Flyers, slogans, saynètes et procès simulés révèlent l’ampleur d’un endoctrinement glaçant qui piétine la liberté de conscience et met en péril la vie chrétienne.Depuis longtemps, les organisations de défense des droits humains accusent la Chine d’utiliser le terme Xie Jiao, littéralement « sectes maléfiques », comme un outil pour délégitimer et criminaliser toute communauté religieuse qui échappe au contrôle de l’État. Désormais, le Parti communiste franchit une étape supplémentaire en enrôlant les enfants eux-mêmes dans sa propagande.
À Shanghai, centre économique du pays, les autorités ont lancé une campagne visant à former les jeunes pour devenir de « petits gardiens » de la communauté. Les enfants reçoivent slogans et scripts destinés à diaboliser les Xie Jiao, ces groupes considérés comme « illégaux ».Cette mobilisation n’est pas nouvelle. Déjà, les autorités avaient envoyé des enfants distribuer des tracts anti-Xie Jiao. Les mouvements visés sont nombreux : des dizaines de groupes religieux ou spirituels, parmi lesquels le Falun Gong et l’Église du Dieu Tout-Puissant, tous bannis par le régime pour avoir prétendument diffusé des enseignements hétérodoxes.
Dans le cadre de cette campagne, les enfants sont encouragés à réciter des discours hostiles, à diffuser des brochures et même à participer à de petites pièces de théâtre où les minorités religieuses sont caricaturées et diabolisées.
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Le zèle propagandiste va jusqu’à envahir la sphère judiciaire. Les médias d’État ont publié des photos montrant des enfants conduits dans une véritable salle de tribunal pour participer à un procès simulé. Sous la présidence de juges bien réels, ils ont endossé les rôles de juges, de procureurs, de prévenus et d’avocats de la défense. L’affaire fictive a été rejouée avec un réalisme procédural minutieux et s’est conclue par la condamnation imaginaire de membres de Xie Jiao à de lourdes peines de prison.Cette propagande idéologique se déploie alors même que les chrétiens en Chine subissent un climat de plus en plus oppressant. Des églises sont détruites, des croix arrachées, des prêtres et des évêques arrêtés sous prétexte de « trouble à l’ordre public ». Plus grave encore, l’État interdit l’enseignement religieux aux mineurs, empêchant les familles chrétiennes de transmettre librement la foi à leurs propres enfants. La contradiction est criante : ce que l’Église n’a pas le droit de donner, l’État se l’arroge pour modeler les consciences et dresser la jeunesse contre toute croyance indépendante.
Ainsi, alors que les catéchismes sont muselés et les sacrements rendus difficiles d’accès, les enfants sont contraints de jouer le rôle d’accusateurs. La foi chrétienne, qui invite à éduquer les plus jeunes dans la vérité et l’amour, se trouve bafouée par une idéologie qui transforme l’innocence en arme de répression.L’endoctrinement des enfants pour les transformer en instruments de propagande contre la religion est une infamie idéologique d’une gravité extrême. Il trahit une peur profonde de la vérité, car la liberté religieuse menace toujours l’emprise du mensonge. Le régime préfère manipuler les plus fragiles plutôt que de laisser la lumière de la foi grandir dans les cœurs.
Le christianisme rappelle au contraire que l’enfant est un don de Dieu, appelé à la liberté et à la lumière. Comme le soulignait Benoît XVI dans sa lettre aux catholiques de Chine, la fidélité à l’Évangile est plus forte que la contrainte idéologique, et l’espérance ne peut être étouffée. « Laissez venir à moi les petits enfants » dit le Christ : c’est un appel à protéger leur innocence, et non à l’exploiter pour condamner les croyants. Là où la propagande cherche à imposer la peur et la haine, l’Église proclame la vérité du Christ, seule capable de libérer l’homme et de lui rendre sa pleine humanité.