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Congo : une veillée funèbre transformée en carnage, 72 chrétiens massacrés par les djihadistes de l’État islamique

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L’État islamique a revendiqué l’attaque, comme il le fait systématiquement, se vantant d’avoir tué près de 100 chrétiens

L’est de la République démocratique du Congo a une nouvelle fois été frappé par l’horreur. Dans la soirée du 8 septembre, des combattants affiliés à l’État islamique ont attaqué le village de Nyoto (appelé aussi Ntoyo selon certaines sources), dans la province du Nord-Kivu, ciblant une veillée funèbre chrétienne. Ce qui devait être un moment de prière et de recueillement s’est transformé en massacre de masse.Selon les témoignages recueillis sur place, une quarantaine de terroristes de l’ADF (Forces démocratiques alliées), lourdement armés de fusils et de machettes, ont encerclé le village aux alentours de 21 heures. Après avoir incendié des habitations et des véhicules, ils ont fait irruption dans une maison où des chrétiens s’étaient réunis pour une veillée mortuaire. Là, ils ont tué sans distinction hommes, femmes et enfants.

Le bilan officiel communiqué par les autorités locales s’élève désormais à 72 victimes. Parmi elles, de nombreuses femmes et enfants. Les survivants rapportent que la plupart ont été massacrés à la machette, certains exécutés à bout portant. L’hôpital général d’Oicha a reçu la majorité des corps dès le lendemain.« Ils ont tué tout le monde qu’ils trouvaient. Même si la majorité étaient des chrétiens, ils n’avaient pas de cible précise, ils tuaient sans distinction », a confié un survivant à une organisation locale. D’autres témoignages évoquent des familles entières anéanties.

L’État islamique a revendiqué l’attaque, comme il le fait systématiquement, se vantant d’avoir tué près de 100 chrétiens

Ces revendications servent à intimider les populations, défier les autorités locales et recruter de nouveaux partisans en affichant une image de puissance et de cruauté.Ce massacre s’inscrit dans une série d’attaques visant les chrétiens de l’est du Congo. Fin juillet, dans la province voisine de l’Ituri, une église catholique avait été attaquée lors d’une veillée de prière, faisant au moins 43 morts, dont neuf enfants. En février, dans une église protestante du Nord-Kivu, 70 villageois avaient été enfermés plusieurs jours puis exécutés à coups de marteau et de machette.

Le 9 septembre, au lendemain de l’attaque de Nyoto, les ADF ont de nouveau frappé à Fodotu, dernier grenier alimentaire de la région. Alors que des civils s’y rassemblaient pour chercher de la nourriture, les militants les ont pris en embuscade, tuant encore plusieurs dizaines de personnes.Malgré les déclarations du gouvernement congolais affirmant poursuivre des opérations militaires contre les groupes djihadistes, les populations locales se disent abandonnées. Les forces de l’ordre arrivent presque toujours trop tard. Des organisations de terrain rappellent qu’un simple système d’alerte – tambours, sifflets ou cornes – pourrait déjà sauver des vies. Mais les villages restent sans moyens face à des groupes armés aguerris.

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Chaque nouvelle attaque provoque des déplacements massifs. Des milliers de familles se réfugient vers les grandes villes ou les camps de déplacés, dans des conditions précaires. Pendant ce temps, les groupes armés profitent de la richesse minière et agricole de la région, notamment du cacao et de l’or, pour financer leur violence.Les chrétiens de l’est du Congo vivent sous la menace permanente d’une persécution sanglante. Funérailles, offices religieux, rassemblements communautaires deviennent des cibles mortelles. Pasteurs et prêtres enterrent leurs fidèles en appelant désespérément à une protection internationale.« La communauté internationale ne peut rester silencieuse », a déclaré Jordan Sekulow, directeur de l’ACLJ (American Center for Law and Justice), qui a récemment alerté le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève. Selon lui, chaque saison de récolte est désormais associée à la peur de nouveaux massacres.

Face à cette spirale de violence, les appels se multiplient pour que la communauté internationale agisse concrètement afin de protéger les chrétiens et les populations civiles du Nord-Kivu et de l’Ituri. Sans une réponse ferme et coordonnée, les massacres risquent de se poursuivre, vidant peu à peu églises et villages de leurs habitants.

Chronologie récente des principaux massacres attribués aux ADF

  • 8 septembre 2025 – Nyoto (Nord-Kivu) : 72 chrétiens massacrés lors d’une veillée funèbre.
  • 9 septembre 2025 – Fodotu (Nord-Kivu) : attaque contre un grenier communautaire, plusieurs dizaines de morts.
  • 26-27 juillet 2025 – Komanda (Ituri) : attaque d’une église catholique, au moins 43 morts dont 9 enfants.
  • février 2025 – Kasanga (Nord-Kivu) : 70 villageois enfermés puis exécutés à coups de marteau et de machette dans une église protestante.
  • Beni (Nord-Kivu), septembre 2025 : 18 chrétiens tués lors d’une embuscade contre des civils.

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