouleversé. Ce cri du cœur relance une affaire où se mêlent douleur, silence et quête de vérité.
C’est un témoignage qui a la force d’une déchirure, autant familiale que collective. Dans un entretien publié par Paris Match mardi 22 avril, Hélène Perlant, fille du Premier ministre François Bayrou, révèle avoir été victime de violences physiques à l’âge de 14 ans lors d’un camp d’été organisé par la congrégation de Bétharram. Ce drame personnel s’inscrit dans le contexte plus large de l’affaire Bétharram, qui secoue l’Église et l’opinion publique depuis plusieurs mois
Ce témoignage prend une dimension particulière : François Bayrou lui-même affirme ne jamais avoir été informé des faits. Son entourage, cité par BFMTV, parle d’un homme « stupéfait et bouleversé » par les révélations de sa fille, qui participait au livre Le Silence de Bétharram d’Alain Esquerre, à paraître ce jeudi aux éditions Michel Lafon.
« Il ne sait pas que je suis victime et il ne sait pas que je vais témoigner comme victime », confie Hélène Perlant. « Mon père, j’ai peut-être voulu le protéger, inconsciemment, je pense, des coups politiques qu’il se prenait localement », poursuit-elle. Une parole forte, venue briser trois décennies de silence. Une parole qui ne parle pas de mensonge, mais de « déni individuel et collectif ».
Le livre signé Alain Esquerre rassemble les témoignages de nombreux anciens élèves de l’établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, dans le Béarn. Tous évoquent des violences physiques et sexuelles. Selon le collectif des victimes, près de 200 plaintes ont été déposées, bien que prescrites pour la plupart.
François Bayrou, ancien député, président du conseil départemental et actuel maire de Pau, doit être entendu par la commission d’enquête parlementaire le 14 mai prochain. L’initiative de cette commission revient aux députés Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Ensemble). Du côté de l’entourage de Bayrou, on parle d’une volonté claire : « Le 14 mai, on l’attend et on le souhaite. Le plus important, c’est que cette commission d’enquête s’ouvre, pour les victimes, et que la honte change de côté. »
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Un ancien gendarme, Alain Hontangs, entendu par cette même commission, a affirmé qu’un magistrat lui aurait parlé d’une intervention de François Bayrou dans l’affaire. Le juge en question, Christian Mirande, dit n’en avoir « aucun souvenir », tout en déclarant garder confiance en ceux qui l’accusent. François Bayrou, de son côté, a été formel : « Je ne suis jamais, pas une seule fois dans ma vie, intervenu dans une affaire judiciaire. »
Derrière les accusations, les dates, les responsabilités politiques, il y a des vies blessées. Et dans le silence rompu d’Hélène Perlant, c’est toute une société – croyante ou non – qui se trouve interpellée. Car si justice civile et canonique ont parfois tardé, si des protections ou des omissions ont pu avoir lieu, c’est aujourd’hui le temps de l’écoute. Et peut-être, à travers cette commission, le début d’une réparation.