Vatican News revient sur le thème des bénédictions des couples homosexuels, et le fait avec un éditorial théologique de son directeur, Andrea Tornielli.
Andréa Tornielli, directeur éditorial des médias du Vatican, répond à ceux qui s’opposent à la bénédiction des couples homosexuels et précise qu’ils se trompent…car ils n’ont pas compris que « en ce qui concerne les bénédictions liturgiques, il existe deux manières de les comprendre. Il y a un sens large, qui considère toute prière faite par un ministre ordonné comme ‘liturgique’, même dans le cas où elle est donnée sans forme rituelle et sans suivre un texte officiel.
Et il y a un sens plus restreint, selon lequel une prière ou une invocation sur les personnes est ‘liturgique’ seulement lorsqu’elle est exécutée ‘rituellement’, et plus précisément lorsqu’elle est basée sur un texte approuvé par l’autorité ecclésiastique. »
Le cardinal Ratzinger, défenseur du préfet et cardinal Víctor Manuel Fernández, c’est le tour de passe-passe d’Andrea Tornielli…
Pour justifier Fiducia Supplicans , le directeur du Dicastère pour la Communication évoque l’Instruction sur les prières pour obtenir de Dieu la guérison de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, à l’époque – a.D. 2000 – dirigée précisément par le cardinal Ratzinger.
Ce que dit ce document, entre autres choses, nous est expliqué :
« Il est donc établi qu’il existe des prières de guérison liturgiques ou rituelles, et d’autres qui ne le sont pas, mais qui sont légitimement admises ». Et il ajoute : « De ces citations du texte signé par Ratzinger et approuvé par le Pape Wojtyla, il ressort que le sens du terme « liturgique » utilisé dans Fiducia Supplicans pour définir les bénédictions rituelles, différentes de celles pastorales, représente certes un développement mais s’insère dans le courant du magistère des dernières décennies ».
Que dit l’Instruction à cet égard ; à l’article 2 de la section « Dispositions disciplinaires », on lit :
« Les prières de guérison sont qualifiées de liturgiques si elles sont insérées dans les livres liturgiques approuvés par l’autorité compétente de l’Église ; sinon, elles sont non liturgiques ».
« Liturgique » est pris comme synonyme de « rituel ». Il est donc assez évident que toute prière peut être liturgique ou non liturgique : les prières du matin et du soir que le chrétien récite chez lui ne sont pas liturgiques ; les Laudes et les Vêpres sont des prières liturgiques. Rien de nouveau …
Le même critère s’applique aux prières pour les malades. Le contexte de l’Instruction est celui de la réglementation des prières de guérison, pratiquées par des « groupes charismatiques », et dès l’article 1 des « Dispositions disciplinaires », il est précisé que
« chaque fidèle est en droit de porter à Dieu des prières pour obtenir la guérison » ; mais quand on recourt au Rituel, alors il est clair que ces prières sont élevées par le ministre compétent, avec les ornements et les formules prévus.
Quel est donc le sujet traité par le document, ainsi que le sujet de l’affirmation de l’article 2 ?
Une prière et une bénédiction sont deux choses différentes ; plus précisément : une prière et une bénédiction ascendante (une invocation) sont différentes d’une bénédiction descendante (une bénédiction proprement dite).
Et lorsque Fiducia Supplicans ouvre la voie à la bénédiction de couples irréguliers ou homosexuels, elle parle précisément de bénédictions descendantes (cf. n. 30), bénédictions sur ces couples, de ces couples, données à ces couples. Les bénédictions sont donc essentiellement différentes des prières.
Le prêtre peut donc faire des prières non liturgiques, comme n’importe quel autre chrétien ; tandis que lorsque le prêtre bénit (bénédiction descendante), il bénit en tant que ministre de l’Église, même si sa bénédiction n’est pas rituelle.
Cette dernière bénédiction est-elle liturgique ?
Si par « liturgique » nous entendons une action de l’Église, alors oui, elle l’est. Si nous entendons « liturgique » comme synonyme de « rituel », alors ce n’est pas toujours le cas. Mais dans les deux cas, le prêtre bénit en tant que ministre de l’Église, alors qu’il ne prie pas toujours en tant que ministre de l’Église.
Andréa Tornielli semble se tromper lorsqu’il prétend que la distinction faite par le cardinal Ratzinger, qui concernait les prières pour les malades, est un précédent légitimant celle introduite par Fiducia Supplicans , car il ne tient pas compte de la distinction fondamentale entre prière, même du prêtre, et bénédiction.
Il y a ensuite une deuxième différence évidente, à savoir celle entre un malade et un couple gay ou vivant en union libre. Il n’est en aucun cas possible de bénir le second, alors qu’il est tout à fait légitime de bénir le malade (d’ailleurs, dans l’Instruction de 2000, il n’est pas vraiment question de bénir les malades, mais de prier).
Et la réponse se trouve toujours dans cette Réponse de 2021, avec laquelle Fiducia Supplicans est entrée en contradiction :
« seules sont compatibles avec l’essence de la bénédiction impartie par l’Église celles qui sont en soi ordonnées à servir ces desseins ».
La personne malade est ordonnée à servir les desseins de Dieu, la relation qui constitue le couple vivant sexuellement en dehors du mariage est objectivement désordonnée.
Adapté et traduis de la Bussola