Alors que l’Assemblée nationale examine un projet de loi controversé sur le suicide assisté, la Conférence des responsables de culte en France (CRCF) ,réunissant catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans et bouddhistes, a lancé ce jeudi 15 mai un vibrant « appel à la responsabilité politique et humaine ».
Dans un communiqué commun, les leaders religieux mettent en garde contre les « graves abus implicites » contenus dans la proposition de loi visant à inscrire dans la législation française un « droit au suicide assisté ». Ce texte, débattu depuis lundi par les parlementaires, autoriserait les adultes souffrant de maladies incurables, avancées ou terminales, à recevoir ou à s’administrer une substance létale, sous certaines conditions strictes. Un projet qui suscite un vif débat à travers tout l’échiquier politique.
« Legaliser la mort administrée ne sera pas un progrès, mais une régression éthique, sociale et médicale », avertissent les chefs religieux. Ils poursuivent : « Nous devons choisir d’investir dans les soins palliatifs, dans la formation à l’écoute et dans le soutien complet des personnes jusqu’à la fin de leur vie. Cette voie est celle de l’humanité contre l’abandon, de la relation contre la solitude, du soin contre la résignation. »
Derrière un discours empreint de compassion, les signataires dénoncent « un changement radical » : « Ce texte introduit juridiquement la possibilité de donner la mort – par suicide assisté ou euthanasie –, bouleversant profondément les fondements de l’éthique médicale et sociale. »
Le langage même du projet de loi est critiqué : le choix du terme « suicide assisté » viserait, selon eux, à « masquer la véritable nature de l’acte : l’administration volontaire d’un produit létal », dans l’intention de « minimiser la gravité morale de l’acte ». Les responsables religieux soulignent également que ce texte « s’oppose directement au serment d’Hippocrate et au principe fondamental du soin, qui vise à soulager sans jamais tuer ».
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Ils pointent par ailleurs l’absence de « garanties éthiques et procédurales fondamentales ». La procédure permettrait « à un seul médecin d’autoriser un acte létal, sans concertation collégiale ni évaluation psychiatrique préalable ». Le délai d’instruction de quinze jours, suivi d’une période de réflexion de seulement 48 heures – voire moins –, est jugé « indigne d’une décision irréversible et de la gravité de la question ».
Enfin, les chefs religieux alertent sur les conséquences sociales : « Dans les pays où l’euthanasie a été légalisée, les demandes ne cessent d’augmenter et l’on constate une baisse préoccupante des investissements dans les soins palliatifs. Ainsi, la promesse d’un accompagnement digne tend à disparaître derrière une option terminale présentée comme solution. »
Cet appel solennel est signé par Mgr Éric de Moulins-Beaufort pour la Conférence des évêques de France, ainsi que par le responsable de l’Union bouddhiste de France, l’Assemblée des évêques orthodoxes, Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, et le pasteur Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France.