Alors que le pays voit l’arrivée d’un nouveau gouvernement intérimaire dirigé par le Nobel de la Paix Muhammad Yunus, récemment désigné par l’armée, la situation des chrétiens au Bangladesh soulève des inquiétudes. Ce changement politique, qui fait naître des espoirs de renouveau démocratique, s’accompagne d’une montée des tensions et de violences qui menacent particulièrement les minorités religieuses, dont les chrétiens.
Selon une source ecclésiastique auprès de l’Agence Fides, les chrétiens ont été victimes de violences, bien que celles-ci soient moins médiatisées que celles subies par la minorité hindoue. “Nous n’avons pas enregistré de morts ni de blessés graves, mais la menace demeure”, indique cette source. L’incendie du centre diocésain pour les migrants, récemment ouvert à Dhaka, illustre la vulnérabilité de la communauté chrétienne face à un climat d’insécurité croissant.
“Mettre un terme aux attaques contre les minorités religieuses”
Les violences, souvent motivées par des conflits de voisinage ou relevant du pur pillage, se sont intensifiées dans les zones rurales, où le sentiment d’impunité règne en maître. L’absence de police dans les rues, due à la peur de représailles après la répression des manifestations, a laissé un vide que des milices d’autodéfense tentent de combler. Cette situation crée un terreau fertile pour des actes de violence ciblant les chrétiens, qui se retrouvent souvent pris entre les feux des rivalités politiques et des tensions communautaires.
Indépendant depuis 1971, l’ancien Pakistan oriental est composé à 90 % de musulmans, à 9 % d’hindous et à 0,3 % de chrétiens, soit environ 500 000 personnes sur une population de plus de 162 millions d’habitants. Lors de sa visite apostolique au Bangladesh en 2017, le pape Français s’était félicité du climat “de plus en plus favorable à la rencontre et au dialogue interreligieux”, espérant que celui-ci “continuerait à permettre aux croyants d’exprimer librement leurs convictions”. En 2024, le Bangladesh figurait néanmoins à la 26ème position (sur 50) de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens.
Le nouveau gouvernement de Muhammad Yunus a fait savoir dans un communiqué officiel ce dimanche 11 août “que ses membres se réuniraient pour trouver des moyens de mettre un terme aux attaques odieuses contre les minorités religieuses”.