Par l’abbé Rémi VEILLON-Montlieu la Garde
L’abbé Rémi Veillon aborde les enjeux soulevés par les discussions récentes autour du synode et du diaconat pour les femmes. Il souligne que le texte issu du synode, bien qu’il ait suscité des débats, n’a « aucune valeur normative » et ne peut pas être considéré comme un document magistral.
L’abbé Veillon souligne la distinction entre un « ministère institué » et une ordination diaconale, rappelant l’enseignement traditionnel de l’Église sur le sacrement de l’ordre. Il critique également le manque d’attention portée à des documents magistériels importants, tels que l’encyclique sur le Sacré-Cœur, qui soulignent des vérités fondamentales sur la complémentarité homme-femme et la vocation au service dans l’Église.
Enfin, il insiste sur l’importance de la réforme de l’Église, qui doit se concentrer sur la sanctification des âmes plutôt que sur des changements institutionnels superficiels.
Intégralité du texte de l’abbé Veillon
« Le pape François a bien dit que le texte qui sortait du synode n’avait aucune valeur normative … s’il accepte le texte, n’est-ce pas aller trop loin de dire que celui-ci ferait partie du Magistère ? En toute rigueur de terme, pas d’exhortation apostolique … donc pas de document magistériel ! … mais des idées et des avis … sans aucune valeur normative (donc à suivre).
D’autre part, concernant le diaconat éventuel pour les femmes, s’il s’agit de remettre au goût du jour ce qui s’est fait dans les premiers temps, il ne s’agirait visiblement pas d’ordination, mais de ce que l’on pourrait appeler un « ministère institué » … ce qui est très différent.
Il est donc trop rapide de parler d’ordination diaconale, car il est clair que le mot a plusieurs acceptions. Attention de ne pas confondre lorsqu’il est si facile de se tromper lorsqu’on ne domine pas bien les notions (et il me semble clair que la plupart des journalistes ne les dominent vraiment pas).
Entre premier degré du sacrement de l’ordre et ministère (donc pas dans le sacrement de l’ordre, il y a une ‘sacrée’ différence ! Peut-être pouvons-nous poser la question de savoir si la confusion, non voulue par certains, ne serait pas entretenue par d’autres ?
Le saint Père a exprimé son opposition même au ministère institué (du diaconat) pour les femmes … laisser supposer qu’elles pourraient être ORDONNEES diacre est autre chose et ô combien plus difficile encore, voir impossible lorsque l’on se réfère au Magistère.
Sans aller chercher, on trouve par exemple dans le CIC (Droit canon) c.1024 : « Seul un homme baptisé reçoit validement l’ordination sacrée ». Si l’on parle du diaconat comme premier degré du sacrement de l’Ordre … la conséquence s’impose.
Cf. également I’Enchiridion symbolorum ou Denzinger p 1169 H6 qui parle d’hommes pour recevoir le diaconat. Il y a certainement d’autres occurrences, mais je n’ai pas le loisir d’aller chercher plus loin.
D’autre part, il est vraiment dommage que l’on ne parle pas autant (et même plus) de l’encyclique sur le Sacré Cœur, qui est pour le coup un document officiel du Magistère ordinaire, plus important que ne le serait une exhortation apostolique post-synodale … or il n’y a pas d’exhortation post synodale, mais (comme dit ci-dessus) un texte qui « n’a aucune valeur normative » !!
Pourquoi ne pas parler de l’encyclique du saint Père, et de ses paroles fortes sur la société de consommation de notre temps … il est vrai que cela ne fera pas la joie des ‘grands de ce monde’ !
En outre, il serait bon, un jour, de rappeler la complémentarité homme-femme et non l’opposition qu’il y aurait entre eux. Et également que la réception du sacrement de l’ordre est un service auprès de tous, destiné à aider à la sainteté de tous, sainteté qui est finalement la seule VALEUR REELLE, celle que Dieu veut pour tous et qui mène à la Vie éternelle.
