Ce jeudi 18 septembre, certains collectifs et mouvements d’inspiration chrétienne se joignent aux syndicats pour manifester contre le projet de budget 2026. On nous explique qu’il s’agirait d’un engagement au nom du bien commun. Mais à bien y regarder, cette mobilisation dit surtout l’enracinement d’une partie du catholicisme français dans une logique idéologique qui n’a plus grand-chose à voir avec la mission de l’Église.Certains y participeront comme le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC), l’Action catholique ouvrière (ACO),la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) ou encore le collectif Anastasis.
Le Concile Vatican II définit le bien commun comme « l’ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’aux individus, d’atteindre leur perfection de façon plus totale et plus aisée » (Gaudium et Spes, 26). Autrement dit, il ne s’agit pas d’une somme de revendications sociales ni de la défense d’intérêts catégoriels, mais d’un horizon moral qui embrasse la dignité de la vie, la protection de la famille, la liberté religieuse et la justice véritable. Pie XI dans Quadragesimo Anno comme Léon XIII dans Rerum Novarum rappelaient que toute revendication sociale doit être mesurée à l’aune de l’ordre moral et du respect de la loi naturelle.
En assimilant la grève et certaine revendications à une action pour le bien commun, certains catholiques réduisent ce concept à un slogan de lutte sociale. Ils oublient que l’Église a toujours mis en garde contre l’abus des mouvements revendicatifs lorsqu’ils paralysent la société. Jean-Paul II, dans Laborem Exercens, reconnaissait la légitimité de la grève, mais ajoutait aussitôt qu’« elle demeure, en un sens, un moyen extrême » et que son abus pouvait aller contre les exigences du bien commun, surtout au vue des débordements qu’elle engendre systématiquement.
Les chrétiens qui défilent ce jeudi marcheront aux côtés d’organisations syndicales et politiques qui, pour beaucoup, défendent des positions frontalement contraires aux valeurs chrétiennes : soutien à l’avortement, promotion de l’euthanasie, attaques répétées contre la famille, relativisme moral et rejet du religieux dans l’espace public. Pis encore, ils se retrouveront dans les cortèges où s’infiltrent régulièrement des groupes radicaux comme les Black Blocs, dont la violence et le nihilisme sont l’exact contraire du témoignage chrétien.
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Comment ne pas voir la contradiction entre proclamer sa foi et défiler main dans la main avec ceux qui militent pour déconstruire ce que l’Église enseigne sur la vie et sur l’homme ?
Pendant que certains choisissent la rue pour s’opposer à une réforme budgétaire, les véritables urgences sont reléguées au second plan. Où est la mobilisation pour la défense de la vie innocente, chaque jour menacée ? Où est la clameur contre la marchandisation de l’enfant à travers la GPA et la PMA ? Où est l’élan pour soutenir les familles fragilisées, socle du bien commun, ou pour dénoncer la persécution des chrétiens à l’étranger, l’euthanasie , l’avortement, la profanations de séglises de France …etc ? Ces combats essentiels, qui devraient mobiliser les énergies catholiques, passent derrière une revendication sociale ponctuelle.Le rôle des catholiques n’est pas de se fondre dans des cortèges syndicaux mais de rappeler, avec une voix claire, que le bien commun ne se réduit pas à la redistribution matérielle. Il s’enracine dans la vérité de l’homme créé à l’image de Dieu, dans la protection de la vie, dans la famille et dans la justice fondée sur la loi naturelle. À force de céder aux slogans militants, une partie de l’Église risque de trahir sa mission. Elle croit servir le bien commun, alors qu’elle se met au service d’alliés qui combattent les principes mêmes de ce bien commun et sapent les fondements d’une société juste et humaine.


