Le 12 juillet prochain, le Tour de France passera par le petit village de Laubrières, en Mayenne, lors de la 8e étape reliant Saint-Méen-le-Grand à Laval. Pour marquer l’événement, la commune a voulu décorer les rues… mais aussi le toit de l’église Saint-François-et-Saint-Pierre, en y installant des roues, des vélos et des t-shirts colorés et une banderole « Vive le Tour de France ». Une initiative qui, bien que festive, a profondément choqué plusieurs catholiques.
Un prêtre de la région a réagi publiquement sur les réseaux sociaux, dénonçant ce qu’il qualifie de « profanation évidente » :« À l’occasion d’un petit déplacement en voiture, je suis passé dans la commune de Laubrières. J’ai alors aperçu sur le toit de l’église des vélos, des roues, des t-shirts de diverses couleurs et d’énormes lettres ‘vive le Tour de France’. » Le prêtre indique avoir immédiatement contacté le curé de la paroisse, qui aurait dans un premier temps minimisé l’affaire avant de reconnaître qu’il ne souhaitait pas entrer en conflit avec la mairie. Il poursuit :
« J’ai donc appelé le maire pour lui faire part de mon indignation de prêtre de voir de telles choses sur le toit d’une église. Si la chose venait à se généraliser, on finirait par trouver des publicités pour de la lingerie féminine, pour Coca-Cola, et pourquoi pas pour des campagnes électorales ! »
Mais selon lui, la réponse municipale fut laconique : le maire aurait indiqué qu’il en parlerait au conseil communal… autrement dit, « circulez, il n’y a rien à voir ».Face à cette réponse perçue comme désinvolte, l’appel du prêtre à contacter la mairie a rapidement été suivi. Le standard a été saturé, et la municipalité s’est trouvée dans l’obligation de réagir publiquement dans la soirée du 25 juin :« Vous avez été nombreux à nous faire part de votre mécontentement au sujet des décorations posées sur la toiture de notre église. […] Cela n’a pas été fait avec l’intention de nuire au patrimoine religieux ou de provoquer les catholiques. Le Tour de France doit être une fête pour tous […]. Nous tenions à vous informer que tout sera retiré ce soir. Avec toutes nos excuses pour ce malentendu. »
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Cette réponse, signée par la secrétaire de mairie, a été saluée par certains, mais elle n’efface pas l’incompréhension initiale, d’autant que la toiture d’une église est elle aussi affectée au culte, comme le rappelle la jurisprudence du Conseil d’État. En vertu des lois de 1905 et 1907, l’ensemble d’un édifice cultuel y compris son toit ne peut être utilisé à des fins étrangères à l’exercice du culte.
Cet épisode soulève une question plus large sur le traitement réservé aux églises en France par certaines collectivités locales. Dans un contexte où les lieux de culte sont parfois désaffectés, vendus, ou utilisés pour des usages étrangers à leur finalité première, il est légitime d’espérer que David Lisnard, président de l’Association des maires de France, prenne conscience de la nécessité de rappeler le respect dû à ces lieux, même lorsqu’ils relèvent du domaine communal.
Les églises ne sont pas de simples salles communales. Elles sont des lieux consacrés, porteurs de mémoire, de foi et de sacré. Les banaliser ou les transformer en supports décoratifs, fussent-ils joyeux, revient à nier leur vocation spirituelle, au risque d’ouvrir la voie à d’autres détournements plus graves encore.