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Plus de 100 plaintes pour violences à Notre-Dame de Bétharram : un scandale aux ramifications internationales

« On peut vraiment parler de tout un système », souligne un ancien élève de l'établissement devenu porte-parole des victimes

Une enquête récente a révélé un scandale préoccupant à l’encontre de l’établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, situé à Lestelle-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques). Le 9 juillet dernier, un nouveau corpus de 26 plaintes a été déposé devant le tribunal de Pau, portant à 102 le nombre total de cas de violences physiques et sexuelles signalés à la justice, en plus des incidents rapportés à la gendarmerie.

Ces accusations impliquent 22 adultes et un mineur au moment des faits, dont la moitié sont encore en vie. Selon les informations recueillies par le collectif de victimes de Bétharram, neuf religieux, dont huit pour des violences sexuelles, sont mis en cause dans cette affaire.

Les témoignages recueillis suggèrent un système profondément enraciné de violences. « On peut vraiment parler de tout un système », souligne Alain Esquerre, ancien élève de l’établissement devenu porte-parole des victimes, qui a déposé les plaintes.Le dossier comprend également des accusations récentes concernant un « viol caractérisé » en 1996, qui n’est pas encore prescrit, selon Alain Esquerre.

L’établissement, qui a été rebaptisé Le Beau Rameau en 2009, est également accusé d’avoir ignoré les signes avant-coureurs et de protéger les coupables plutôt que de prendre des mesures. Alain Esquerre déplore : « Ces voyants rouges allumés auraient dû pousser l’établissement à réagir, mais il y a eu un déni et un repli sur soi pour se protéger mutuellement. »

Le journal La Croix indique que des méthodes éducatives basées sur la violence ont persisté jusqu’au début des années 2000 malgré des plaintes antérieures. L’ancien directeur de l’établissement, le père Pierre Silviet-Carricart, a été accusé de deux agressions sexuelles avant de se suicider en 2000.

Face à ces révélations, la congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram a exprimé sa détermination à soutenir les victimes. « Dès que nous avons pris connaissance des premiers témoignages, nous nous sommes engagés à tout mettre en œuvre pour accompagner au mieux les victimes », assure le père Jean-Dominique Delgue, vicaire général.

L’ampleur des agressions sexuelles présumées dans cet établissement et au-delà, alors que la congrégation est présente dans plusieurs pays, reste une préoccupation majeure.

Dans le cadre de ce « dossier tentaculaire », deux laïcs toujours en vie et un prêtre décédé sont particulièrement visés avec 59, 23 et 17 plaintes déposées contre eux. En parallèle aux anciens élèves, des parents ont également porté plainte pour « abus de confiance et tromperie », témoignant de l’impact dévastateur sur les victimes, comme l’explique Jean-Marc Veyron, père d’une victime : « J’ai appris tout ça très tard, j’ai été plus que choqué, c’est abominable. Mon fils s’est emmuré toutes ces années, ça lui a pourri la vie ».

Un surveillant d’internat visé par des plaintes similaires a été écarté des effectifs de l’établissement en mai après une rupture conventionnelle, confirmant une information de Sud Ouest. Les allégations incluent des agressions sexuelles survenues durant des camps scouts et à domicile.

L’Indépendant rapporte que la Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram, présente dans 15 pays, s’est engagée à soutenir les victimes dans leur processus de reconstruction, reconnaissant la gravité des accusations portées contre ses membres.

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