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De la tente de la Rencontre à la tente du migrant : un amalgame préoccupant

Capture écran - Le Jour du Seigneur
Capture écran - Le Jour du Seigneur
Lors de la retransmission de la messe de l’Ascension dans l’émission Le Jour du Seigneur, un commentaire a établi un parallèle entre le tabernacle biblique et les tentes de migrants. Une interprétation qui suscite le malaise, tant elle brouille les repères de la foi chrétienne au profit d’un discours idéologique

« Tout près de l’hôtel et du tabernacle triangulaire qui abrite le corps du Christ, vous apercevez cette tente dorée, œuvre de Thibaut Lucas, un artiste local. En latin, petite tente se dit d’ailleurs tabernaculum. Cette œuvre évoque la tente de la rencontre avec Dieu, durant l’exode du peuple hébreu. » Ainsi commence le commentaire diffusé lors de la retransmission de la messe de l’Ascension ( durant la communion) , dans l’émission Le Jour du Seigneur. Mais la suite de la voix off laisse songeur : « Elle vient nous dire aussi que la présence de Dieu se vit dans la rencontre avec l’étranger ou le sans-domicile, qui n’a pour abri qu’une tente au bord du canal Saint-Denis à deux pas d’ici. »

Peut-on vraiment établir un tel parallèle ? Comparer la « tente de la rencontre » de l’Exode, lieu sacré où Moïse parlait avec Dieu « face à face, comme un homme parle à son ami » ,avec la tente d’un migrant sans domicile fixe revient à poser une équivalence qui, pour beaucoup de fidèles, relève de la confusion spirituelle.

Le commentaire poursuit encore : « Seigneur, toi qui donnais rendez-vous à Moïse dans l’attente de la rencontre, fais de nos vies des lieux d’accueil, comme des maisons d’église, des abris de paix, où l’on peut se parler cœur à cœur. » Mais cette invocation sincère, pour être authentiquement chrétienne, ne peut occulter le contenu de la Révélation.

Dans l’Écriture sainte, l’étranger est avant tout l’étranger à la foi. Il ne s’agit pas seulement d’un statut social ou géographique, mais d’une condition spirituelle. Le Christ est venu appeler à lui les païens pour les introduire dans l’Alliance. L’hospitalité chrétienne n’est jamais dissociée de l’annonce du salut.

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Or, le migrant dont il est question ici n’est pas nécessairement en quête de Dieu. Il est, dans 90 % des cas, porteur d’une foi différente, principalement l’islam et ne demande ni catéchuménat, ni conversion. Il vient chercher une situation matérielle plus stable. Faut-il pour autant faire de sa tente un tabernacle ? Peut-on sérieusement superposer la présence réelle du Christ et un refuge de fortune au bord du canal ?

Ce glissement, que l’on retrouve de plus en plus souvent dans les discours ecclésiaux, est révélateur d’un militantisme idéologique. Une partie de l’Église, consciemment ou non, instrumentalise la charité chrétienne pour en faire une arme politique au service d’une certaine vision du problème des migrants. Sous couvert d’« accueil inconditionnel », elle efface peu à peu la dimension surnaturelle du message évangélique.Il ne s’agit pas de refuser la compassion ni de rejeter ceux qui souffrent. Mais il est nécessaire de rappeler que l’Église n’a jamais été une ONG. La charité chrétienne est ordonnée au salut des âmes, non à la validation des idéologies de ce monde. En assimilant la « tente de la rencontre » à celle du migrant, on ne rend service ni à la foi, ni à la vérité, ni même aux migrants eux-mêmes, que l’on réduit à un symbole vide, sans leur annoncer Celui qui peut les sauver.

En novembre 2021 le cardinal Sarah invité d’Europe 1 faisait le bon constat en dehors de toute émotion manipulée:

Il affirmait que les frontières existent réellement : «L’important est d’aider l’Afrique à se développer sur place, et faire que ces jeunes trouvent du travail et restent chez eux», poursuivait-il. Il indiquait que l’Europe doit prendre conscience «qu’il faut discerner, évoluer avec intelligence tout en gardant ses racines, tout en gardant sa tradition». Il soulignait l’importance de la transmission générationnelle en déclarant : «mon idée est que chacun garde ses racines, sa richesse culturelle, historique, et le communique à ses enfants. C’est ce que nous avons tous reçu» et de conclure «Le meilleur accueil que vous pouvez offrir à ces migrants c’est de développer leur pays, qu’ils restent chez eux» avoir comparé l’Europe à une «autodestruction».

Car les vrais pharisiens, aujourd’hui, ce sont ceux qui détiennent la vérité, qui connaissent parfaitement les Écritures, mais qui choisissent de ne pas les proclamer pour ne pas déplaire au monde. Ce sont ces prélats de France qui, dans leur désir d’être acceptés, se taisent sur l’essentiel et transforment la charité chrétienne en slogan sans Dieu.Il faut que ce soit un prélat africain, libéré de cette pression mondaine, qui ait le courage de dénoncer cette récupération : faire du problème des migrants un substitut à la mission, et de la compassion un déguisement commode pour esquiver l’annonce du salut.

L’heure est venue de remettre la liturgie, la parole de Dieu et les signes sacrés à leur juste place. Et de ne pas faire dire aux symboles bibliques ce qu’ils ne disent pas.

Extrait du Jour du Seigneur – Messe de l’Ascension

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