Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire, sans frémir, l’entretien accordé par la présidente de la CORREF au journal La Vie le 18 juin dernier.Dans ce texte, qui se veut lucide et engagé, Véronique Margron amalgame salement piété filiale, respect de l’autorité et silence complice face à l’inceste, elle laisse entendre que plus une famille est croyante, plus elle serait susceptible d’étouffer les victimes.
C’est un glissement sémantique aussi pervers que dangereux, une trahison intellectuelle doublée d’une faute théologique.Les propos récents de Véronique Margron marquent une nouvelle étape dans la campagne de discrédit lancée contre la famille catholique. En reliant la piété filiale, le respect de l’autorité et un silence complice face à l’inceste, cette « destructrice idéologique « de l’Eglise de France franchit une ligne rouge, celle de la calomnie contre l’institution familiale chrétienne, pilier de toute société civilisée.
À partir d’un cas dramatique, que nul catholique ne saurait nier ni minimiser, elle généralise, accuse, caricature : « Plus une famille est croyante, plus le tabou est fort. » Comme si la foi catholique était responsable du silence et de la terreur. Quelle imposture ! Ce n’est pas la foi qui bâillonne, c’est le péché, l’orgueil, la lâcheté humaine, que l’on retrouve aussi dans les familles athées ou agnostiques.
Le discours de Véronique Margron est un chef-d’œuvre de confusion. Elle accuse la famille catholique d’être un terrain propice à l’étouffement des victimes, et appelle à remettre en cause le discours de l’Église qui magnifie la famille comme « lieu de sécurité ». À la lire, il faudrait cesser de proclamer que la famille est sacrée, au motif que certains y ont été trahis. Faut-il aussi renoncer à la foi, parce que Judas a trahi ? Ou jeter aux orties le sacerdoce, parce que certains prêtres ont péché ? Cette logique est absurde, dangereuse et perverse.
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Anne-Marie Pelletier en rajoute une couche en dénonçant la « mythologie de la belle famille chrétienne ». Mais de quelle mythologie parle-t-on ? L’Église ne prétend pas que toute famille chrétienne est parfaite, elle affirme que la famille, voulue par Dieu, est un lieu de croissance, d’amour, de transmission et de sanctification. Attaquer cet idéal, c’est attaquer la foi elle-même.Et voilà qu’on voudrait que les homélies deviennent des dénonciations sociologiques, que la catéchèse soit un cours de déconstruction, que les prêtres fassent la guerre à l’image de la famille catholique. Jusqu’où ira cette dérive ? Faudra-t-il bientôt remplacer l’Évangile par les rapports de la Ciivise ?
Il faut le redire clairement, l’Église, dans son enseignement, n’a jamais cautionné l’omerta. Elle a proclamé la beauté du mariage, la dignité inaliénable de l’enfant, la vocation sacrée de la famille. Et c’est justement parce qu’elle croit cela qu’elle condamne avec la plus grande fermeté l’abus et l’inceste, qui en sont la négation la plus atroce.
Le reproche selon lequel les catholiques confondraient spiritualité et psychologie est tout aussi malhonnête. Il n’y a dans la doctrine catholique aucune opposition à la justice, à la réparation, à l’accompagnement psychologique des victimes. La foi ne remplace pas la justice, elle l’élève. Le pardon ne nie pas le crime, il le surmonte, lorsqu’il est librement choisi par la victime et soutenu par la vérité.Faut-il aussi rappeler que l’Évangile n’a jamais exigé le silence des victimes, ni le pardon immédiat, ni la réconciliation imposée ? Le pardon chrétien n’est pas une stratégie d’oubli, mais un chemin de vérité, de justice et, parfois, de libération. Ce n’est pas un outil de manipulation, mais une grâce reçue, quand l’âme est prête.À force de vouloir dénoncer les défaillances, certains finissent par haïr ce qu’ils auraient dû défendre. Ils jettent la suspicion sur toutes les familles nombreuses, toutes les mères courageuses, tous les pères croyants. Ils dépeignent la foi comme un danger, la tradition comme un mensonge, la famille comme une façade coupable. Cette inversion accusatoire est insupportable.
Que Madame Margron balaie devant sa porte. Qu’elle relise la Sainte Famille de Nazareth. Elle y découvrira que ce n’est pas la famille qui rend muet, c’est le mensonge. Ce n’est pas la foi qui enchaîne, c’est la peur. Ce n’est pas l’Évangile qui protège les criminels, c’est l’oubli de Dieu.« La vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32), encore faut-il ne pas en faire une arme contre ceux qui vivent dans la lumière.