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Dérive de la laïcité : L’Italie interdit la prière à proximité des cliniques qui pratiquent l’avortement

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Une résolution votée en Émilie-Romagne permet désormais d’interdire les veillées de prière et les manifestations pro-vie devant les hôpitaux et cliniques où sont pratiqués des avortements

En Italie, pays façonné par le catholicisme, cette décision marque un tournant inquiétant pour la liberté religieuse.Le 16 septembre, la majorité de gauche régionale (Parti démocrate, 5Stelle, Avs et Civici avec De Pascale) a voté une résolution autorisant les Conférences territoriales sociales et sanitaires ainsi que les Comités consultatifs mixtes à interdire toute manifestation de liberté de pensée ou de religion à proximité des hôpitaux, des centres de consultation et des cliniques où sont pratiqués des avortements. Derrière l’expression euphémique de « zones d’accès sécurisé », se cache une interdiction claire : plus de veillées de prière, plus de présence silencieuse devant ces lieux.

Le conseiller régional Paolo Trande (Avs) a tenté de minimiser, parlant d’un simple « déplacement de quelques mètres ». Mais la réalité est là : prier le Rosaire devant une clinique devient désormais impossible. Cette mesure viole directement la liberté de pensée et de religion garanties par la Constitution italienne. Elle révèle aussi que les partisans de l’avortement redoutent la force d’une présence spirituelle, même silencieuse et pacifique.

Un coup porté aux libertés fondamentales

Lorenzo Casadei (M5S), premier signataire du texte, a déclaré : « Ici, en Émilie-Romagne, nous dresserons un mur de laïcité contre toute tentative d’imposer une morale d’État ». Mais n’est-ce pas précisément ce qu’a fait l’État italien en 1978, en imposant la loi 194 qui légalise l’avortement jusqu’aux premiers mois de grossesse ?

Sur ce point, le média italien La Nuova Bussola Quotidiana dénonce l’hypocrisie de la majorité : si l’on interdit la prière devant les cliniques, pourquoi ne pas interdire aussi les Gay Pride qui défilent devant les églises et institutions catholiques, les manifestations syndicales sous les bureaux politiques, les piquets de grève devant les usines ou les cortèges de supporters près des stades ? Toutes ces manifestations troublent également les consciences. Mais elles ne seront jamais inquiétées : le cordon sanitaire ne vise qu’un seul groupe, les chrétiens qui défendent la vie.

De son coté, Maria Rachele Ruiu, porte-parole de Pro Vita & Famiglia, dénonce :« La majorité Pd-5Stelle-Avs criminalise ceux qui défendent la vie, frappant des formes pacifiques et légitimes de libre manifestation du pensée qui en aucun cas n’entravent l’application de la loi 194. […] Il n’existe pas un seul cas où des femmes n’auraient pas pu avorter à cause de la présence de veillées de prière. Au contraire, de nombreuses femmes témoignent avoir remercié le ciel d’avoir rencontré ces volontaires, car grâce à leur soutien elles ont trouvé la force et les aides nécessaires pour poursuivre leur grossesse et accueillir leur enfant. » Ces témoignages sont essentiels : ils rappellent que les veillées ne visent pas à culpabiliser mais à offrir une alternative, un accompagnement concret et humain. Interdire ces présences, c’est donc priver les femmes d’une véritable liberté de choix.

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La décision italienne s’inspire du modèle britannique des buffer zones (zones tampons), déjà en vigueur autour des cliniques d’Angleterre et du Pays de Galles. Dans ces zones, toute manifestation, même une simple prière silencieuse, peut être sanctionnée.L’affaire la plus connue est celle d’Isabel Vaughan-Spruce, arrêtée à plusieurs reprises pour avoir prié en silence devant une clinique :« Il n’y a pas de place pour la “police de la pensée” d’Orwell dans la Grande-Bretagne du XXIe siècle. Ayant été arrêtée, jugée, traînée devant les tribunaux pendant des mois pour ma prière silencieuse… il est profondément inquiétant de voir entrer en vigueur une législation vague qui peut punir des personnes comme moi, simplement présentes pour aider, pour parler paisiblement ou pour prier. » (ADF International).Bien qu’acquittée, elle continue de subir des enquêtes. Elle le rappelle : « La prière silencieuse ne peut en aucun cas être un crime – chacun a droit à la liberté de pensée. » (CARE UK)

Ces paroles résonnent aujourd’hui en Italie, qui semble vouloir transformer un acte spirituel intime en délit d’opinion. Au-delà du politique, le danger est civilisationnel : interdire la prière publique dans un pays façonné par le catholicisme revient à renier son histoire, ses racines et sa vocation universelle. Cela envoie au monde entier le message que, même en Italie, la foi doit se taire pour laisser place à la culture de mort. L’Italie, qui a donné au monde saint François d’Assise , sainte Catherine de Sienne et tant de papes et de martyrs, devient le théâtre d’un combat où la foi se voit rejetée à la marge de la société. Cette résolution constitue une attaque contre la liberté de religion et de conscience, une discrimination envers les croyants, et un encouragement direct à l’avortement, en contradiction avec l’esprit même de la loi 194 qui, du moins sur le papier, devait proposer des alternatives.

Pourtant, l’histoire montre que les voix réduites au silence ne disparaissent jamais : plus elles sont censurées, plus elles finissent par résonner. La foi, la prière et la défense de la vie trouvent toujours un chemin, car elles sont enracinées dans ce qu’il y a de plus profond dans l’homme. Reste une question inquiétante : assisterons-nous, en France, à ce même type d’interdiction ? La vigilance s’impose, car les libertés fondamentales, une fois entamées, ne s’arrêtent jamais d’elles-mêmes.

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