Le patriarche latin de Jérusalem, conscient de la croissance alarmante des menaces et des intimidations envers la communauté chrétienne en Terre Sainte, a récemment réagi à cette situation préoccupante. Dans une interview accordée à Radio Vatican-Vatican News, le futur cardinal Pizzaballa a exprimé son appel ferme à rejeter la violence comme réponse. Il a souligné que leur désir n’est pas tant d’être protégés que de voir leurs droits respectés.
« Malheureusement, c’est vrai, nous avons assisté à une augmentation des attaques au cours de cette dernière période. Disons que ces affrontements, ces crachats, ces accusations, ces insultes, ne sont pas nouveaux. Mais l’augmentation exponentielle de ces phénomènes, surtout dans la région de Jérusalem, dans la Vieille ville, est devenue un sujet de préoccupation et une question à l’ordre du jour qui inquiète à la fois la communauté chrétienne et les autorités israéliennes. Ces dernières disent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher cela, sans grand succès jusqu’à présent. »
« D’une part, le problème est que ces phénomènes augmentent, peut-être aussi soutenus, comme je l’ai dit, par un certain contexte culturel religieux; d’autre part, cependant, il y a aussi une communauté chrétienne qui se sent l’objet d’attaques aveugles basées sur la violence religieuse, la haine religieuse, le mépris religieux. Cela crée à son tour, même au sein de la communauté chrétienne, des tensions, du mécontentement et parfois, souvent même, de la colère. »
« À Haïfa, il y a un phénomène différent lié à une personne spécifique, le rabbin Berland, qui est un peu hors de contrôle et qui, avec ses disciples, est convaincu qu’à Stella Maris, dans l’église des Carmélites, se trouve la tombe du prophète Élisée, qui n’existe pas en réalité. Il s’agit plutôt d’un phénomène sectaire. Ce rabbin a également été emprisonné pour différents types d’accusations. Il s’agit d’un phénomène légèrement différent, qui crée toutefois beaucoup de nervosité au sein de la communauté chrétienne, qui nous accuse même parfois, nous les chefs religieux, en disant: Que faites-vous? Pourquoi n’intervenez-vous pas? Pourquoi ne vous exprimez-vous pas contre ce phénomène? »
« Nous ne voulons pas de protection, nous voulons des garanties, nous voulons des droits: nous voulons vivre en citoyens libres dans un état démocratique. »
« Nous sommes en contact avec la police. Nous avons parlé au chef de la police, nous l’avons rencontré. Il est sous pression parce que les médias ont créé beaucoup de pression, ce qui est positif en ce sens. Les premiers résultats sont là, en ce sens que certaines personnes ont été arrêtées, mais il reste encore beaucoup à faire. Je dois dire que le gouvernement accorde moins d’attention à la question, peut-être parce qu’il a d’autres priorités. Le président de l’État d’Israël est très actif et s’est exprimé très clairement, publiquement, contre cela. »
« Je vois ce qui nous arrive comme une sorte de dommage collatéral. Je ne pense pas que le gouvernement s’en prenne aux chrétiens. Mais il est vrai que ce gouvernement a créé un climat très tendu dans le pays: on parle de ‘suprématie juive’. Cela peut évidemment avoir une influence, même indirecte. »
« Les raisons d’espérer sont toujours là parce que ces situations ont aussi créé des réactions fortes, souvent beaucoup plus fortes au sein de la société israélienne, même religieuse, plus souvent que chez les chrétiens. Je crois que cette prise de conscience d’un problème au sein de la société israélienne portera ses fruits avec le temps. »
Note: Les extraits cités sont basés sur l’interview de Mgr Pierbattista Pizzaballa réalisée par Jean-Charles Putzolu pour Radio Vatican-Vatican News.