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Démission de l’évêque de Liverpool : une décision imposée par la pression médiatique ?

Monseigneur John Perumbalath - DR
Monseigneur John Perumbalath - DR
Il est inquiétant de constater que des accusations infondées, relayées par certains médias, peuvent aujourd’hui suffire à briser une vie et un ministère.

La démission de Monseigneur John Perumbalath, évêque de Liverpool, annoncée le 29 janvier, s’inscrit dans un climat ecclésial déjà fragilisé de l’Eglise d’Angleterre. La démission le 19 janvier dernier de Justin Welby, archevêque de Cantorbéry avait surpris beaucoup de fidèles britanniques et laissé un grand vide.

Cette succession de départs jette une lumière crue sur la fragilité de l’autorité ecclésiastique face à une société médiatique prompte à condamner sans preuves. L’évêque, qui affirme n’avoir commis aucune faute, se voit contraint de quitter son ministère sous le poids d’accusations non fondées et d’un véritable lynchage médiatique orchestré par la presse grand public.

Monseigneur John Perumbalath, né le 23 mai 1966 à Mananthavady, dans l’État du Kerala en Inde, est un évêque de l’Église d’Angleterre. Issu de la communauté chrétienne syrienne du Kerala, il a étudié la théologie en Inde avant de poursuivre des recherches en herméneutique au King’s College de Londres et à la North-West University. Ordonné prêtre en 1995, il a exercé divers ministères en Inde et au Royaume-Uni, devenant archidiacre de Barking en 2013, puis évêque de Bradwell en 2018. Depuis 2023, il est évêque de Liverpool, où il exerce son ministère au sein du diocèse. Sa démission intervient après que Channel 4 News a annoncé la diffusion d’un reportage contenant des accusations d’inconduite portées contre lui par deux femmes.

L’évêque a toujours nié ces allégations et rappelle qu’elles ont été jugées non fondées par des experts du National Safeguarding Team de l’Église d’Angleterre. De plus, l’une de ces accusations a été examinée par la police, qui a conclu à l’absence de toute infraction.

Malgré ces conclusions, les médias ont persisté dans une « campagne de désinformation« , transformant des soupçons en quasi-certitudes. Pire encore, certaines publications ont prétendu, à tort, que Mgr Perumbalath n’avait pas réussi l’évaluation de protection des mineurs avant son accession à l’épiscopat. L’évêque réfute catégoriquement ces affirmations, et l’Église d’Angleterre elle-même a clarifié la situation : son évaluation n’a révélé aucune préoccupation quant à ses compétences en matière de protection, ne recommandant que des ajustements liés à ses nouvelles responsabilités.

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Une démission contrainte par la dictature de l’opinion publique ?

Dans son communiqué, l’évêque de Liverpool explique que son « procès médiatique » a rendu sa position intenable, et que son maintien en poste risquait de nuire au diocèse et à l’Église. Il affirme cependant qu’il ne s’agit pas d’un aveu de culpabilité, mais d’un choix visant à préserver la stabilité de la communauté anglicane locale. Il est inquiétant de constater que des accusations infondées, relayées par certains médias, peuvent aujourd’hui suffire à briser une vie et un ministère. Cette situation rappelle tristement d’autres affaires où des prélats ont été contraints à l’exil ou à la démission sous la pression de l’opinion publique, sans jamais bénéficier de la présomption d’innocence.

Alors que l’Archidiocèse de York s’apprête à nommer un successeur intérimaire pour superviser le diocèse de Liverpool, cette affaire soulève une question cruciale : jusqu’où l’Église peut-elle céder face aux diktats du monde moderne et de certains médias ?

L’acharnement médiatique contre Monseigneur Perumbalath marque une nouvelle étape dans l’instrumentalisation des allégations pour affaiblir l’autorité des pasteurs. De son coté l’Église catholique en France a aussi déjà trop souvent plié face à ces campagnes destructrices, parfois par crainte du scandale, parfois par maladresse, parfois par un zèle disproportionné des autorités ecclésiastiques. Aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire que l’Église défende ses prêtres contre certaines attaques injustes et arbitraires, qui au nom de la vérité veulent simplement nuire à l’institution.La présomption d’innocence ne doit pas être une chimère mais une réalité protectrice de l’intégrité des hommes d’Eglise.

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