Dans les hauteurs paisibles du Vivarais cévenol, l’équilibre d’une communauté monastique pourrait être profondément bouleversé. Depuis fin 2022, des religieuses cisterciennes ont repris la vie de prière et de travail à l’abbaye Notre-Dame des Neiges, anciennement occupée par des frères trappistes. Un projet de parc éolien à proximité immédiate du monastère pourrait aujourd’hui remettre en cause leur présence.
Située à 1 100 mètres d’altitude, à la frontière entre l’Ardèche et la Lozère, l’abbaye Notre-Dame des Neiges a été fondée le 5 août 1850 par sept moines venus de l’abbaye d’Aiguebelle, dans la Drôme. Rapidement florissante grâce à l’afflux de vocations, la communauté a su faire face aux épreuves, notamment à l’incendie de 1912 qui détruisit entièrement les bâtiments, aussitôt reconstruits. En 1949, elle se lance dans la production de vin, qui assurera sa renommée pendant plusieurs décennies.Affaiblie par le manque de vocations, la communauté trappiste masculine quitte les lieux en décembre 2021. Le relais est alors pris par les moniales de l’abbaye de Boulaur, dans le Gers, déjà connues pour leur dynamisme. Arrivées à huit, elles sont aujourd’hui douze et ont lancé une activité de fabrication de produits ménagers naturels à base de plantes, dans le respect de la nature environnante.
Cette vie simple, rythmée par la prière, le travail manuel et l’accueil, est aujourd’hui menacée. Le projet porté par EDF Renouvelables prévoit l’installation d’éoliennes dans les environs proches de l’abbaye. Pour les sœurs, ce projet risque de bouleverser l’équilibre du lieu : le silence, la beauté du paysage et la sérénité de la montagne sont des éléments essentiels à leur vocation.
Lire aussi
La communauté exprime ses craintes en toute simplicité. Elle n’est pas hostile au développement des énergies renouvelables, mais s’interroge sur l’opportunité d’implanter de telles structures à proximité directe d’un site spirituel vivant. Le monastère n’est pas un lieu coupé du monde : les sœurs accueillent des retraitants, participent à la vie paroissiale, et entretiennent un lien fort avec un foyer de vie pour personnes handicapées du village voisin, Saint-Étienne-de-Lugdarès.
L’abbaye d’origine, celle de Boulaur, est aujourd’hui un modèle de renouveau monastique en France, attirant des jeunes sœurs, des familles, et de nombreux visiteurs. À Notre-Dame des Neiges, ce même élan prend racine. Mais l’harmonie fragile de ce lieu pourrait être compromise par un projet qui, selon de nombreux habitants de la région, ne tient pas compte de la dimension spirituelle, patrimoniale et humaine du site.La communauté continue d’élever sa prière pour la paix, pour les catéchumènes, pour les familles… et pour que le Seigneur éclaire ceux qui, dans les sphères de décision, auront à trancher.