Par Philippe Marie
L’expression “national-catholique”, utilisée à tout-va par certains commentateurs, charrie tous les relents sémantiques les plus nauséabonds du “national-socialisme”, cette idéologie d’horreur qui a assassiné des millions d’êtres humains.Rappelons qu’ aujourd’hui il y a des persécutions visibles, brutales, sanglantes, celles qui détruisent les églises et profanent les autels. Et il y a les autres, plus sournoises, plus modernes, celles qui veulent museler les consciences, étouffer la foi et faire taire tout ce qui ne se plie pas au dogme du politiquement correct. C’est de cette seconde forme de persécution dont la France est aujourd’hui le théâtre.
La preuve : ce mail hallucinant révélé par Eugénie Bastié du Figaro . On y lit noir sur blanc qu’une association culturelle, Ciné 32, chargée de la programmation cinématographique dans le Gers, refuse de diffuser le film Sacré Cœur. Motif ? Ce film serait “incompatible avec le principe de neutralité du service public”. Une phrase qu’on croirait sortie d’un autre âge, ou d’un autre régime.Car enfin, de quoi parle Sacré Cœur ? D’un terroriste ? D’un idéologue extrémiste ? Non : d’un homme en quête de sens, d’un cœur qui cherche Dieu. Un film qui célèbre l’amour, la miséricorde, la rédemption. Un film d’art et de foi, porté par une image magnifique, une musique d’espérance et cette lumière rare qui habite les œuvres sincères. Rien, absolument rien, de “prosélyte”.
Mais dans la France d’aujourd’hui, il ne suffit plus de vouloir aimer son prochain, il faut être conforme à une idéologie. Et dans le regard d’une certaine intelligentsia, croire devient suspect. On ne reproche plus au chrétien d’imposer sa foi, on lui reproche simplement d’y croire encore.
Ce qu’invoque Ciné 32, “la neutralité du service public”, n’est qu’une excuse sous couvert de laïcité, pour justifier une hostilité viscérale à tout ce qui évoque les références chrétiennes de la France. En réalité, le catholicisme dérange parce qu’il brûle encore. Parce que sa foi ne s’éteint pas. Parce qu’il ne se contente pas d’une tiédeur morale, mais ose parler d’amour absolu, d’exigence, de don total.Cet épisode survient d’ailleurs après une autre polémique : à Marseille, le maire avait lui aussi tenté, sous prétexte de laïcité, et sans doute mal conseillé par des avocats trop “laïcs” pour comprendre la liberté culturelle, d’interdire la projection du même film. Il a fallu que la justice intervienne pour contraindre la municipalité à respecter le droit et la liberté d’expression.
Voilà donc où nous en sommes : il faut désormais que les tribunaux rappellent à certains élus qu’aimer le Christ n’est pas un délit.
D’ailleurs on confond volontairement radicalité et radicalisation.La radicalité chrétienne, celle de l’Evangile dont parlait Jean-Paul II, c’est celle d’un amour sans concession, d’un message qui exige le pardon jusqu’à l’ennemi, la vérité jusqu’à la croix.La radicalisation laïque, c’est celle d’un despotisme idéologique sous couvert de laïcité, qui refuse toute contradiction, qui exclut, qui efface, qui interdit. C’est ce fanatisme tranquille, ce rouleau compresseur administratif et culturel qui n’a pas besoin de gendarmes, il suffit de ses courriels pour étouffer la liberté.
Et si certains courants politiques cherchent aujourd’hui à récupérer cette radicalité de l’amour pour en faire une radicalisation politique, qu’ils sachent que cela n’a rien à voir avec l’Évangile. Une simple idéologie politique ne pourrait résumer à elle seule le message du Christ. L’amour de Dieu ne s’enferme pas dans un camp. Mais dans une démocratie, faut-il pour autant accuser uniquement ceux que certains médias caricaturent comme appartenant à la “faschosphère”, quand tant d’autres, au nom d’un tout autre courant religieux ou idéologique, revendiquent le pire sans jamais être inquiétés ? Deux poids, deux mesures, voilà la vraie fracture morale de notre temps.Le pire, c’est quand cette confusion est reprise par des journaux dits “catholiques”. Quand, au lieu de défendre la liberté de témoigner de la foi, ils publient des tribunes accusant les croyants d’alimenter une prétendue “récupération politique”. L’on ne peut que se désoler de constater que cette « presse catholique », qui se dit ouverte et moderne, est depuis longtemps polluée par une idéologie qui a effacé toute véritable référence à la doctrine chrétienne. Ces rédactions, si promptes à dénoncer les excès d’une foi ardente, ont oublié que l’Évangile n’est pas un manifeste de tiédeur, mais un appel à la conversion des cœurs.