Tout le reste, quelques soient les qualités humaines que l’on ait, quelques soient les dons naturels qui sont les nôtres, quelque soit la position sociale (qui ne rend pas la personne meilleure qu’une autre fondamentalement, mais qui lui permet d’apporter aux autres – malheureusement là aussi on se sert parfois de sa position comme un « pouvoir » et non comme un service pour la communauté), quelque soit ce que l’on a reçu dans la foi, l’ordination ou le mariage ou une vocation autre (religieuse …) tant que l’on suit la volonté divine au mieux !
Nous sommes tous appelés à SERVIR les autres avec ce qui nous a été octroyé par don divin (naturel ou surnaturel). La jalousie et l’envie n’ont pas leur place ici, et si elles pointent leur nez, nous ne devons pas changer les choses en fonction de ces vices.
Une dernière remarque : la réforme constante de l’Eglise, réforme qui est l’œuvre de l’Esprit Saint (qui constamment gouverne et réforme l’Eglise), n’est pas une histoire d’institution … ce sont les âmes que le Saint Esprit veut sanctifier et par là réformer l’Eglise (l’histoire l’a toujours montré), les vrais réformateurs de l’Eglise sont les saints (hommes, femmes et enfants). Modifier la façade n’est pas un travail en profondeur, n’est pas une réforme réelle.
L’Eglise n’est pas une institution humaine, mais elle est fondée par le Christ. Les défauts de ses membres ne font pas qu’elle soit pleine de défauts, elle est Sainte, mais que ses membres (effectivement défectueux) s’avancent sur le chemin de la sainteté, de tout leur cœur et notamment avec l’aide des sacrements conférés par le service des ministres ordonnés … mais aussi tellement avec l’aide de tous ceux qui nous entourent, par leur exemple, leur prière etc.
Il existait un ouvrage (?) qui en substance disait : vous voyez un saint ou une sainte, regarder sa mère et vous comprendrez ! Là il est clair que l’influence féminine a toujours été prégnante et largement la plus forte ! Si chacun restait à la place que le Seigneur a voulu, la complémentarité jouerait à plein et porterait du fruit ! Tout le monde en profiterai et pourrait goûter un vrai bonheur.
Plusieurs prêtres m’ont aussi dit, lorsque j’étais séminariste, sache que tu rencontreras dix fois plus de femmes que d’hommes pour t’aider dans ton ministère. La proportion n’est pas tout à fait juste, ils auraient plus dire 20 fois plus … pas ordonnées, mais est-ce pour cela que le Seigneur les brime ? Ne leur a-t-il pas donné une autre façon d’être au service, façon tellement complémentaire et sans laquelle les fruits n’apparaissent pas ou si peu ?
Ces quelques phrases sont aussi un trop plein retenu et qui doit s’écouler … elles viennent aussi du désir de rappeler, comme dit le saint père dans sa récente encyclique, que nous sommes dans un monde d’apparence, de ‘mensonges’, et que les phrases ou les articles lancés comme cela font plus de mal que de bien, et ne sont pas toujours tant là pour informer que pour orienter les personnes.
Toujours en union de prière
+ abbé Rémi VEILLON-Montlieu la Garde »
P.S. Quand la question sous-jacente pour certains de voir un jour des femmes prêtres, le Magistère est formel et DEFINITIF, rappeler encore par la lettre apostolique ordinatio sacerdotalis du saint pape Jean Paul II (suite à tellement de passages du Magistère depuis des siècles …) et également la réponse de la congrégation de la doctrine de la foi peut après, le 28 octobre 1995 (29 -ème anniversaire en ce jour) qui confirme que ce que le saint père a écrit dans Ordinatio sacerdotalis est à tenir de manière définitive (donc impossibilité de conférer l’ordination sacerdotale aux femmes ET interdiction de discuter encore de cela : comme si éventuellement cela pourrait être possible un jour).