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En Haute-Loire, un calvaire érigé pour l’Ascension suscite l’hostilité : quand la foi chrétienne devient une cible

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L'installation d’un calvaire a provoqué une vive réaction allant jusqu’à des amalgames pour le moins scandaleux mêlant la croix du Christ, l’abbé Pierre et Betharram

Le jeudi de l’Ascension, à Larcenac, un hameau de la commune de Saint-Vincent, environ 250 personnes, dont de nombreux scouts d’Europe, se sont rassemblées autour d’un calvaire de cinq mètres, érigé en contrebas du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. L’initiative revient à un couple catholique, Mathieu et Séréna Bourdilleau, qui, grâce à une cagnotte en ligne, ont pu financer cette croix fabriquée par l’association SOS Calvaires. Monseigneur Yves Baumgarten, évêque du Puy, a répondu à leur invitation et a béni la croix dans un climat de prière et de paix.

Mais cette expression pacifique de la foi chrétienne n’a pas été du goût de tout le monde. Un petit groupe de riverains a immédiatement réagi en plantant un « arbre de la laïcité », contre l’avis du maire. « Le principe de laïcité, c’est le respect de chacun et pas d’imposer une religion », ont-ils affirmé, en dénonçant la « visibilité » de la croix. La banderole qu’ils ont déployée en dit long sur la confusion qui entoure leur protestation : « Ni calvaire, ni Abbé Pierre, ni Betharram ». Des figures aussi différentes – et chrétiennes – amalgamées dans un rejet global, où la foi catholique semble être la véritable cible.

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Jean-Marie Bayard, porte-parole du collectif, a fustigé « une opération de prosélytisme évident » et dénoncé « le silence des autorités administratives », alors même que l’installation a été réalisée dans le respect de la loi, sur un terrain privé. Le collectif va jusqu’à comparer ce calvaire à un éventuel minaret musulman, comme pour raviver les tensions en instrumentalisant la notion de « vivre-ensemble ».

En réalité, les croix et calvaires ponctuent depuis des siècles les routes, hameaux et campagnes de France. Héritiers d’une tradition rurale profondément ancrée, ils rappellent la foi de ceux qui ont façonné le paysage spirituel et culturel du pays. On les érigeait aux carrefours, pour sanctifier les chemins, marquer les étapes d’un pèlerinage ou honorer un vœu. Ce patrimoine religieux, souvent restauré ces dernières années grâce à des associations comme SOS Calvaires, participe à l’identité chrétienne de la France.

Mais aujourd’hui, dans un climat de laïcité dévoyée, cette identité devient suspecte. Comme si la simple présence d’un symbole chrétien représentait une agression. Comme si témoigner de sa foi était un crime de lèse-laïcité.

Le climat tendu qui a entouré l’inauguration de ce calvaire est un symptôme préoccupant : une partie de la société française ne tolère plus la visibilité de la foi chrétienne, même lorsqu’elle s’exprime dans la discrétion et le respect. Le soutien de l’évêque du Puy et la participation de nombreux jeunes montrent cependant que la flamme de la foi n’est pas prête de s’éteindre. Mais elle devra désormais affronter, de plus en plus souvent, le vent froid d’une laïcité hostile.

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