Les Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre ont admis des abus spirituels au sein de leur congrégation et ont entrepris un travail pour mettre fin à ces dérives et reconstruire la congrégation. Les abus ont été reconnus à la suite d’une relecture du passé de l’Institut, qui a permis de mettre en lumière un système d’emprise sur plusieurs décennies, mis en place par l’autorité de l’époque.
La déclaration officielle de reconnaissance d’abus subis au sein des BSCM n’a été publiée que tardivement, près de 20 ans après les conclusions de la visite apostolique de 2004, ce qui manifeste l’ampleur et la profondeur de l’emprise. Les responsables actuelles de l’Institut ont demandé pardon à toutes celles qui ont été victimes de ces abus et ont exprimé leur gratitude envers celles qui ont brisé le silence. L’Institut s’est engagé dans un chemin de réforme et de conversion, avec des mesures pour un juste exercice de l’autorité et une formation continue des sœurs. Les signataires de la déclaration commune demandent également la mise en place d’une commission indépendante et pluridisciplinaire pour identifier, comprendre et analyser l’ensemble des dérives qui ont eu lieu et envisager les contours d’une juste réparation.
Roseline de Romanet, ex-prieure (1998-2004) de la congrégation des Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre, a quitté la communauté en 2004 avant d’être relevée de ses vœux en 2010. Dans une interview accordée à La Croix, elle qualifie le communiqué publié par la congrégation de « fruit d’un très long travail ». Elle dénonce la manipulation et le consentement fabriqué au sein de la congrégation et l’inaction de l’Église face à ces pratiques.
Elle explique que l’emprise exercée par une ancienne supérieure au sein de la congrégation a conduit à des abus multiples et dramatiques, ainsi qu’à un grave dysfonctionnement au cœur de l’Église.
Malgré l’alerte donnée à plusieurs reprises, y compris par deux visites apostoliques de Rome, il a fallu plus de vingt ans pour que la congrégation commence à résoudre les difficultés.
Elle décrit comment cette personnalité a utilisé le chantage affectif, le mensonge et la manipulation pour maintenir son pouvoir et comment cela a affecté la liberté des sœurs au sein de la communauté. Les sœurs ont été empêchées de parler à leur famille et forcées de voter pour une candidate en particulier lors des chapitres généraux. Elles ont également été infantilisées et soumises à une surveillance constante.
Roseline de Romanet a été nommée prieure générale à l’âge de 29 ans, mais elle a rapidement compris qu’elle était une « prieure potiche » placée là pour permettre à l’ancienne supérieure de continuer à faire ce qu’elle voulait. Elle a été entravée dans sa tâche par des sœurs missionnées par l’ancienne prieure, qui ont fouillé ses poubelles et ont même changé la serrure de son bureau une fois.
Elle souligne également que sa propre sœur a été victime des pratiques abusives de la congrégation et que cela a entraîné une épreuve indicible pour elle et sa famille. Malgré tout cela, elle a rencontré un réel mépris de la part de l’Église, qui a souvent minimisé les événements en les considérant comme « une affaire de bonnes femmes ». Roseline de Romanet dénonce cette grave lâcheté et le manque de responsabilité abyssal de l’Église dans cette affaire.
Source RC.