Oui, nous assistons à une nouvelle persécution. Non pas une persécution des corps, mais des âmes. Une persécution de l’esprit. Plus grave encore, car elle veut contraindre la conscience. Elle ne se contente pas d’interdire, elle veut formater. Elle ne brûle pas des églises, elle éteint la flamme intérieure.Et pendant ce temps, on ne s’émeut plus des actes de vandalisme ou de dégradations matérielles dans les églises.
Ce qui avance aujourd’hui, c’est une armée de l’ombre : des réseaux, des institutions, des programmateurs, des “commissions de sélection” qui, sous couvert de laïcité, traquent et censurent tout ce qui ne s’inscrit pas dans leur horizon fermé. Un rouleau compresseur invisible, mais implacable, qui stigmatise tout ce qui respire autrement.Ce qu’ils craignent, au fond, c’est la beauté. Car Sacré Cœur est beau. Et toute beauté véritable conduit à Dieu. Voilà la faute impardonnable : rappeler que la foi n’est pas une idéologie, mais une rencontre. Qu’on ne convertit pas par contrainte, mais par émerveillement : on propose l’amour du Christ, vous disposez d’y croire ou non.Mais qu’on ne vienne pas nous interdire de proposer.
Ce pays qui a vu naître Pascal, Bernanos et Claudel en est réduit à censurer un film d’espérance. La France, fille aînée de l’Église, se fait aujourd’hui gardienne d’une laïcité punitive. Elle prétend protéger la neutralité du service public, mais elle ne protège plus la liberté des âmes.Voilà la nouvelle persécution des catholiques français : douce, feutrée, culturelle, mais d’autant plus redoutable qu’elle se déguise sous couvert de laïcité.Et pourtant, cette foi qu’ils voudraient taire brûle encore. Elle brûle dans les églises désertées, dans les cœurs blessés, dans ces petites lumières qui ne s’éteignent jamais. Elle brûle dans les films comme Sacré Cœur, dans la prière d’un enfant, dans le silence d’un prêtre, dans le pardon d’une mère.C’est cela, la véritable radicalité. Non pas celle des slogans, mais celle de l’amour. Et rien, jamais, ne pourra la faire taire.
copie du texte du mail de l’asscociation Ciné 32
« Bonjour à toutes et tous,
À nouveau un film distribué par SAJE donne lieu à de nombreux appels et messages par des spectateurs mais aussi de trolls selon une stratégie maintenant bien rodée.
Une fois encore il s’agit d’un film ouvertement d’extrême droite chroniqué notamment par des médias du même bord et des sites catholiques intégristes.
Pour info :
« Jugée trop confessionnelle et prosélyte, incompatible avec le principe de neutralité du service public », la campagne d’affichage du film « Sacré-Cœur » interdite par la SNCF et la RATP.
Nous redisons qu’il nous semble important de résister à cette stratégie très agressive et prosélyte.
Pour notre part et celle de Veo, nous ne travaillerons pas avec ce distributeur et répondons ainsi à nos spectateurs :
– Soit : Parmi les nombreux films qui sortent, ce film ne trouvera malheureusement pas sa place sur nos écrans. Bien cordialement,
– Soit : Nous ne travaillons pas avec ce distributeur et ne diffuserons donc pas ce film. Bien cordialement.
Je pense qu’il est important que nous adoptions une position commune sur ce point.
Vous êtes toutefois libres de vous programmer, mais ce sera sans nous et cela n’apparaîtra pas sur notre programme.
Merci de garder ce mail en interne, et de ne pas le faire circuler.
À très bientôt »
 
								


 
															