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Églises et activités non cultuelles : Tribune Chrétienne interpelle, le Sénat répond

La volonté de "resocialiser" les églises est louable, à condition qu'elle s'exerce dans le strict respect de leur destination initiale.

Face aux recommandations du rapport sénatorial sur l’usage des églises en dehors du culte, Tribune Chrétienne a lancé une pétition pour alerter sur les risques de dérive liés à la « resocialisation » des lieux de culte. Le rapport, porté par les sénateurs Pierre Ouzoulias et Anne Ventalon, propose d’accroître les « activités compatibles » avec l’affectation cultuelle des églises, une orientation qui suscite une vive inquiétude chez de nombreux fidèles et défenseurs du patrimoine religieux.

Le constat mis en avant par le Sénat est celui d’une désaffection croissante de certains édifices religieux, notamment dans les territoires ruraux, où l’entretien des églises représente une charge financière pour les municipalités. L’argument avancé est que, face à cette réalité, ces bâtiments doivent être davantage intégrés à la vie locale à travers des activités culturelles ou sociales, sous réserve de respecter leur caractère sacré.

Mais pour de nombreux catholiques, cette volonté de « resocialisation » est une remise en cause de l’usage strictement cultuel des églises consacré par la loi de 1905. Le risque est d’ouvrir la porte à des événements étrangers à la foi chrétienne, voire en contradiction avec la vocation spirituelle de ces lieux.

Interrogé par Tribune Chrétienne, le sénateur Pierre Ouzoulias a réagi officiellement aux inquiétudes soulevées par la pétition :

« Dans le rapport que j’ai réalisé avec ma collègue Anne Ventalon, nous avons souhaité que les églises accueillent davantage d’« activités compatibles » avec leur affectation cultuelle. Le Sénat est la chambre des territoires et de nombreux maires nous ont fait part de leurs difficultés à continuer à entretenir des églises qui sont vides et dans lesquelles l’activité cultuelle est de plus en plus limitée. Les églises sont le patrimoine commun de la Nation et il faut « resocialiser » leur usage.


À la suite de ce rapport et des états généraux du patrimoine religieux, la conférence des évêques de France a engagé une réflexion avec le ministère de l’Intérieur pour donner un cadre national aux relations entre le curé affectataire et les maires gestionnaires des églises, propriétés des communes afin de mieux organiser les activités non cultuelles dans ces bâtiments. Ce travail doit aboutir dans l’intérêt des deux parties. »

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Derrière ce débat, c’est la question de l’autorité sur l’usage des églises qui se pose. Si la loi de 1905 établit que les édifices cultuels appartiennent aux communes, elle garantit également que leur usage reste exclusivement réservé au culte. De fait, c’est bien l’affectataire – le curé ou l’évêque – qui a le dernier mot sur ce qui peut s’y dérouler.

La volonté de « resocialiser » les églises est louable, à condition qu’elle s’exerce dans le strict respect de leur destination initiale.

La pétition de Tribune Chrétienne met en lumière une crainte partagée par de nombreux fidèles : que cette volonté de réaffectation progressive ne devienne une norme imposée, au détriment du caractère sacré des églises. Si la Conférence des évêques de France est associée aux discussions, l’inquiétude demeure quant à la capacité de l’Église à résister aux pressions pour faire de ces lieux de prière de simples espaces polyvalents.

Alors que ce travail de concertation entre l’épiscopat et les pouvoirs publics se poursuit, les catholiques mobilisés rappellent une évidence : une église n’est pas une salle des fêtes, et son identité première ne saurait être réduite à une simple fonction patrimoniale.

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