Ce vendredi 2 août 2024 en fin d’après midi , une cérémonie de béatification se tiendra à Bkerké, marquant un moment significatif pour la communauté maronite et pour le Liban en crise. Le patriarche Stéphane Doueihy (Estéphan ou Étienne), qui a dirigé l’Église maronite de 1670 à 1704, sera honoré pour son rôle déterminant dans l’histoire religieuse et sociale du pays.
Né à Ehden le 2 août 1630, Stéphane Duwayhi , a passé une grande partie de sa jeunesse à Rome, où il a approfondi ses études en philosophie, théologie et langues. Après son retour au Liban, il est ordonné prêtre et, en 1670, il devient patriarche maronite. Son mandat est marqué par des efforts substantiels pour structurer et unifier l’Église maronite, notamment à travers l’organisation de la liturgie et la création d’ordres monastiques comme les ordres mariamite et antonin.
L’évêque Joseph Naffah, responsable du comité de béatification, souligne que “Stéphane Doueihy a eu la foi dans le Liban en tant que terre de mission”. Il ajoute que la béatification du patriarche est “un message d’espoir” et un appel pour les maronites à suivre son exemple de dévouement envers leur pays.
Stéphane Doueihy a également joué un rôle crucial dans l’enseignement et la promotion de la langue arabe parmi les maronites. Il a fondé des établissements éducatifs et a encouragé l’usage de l’arabe dans la liturgie, influençant ainsi la diffusion de la langue et la culture arabes au sein des communautés chrétiennes.
Le miracle et la dévotion pour la Sainte Vierge
Au cours de ses études à Rome, le patriarche maronite Stéphane Doueihy, alors jeune séminariste, a vécu un épisode marquant qui a profondément influencé sa vie et sa vocation. Alors qu’il poursuivait ses études en latin, éloquence, et sciences, il est frappé par une grave maladie des yeux qui menaçait de mettre fin prématurément à son parcours académique.
Conformément aux recommandations de ses responsables au Collège, il aurait pu être contraint de retourner au Liban, abandonnant ainsi ses études. Cependant, la foi profonde de Doueihy et sa dévotion envers la Vierge Marie ont joué un rôle déterminant. Déjà fervent dévot de la Vierge, à qui il avait fondé une confrérie, il se tourna vers elle avec une confiance et une supplication intenses. Il fit un vœu, qu’il s’engagea à observer tout au long de sa vie, et demanda son intercession.
Le miracle survint : il retrouva la vue, permettant ainsi à Stéphane Doueihy de poursuivre ses études avec un engagement renouvelé. Ses camarades, qui avaient assisté à cette épreuve en lui lisant les cours qu’il avait manqués, se joignirent à lui pour célébrer ce prodige.
Le patriarche est reconnu pour sa vision œcuménique
Il a établi des bases pour un Liban multicommunautaire, respectueux des diverses communautés religieuses. Son engagement envers le dialogue interreligieux est souligné par Tanios Njeim, auteur et ancien doyen de la faculté des lettres à l’Université Saint-Esprit de Kaslik, qui décrit Doueihy comme un “pionnier du mouvement œcuménique en Orient”.
La béatification de Stéphane Doueihy intervient dans un contexte politique et économique difficile pour le Liban, marqué par une vacance présidentielle prolongée et une crise économique aiguë. La cérémonie de béatification, présidée par le cardinal Marcello Semeraro, reflète une lueur d’espoir et un appel à la réconciliation et à la reconstruction nationale.
En réaffirmant la mission spirituelle et sociale des maronites dans une région diversifiée, Stéphane Doueihy demeure une figure emblématique, symbolisant l’engagement pour la foi, l’éducation et le dialogue interculturel. Sa béatification est ainsi perçue comme un encouragement pour les Libanais à poursuivre un chemin de progrès et de solidarité.
Avec patriarchdouaihy.com