Saint Grégoire le Grand (v. 540-604) , pape et docteur de l’Église.
« Et que je ne trouve pas un seul sage parmi vous. » (Jb 17,10 Vg). Pourquoi, en effet appeler à la sagesse et souhaiter cependant de ne pas trouver sages [les amis de Job],sinon parce que ne peuvent venir à la véritable sagesse des hommes abusés par la suffisance de leur fausse sagesse
C’est d’eux qu’il est écrit :
« Malheur à vous qui êtes sages à vos yeux et devant vous-mêmes prudents ! » (Is 5,21).
Et c’est à eux qu’il est dit encore :
« Ne vous complaisez pas dans votre propre sagesse. » (cf. Rm 12,16 ; Pr 3,7).
De là vient encore que, si le grand prédicateur [ Paul ] rencontrait des sages selon la chair, il leur demandait d’acquérir la vraie sagesse en commençant par devenir fous :
« Si l’un d’entre vous, leur dit-il, se croit un sage au jugement de ce monde, qu’il se fasse fou pour être sage » (1 Co 3,18) et la Vérité dit elle-même : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, toi qui as caché ces choses aux sages et aux prudents et qui les as révélées aux tout-petits. » (Mt 11,25)
Ainsi, comme ceux qui sont sages devant eux-mêmes ne peuvent parvenir à la véritable sagesse, le bienheureux Job, qui désire la conversion de ceux qui l’écoutent, est en droit de souhaiter de ne pas trouver parmi eux un seul sage, c’est-à-dire : apprenez à devenir fous devant vous-mêmes pour pouvoir être véritablement sages devant Dieu. »
Livre XIII, SC 212 (Morales sur Job, trad. A. Bocognano, éd. du Cerf, 1974 ; p. 303-305)