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Colombie : Le cri de l’Église contre une guerre oubliée

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Face à l'escalade de la violence dans la région du Catatumbo, l’épiscopat colombien appelle au dialogue et à la prière. Un cri d’alarme pour un pays qui peine à retrouver la paix.

L’Église catholique en Colombie, par la voix de la Conférence épiscopale de Colombie (CEC), a publié un communiqué le 21 janvier 2025, exprimant sa profonde inquiétude face à la recrudescence des affrontements entre groupes armés dans le département du Norte de Santander. À travers ce document officiel, les évêques appellent à un cessez-le-feu immédiat et exhortent les autorités à reprendre les efforts de paix. Dans un geste symbolique fort, une journée de prière nationale aura lieu le dimanche 26 janvier dans toutes les églises du pays.

La Colombie, marquée par plus d’un demi-siècle de conflit armé, voit ressurgir des tensions meurtrières. La région du Catatumbo, frontalière avec le Venezuela, est le théâtre d’affrontements entre l’Armée de libération nationale (ELN) et des factions dissidentes des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Depuis le début de cette flambée de violence, plus d’une centaine de personnes auraient été tuées et des milliers de familles ont été contraintes à l’exil.

Dans leur communiqué, les évêques dénoncent cette situation dramatique :

« La violence engendre plus de violence, génère des pertes humaines irréparables, sème davantage de haine, de division et de pauvreté. »

Ils rappellent que les conflits armés ne font qu’aggraver la souffrance des populations locales, en particulier des enfants, des femmes et des personnes en situation de vulnérabilité. La CEC souligne que ces affrontements ne sont pas seulement une violation des droits fondamentaux, mais qu’ils mettent également en péril l’unité nationale et la paix tant recherchée par le peuple colombien.

Si l’Église parle d’une « guerre oubliée », c’est parce que, malgré l’intensité des combats, ce conflit semble relégué au second plan. Après les accords de paix de 2016, la communauté internationale a tourné la page, tandis que les médias se focalisent sur d’autres crises. Pourtant, la violence continue, causant des milliers de victimes, dans l’indifférence générale.

Loin de Bogotá, les populations rurales du Catatumbo subissent les affrontements entre guérillas et narcotrafiquants, sans que le gouvernement ne parvienne à restaurer la paix. Face à cette réalité occultée, l’Église catholique reste l’un des derniers remparts, dénonçant cette tragédie et rappelant au monde que la guerre en Colombie n’a jamais réellement pris fin.

L’Église catholique en Colombie a toujours joué un rôle central dans les processus de réconciliation. Historiquement, elle a œuvré comme médiatrice entre le gouvernement et les groupes armés. Aujourd’hui encore, elle reste un pilier dans l’accompagnement des victimes et la reconstruction du tissu social.

Le cardinal Luis José Rueda Aparicio, archevêque de Bogotá et président de la CEC, figure parmi les voix les plus engagées pour dénoncer les exactions contre la population. Aux côtés d’évêques locaux, comme Mgr Israel Bravo, évêque du diocèse de Tibú, il multiplie les appels à la cessation des hostilités et à une action humanitaire d’envergure.

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Le communiqué officiel de la CEC, publié le 21 janvier, s’adresse directement aux protagonistes du conflit :

« Nous appelons les groupes armés à cesser immédiatement les hostilités et à respecter les droits humains et le Droit international humanitaire. »

Par ailleurs, les évêques exhortent le gouvernement colombien à reprendre le dialogue et à mettre en œuvre avec détermination les accords de paix déjà signés, afin de garantir une solution durable à cette crise.

Lors d’une conférence de presse tenue à Cúcuta, le père Martín Sepúlveda Mora, directeur de la communication de la CEC, et le père Mauricio Rey Sepúlveda, directeur du Secrétariat national de la pastorale sociale, ont rappelé les actions concrètes de l’Église pour venir en aide aux populations touchées. Les diocèses les plus affectés, notamment Tibú, Ocaña et Cúcuta, bénéficient d’une présence renforcée pour l’aide humanitaire, le soutien psychologique et l’assistance spirituelle.

cardinal Luis José Rueda Aparicio

Consciente de la gravité de la situation, l’Église appelle à une journée nationale de prière le 26 janvier 2025. Cet événement, organisé dans toutes les paroisses du pays, vise à unir les fidèles dans un élan de supplication pour la paix.Les évêques rappellent que :

« La paix est possible. Nous sommes convaincus que l’engagement en faveur du dialogue, du pardon et de la réconciliation est un véritable signe d’espérance pour tous. »

Au-delà de cet appel spirituel, l’épiscopat colombien exhorte la communauté internationale à ne pas détourner le regard et à soutenir les efforts en faveur d’une paix durable. La CEC insiste sur le rôle fondamental des organisations humanitaires et de la société civile dans la reconstruction du pays.

Dans un ultime message, l’Église catholique renouvelle son engagement à accompagner les populations affectées et à œuvrer pour une Colombie réconciliée :« Conscients du pouvoir de la prière, nous croyons que, grâce à l’aide de tous, il est possible de surmonter les conflits qui blessent le pays depuis trop longtemps. »

L’engagement de l’Église témoigne d’un désir profond de voir la Colombie guérir de ses blessures et avancer vers un avenir où la violence ne sera plus la norme, mais une ombre du passé.

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