La Bienheureuse Emeline, religieuse ermite du XIIe siècle, a laissé une empreinte spirituelle profonde malgré le flou qui entoure sa vie. Née dans la région de Champagne, elle a consacré son existence à la prière et à la pénitence, se retirant à Longeville-sur-la-Laines, au sein du monastère de Boulancourt, fondé en 1152.
D’après les sources historiques, notamment le Routier cistercien, Emeline est décédée en 1178, tandis que certaines références, comme le dictionnaire des Saints, avancent la date de 1079. Cependant, l’érudition des cisterciens semble l’emporter, confirmant qu’ elle était en activité au moment où le monastère est passé sous l’ordre de Cîteaux à la demande de l’évêque de Troyes, Henri de Carinthie. Emeline était déjà connue comme sœur converse à la grange de Perthes Sèches, près d’Yèvres-le-petit, et elle a partagé son temps entre le travail, la prière et la méditation.
Les récits de sa vie révèlent un personnage d’une grande austérité. Emeline ne se contentait pas de suivre la règle cistercienne, mais s’y adonnait avec une ferveur exceptionnelle. Elle pratiquait une stricte pénitence, se nourrissant seulement trois fois par semaine, allant des pieds nus quelle que soit la saison, et portant un cilice pour s’infliger un certain degré de souffrance. Ses journées étaient rythmées par le chant des psaumes et une prière incessante, qui témoignent de sa dévotion profonde.
Sa réputation de prophétesse attirait des fidèles de toute la région, désireux de consulter cette femme de Dieu, réputée pour ses dons de voyance. L’une de ses prédictions les plus notables concernent sire Symon de Beaufort, à qui elle avait annoncé une blessure à l’œil lors d’une bataille — une prémonition qui s’est réalisée, entraînant un don de remerciement à l’abbaye en reconnaissance de son intervention divine.
À sa mort en 1178, Emeline a été inhumée sous l’autel du couvent des Dames, rattaché à l’abbaye de Boulancourt. Une flamme constante était alors allumée en son honneur, symbole de sa lumière spirituelle. Cependant, avec le temps, la chapelle a été détruite, et ses restes, ainsi que ceux de sainte Asceline et du bienheureux Gossuin, ont été transférés dans l’église de Boulancourt. Aujourd’hui, il ne reste rien de ces reliques sacrées, mais la mémoire d’Emeline demeure vivante à travers la tradition et les témoignages de son époque.
Emeline est un prénom courant en Champagne, et il est parfois confondu avec d’autres figures, comme la mère de sainte Asceline, souvent attribuée à tort à Emeline elle-même. En réalité, la mère d’Asceline s’appelait Agnès, renforçant ainsi le mystère autour de la Bienheureuse Emeline, qui, sans représentation picturale ou statuaire, demeure une figure discrète de la sainteté chrétienne.
Malgré le peu de détails qui entourent sa vie, la Bienheureuse Emeline incarne l’idéal de la vie monastique et de la dévotion chrétienne, un modèle d’humilité et de fidélité à la prière, qui continue d’inspirer les générations de croyants.
Avec Nominis