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Affaire de violences sexuelles à Notre-Dame-de-Bétharram, comment François Bayrou réagit aux accusations

Entrée du collège  Notre-Dame-de-Bétharram  - DR
Entrée du collège Notre-Dame-de-Bétharram - DR
Le Premier ministre a déclaré : « Je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit »

Dans le cadre de l’enquête en cours sur des violences sexuelles et physiques commises au sein de l’établissement catholique Notre-Dame-de-Bétharram, François Bayrou, Premier ministre, a fermement démenti avoir été informé des faits qui se seraient déroulés dans cet établissement des Pyrénées-Atlantiques. Les accusations concernent des actes de violence, y compris des viols, survenus principalement entre les années 1970 et 1990, une période où Bayrou était en fonction dans différentes positions politiques.

Cette affaire prend un tour particulièrement préoccupant. Le procureur de la République de Pau a ouvert une enquête en février 2024 après que 112 plaintes ont été déposées, impliquant 22 adultes, dont des prêtres et des surveillants, ainsi qu’un mineur au moment des faits. Le dossier judiciaire fait état de violences physiques et sexuelles commises sur une longue période, avec des accusations particulièrement lourdes portant sur 50 plaintes de nature sexuelle. Parmi les responsables mis en cause figurent des figures de l’établissement, dont plusieurs religieux, et des laïcs encore en vie, au nombre de 12.

Les témoignages recueillis par le collectif de victimes de Bétharram révèlent l’existence d’un « système profondément enraciné » de violences, comme le souligne Alain Esquerre, un ancien élève de l’établissement devenu porte-parole des victimes. Esquerre, qui a déposé plusieurs plaintes, évoque un « déni » systématique au sein de l’établissement, où des signes évidents de violences ont été ignorés ou cachés, ce qui a permis à ces abus de perdurer. Le nom de l’ancien directeur de l’établissement, le père Pierre Silviet-Carricart, accusé de plusieurs agressions sexuelles, apparaît dans les archives, soulignant l’implication de membres du clergé dans ces actes.

François Bayrou et les accusations de complicité

Mediapart, dans une enquête parue début février 2025, a révélé que François Bayrou, alors ministre de l’Éducation nationale dans les années 1990, aurait été au courant de certains faits concernant des violences physiques, dont l’agression d’un enfant par un surveillant de l’établissement en 1996. Bien qu’il ait exprimé son soutien à l’école à l’époque, dénonçant des « attaques » contre l’établissement, l’enquête suggère que le ministre n’a pas agi pour stopper les abus, malgré sa connaissance de ces incidents. En 1998, alors député et président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, François Bayrou aurait également été impliqué dans une autre affaire d’abus sexuels présumés et aurait rencontré un juge d’instruction à ce sujet.

Mediapart rapporte également qu’une lettre, envoyée en mars 2024 par un ancien élève victime d’attouchements dans les années 1950, adressée à François Bayrou, est restée sans réponse. Ce silence alimenterait les accusations d’une absence de réaction du ministre face aux agissements criminels au sein de l’établissement, malgré les premières alertes remontant à plusieurs décennies.

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Réactions politiques et défense de François Bayrou

Face à ces accusations, François Bayrou a catégoriquement nié avoir été informé des violences sexuelles dans cet établissement.A l’Assemblée nationale, le Premier ministre a déclaré : « Je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit », tout en annonçant qu’il porterait plainte en diffamation contre ceux qui propagent ces allégations. Il a également ajouté que, contrairement à ce qui a été rapporté par Mediapart, il n’était plus ministre de l’Éducation nationale en 1997, date à laquelle la première plainte pour violences physiques a été déposée.François Bayrou a aussi souligné l’incompréhension de voir ses enfants scolarisés dans un établissement qu’il aurait su être le théâtre de tels agissements. Toutefois, il a exprimé sa « sympathie » envers les victimes et les souffrances qu’elles ont endurées.

Le 11 février, Mediapart persiste et signe en publiant un courrier avec accusé de réception et une photo d’archive datant de 1998, qui contredisent la déclaration du premier ministre. Cette révélation est sensée mettre en lumière les « incohérences » dans la défense de Francois Bayrou.

Une demande de transparence et de justice

Cette affaire continue de secouer l’opinion publique. Les partis d’opposition, notamment La France Insoumise (LFI) et le Parti Socialiste (PS), exigent que toute la vérité soit faite sur la manière dont François Bayrou a géré ces informations lorsqu’il était en poste au gouvernement. Le député LFI Paul Vannier a notamment qualifié le Premier ministre de « menteur » devant la représentation nationale et a appelé à sa démission.

De son côté, la congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram a exprimé son engagement à soutenir les victimes et à faire face à la gravité des accusations. Le père Jean-Dominique Delgue, vicaire général de la congrégation, a déclaré que l’institution se mettrait à disposition des victimes pour les accompagner dans leur reconstruction. Cependant, la communauté chrétienne doit maintenant faire face à une douloureuse remise en question du silence qui a entouré ces événements pendant trop longtemps.

L’affaire Notre-Dame-de-Bétharram est loin d’être close, elle révèle des questions essentielles concernant la gestion des violences sexuelles dans les établissements catholiques et la manière dont les autorités publiques, et en particulier François Bayrou, ont réagi face à des accusations aussi graves.

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