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Big Data au Vatican pour le Jubilé 2025 ?

Pour franchir une Porte Sainte, faudra-t-il désormais montrer patte blanche numérique ? Avec la "carte du pèlerin", l’organisation du Jubilé 2025 promet efficacité et innovation, mais soulève des questions sur la collecte massive de données personnelles.

Le Vatican a dévoilé la « carte du pèlerin », une carte digitale nominative nécessaire pour participer aux événements du Jubilé 2025 et accéder à la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre. Derrière cette innovation technologique, un processus rigoureux : les pèlerins doivent s’inscrire via le portail officiel (register.iubilaeum2025.va) ou l’application dédiée, en fournissant une liste complète d’informations personnelles, notamment :

  • Nom et prénom
  • Adresse e-mail
  • Numéro de téléphone
  • Pièce d’identité
  • Coordonnées détaillées pour organiser les accès

Une fois enregistrés, ils reçoivent un QR code personnalisé, considéré comme indispensable pour franchir les étapes du Jubilé. Ce QR code permettra également de bénéficier de réductions sur les transports, les hébergements, la restauration et même les événements culturels.

L’objectif affiché est clair : organiser de manière ordonnée les flux massifs de pèlerins attendus, tout en offrant des services pratiques. Grâce à cette carte, chaque participant pourra réserver une plage horaire pour franchir la Porte Sainte ou participer aux événements majeurs. Les responsables assurent que ce système simplifiera la logistique et réduira les files d’attente.

Mais cette centralisation des données suscite des interrogations. Que deviendront ces informations sensibles une fois le Jubilé terminé ? Comment seront-elles utilisées et protégées ?

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L’innovation ne manque pas d’ironie : en 2025, pour témoigner de sa foi, il faudra peut-être prouver sa maîtrise des outils numériques. Quid des pèlerins qui ne possèdent pas d’adresse mail ou de smartphone ? Leur cheminement spirituel est-il moins valable que celui des adeptes des QR codes ?

En filigrane, une réflexion se pose : la foi doit-elle être calibrée, numérisée et vérifiée pour mériter un accès à la grâce ? À force de protocoles modernes, le risque n’est-il pas de perdre l’esprit même du pèlerinage, où chaque pas compte, indépendamment des données personnelles collectées ?

Si la « carte du pèlerin » promet des avantages concrets, elle transforme aussi une démarche spirituelle en un processus administratif minutieux. Derrière cette innovation, la question reste ouverte : la foi du pèlerin suffit-elle, ou faudra-t-il, à l’avenir, présenter un « diplôme de bonne conduite numérique » pour franchir les Portes Saintes ?

En attendant, le Jubilé 2025 sera une occasion unique d’observer comment le Vatican conjugue tradition et modernité – et si les Big Data sauront se mettre au service de l’Évangile sans trahir son essence.

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