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Euthanasie et salut sans conversion : l’Église aura-t-elle le courage d’excommunier ?

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Ce mardi ne sera pas un simple débat parlementaire. