Depuis 2000 ans

DR Africa Presse
DR Africa Presse

Bénédictions homosexuelles, l’Afrique un cas à part ?

Nous vous proposons un article de JEUNE AFRIQUE, magazine qui propose une couverture de l’actualité et des enjeux politiques et économiques du continent africain.

L’ensemble de l’Eglise d’Afrique ( évêques du Maghreb mis à part) s’est dressée contre Fiducia Supplicans et les explications du Pape François ou du Cardinal Victor Manuel Fernandez “docteur ès-gynécologie et non ès-théologie” ne semblent rien changer au refus catégorique des évêques africains d’autoriser les bénédictions des unions homosexuelles :

“Couples homosexuels : le pape ménage la chèvre occidentale et le chou subsaharien:

Tout en défendant le principe des bénédictions de couples de même sexe, le souverain pontife reconnaît que les Africains constituent, dans ce dossier, un « cas particulier ».

Le Pape François pensait certainement jouir jusqu’à la fin de son pontificat d’une obéissance aveugle de ses brebis, en vertu de l’infaillibilité pontificale définie en 1870 en matière de doctrine révélée ex cathedra, qu’il soit question de foi ou de mœurs. Ce sont pourtant des exhalaisons de schisme qui ont suivi la publication du Fiducia supplicans qui ouvrait la voie, mi-décembre, aux bénédictions de couples homosexuels.

Après une levée de boucliers d’évêques africains, début janvier, le pape semble exempter le continent de bénédictions de concubins gays. Dans une interview accordée au quotidien italien La Stampa et publiée le 29 janvier, François distingue la position africaine des autres protestations véhémentes qui appartiennent, selon lui, « à de petits groupes idéologiques » conservateurs qui finiront par le comprendre. Mais même si le pape affirme que le document Fiducia supplicans veut moins « diviser » qu’« inclure », il admet que l’Afrique est un « cas particulier ».

Distinguer pour mieux unir

Le supposé infaillible François admet que les prêtres, lorsqu’ils accordent des bénédictions, « prennent naturellement en compte le contexte, les sensibilités, les lieux où l’on vit et les manières les plus appropriées de le faire ». Or il reconnaît que, selon les Africains, « l’homosexualité est quelque chose de “mauvais” d’un point de vue culturel », qu’« ils ne la tolèrent pas ».

Entrave à l’universalité de l’Église au nom de son unité ? Politicien à ses heures,le chef d’État du Vatican n’ignore pas que, selon l’organisme Human Dignity Trust, 31 pays africains disposent de lois criminalisant l’homosexualité.

Venu d’Argentine, Jorge Mario Bergoglio sait aussi que l’avenir de l’Eglise démographique de l’Eglise catholique, apostolique et romaine se situe dans l’hémisphère Sud, en particulier sur le continent. À défaut d’accorder à l’Afrique, dans les structures ecclésiastiques, un poids qui reflète celui de sa population, le Vatican doit ménager la chèvre des mœurs occidentales modernes et le chou des traditions ancestrales africaines.

Si les évêques du Maghreb se sont émancipés du reste du continent sur cette question de la bénédiction des couples de même sexe, les réticences subsahariennes à cet égard sont aussi inédites que les arguments sont déstabilisants. L’incisif et prolixe cardinal congolais Fridolin Ambongo renvoie notamment au visage de François son opposition ancienne « à toute forme de colonisation culturelle du continent ».

Publié le 30/04/2024 .jeuneafrique.com

Recevez chaque jour notre newsletter !

Lire aussi :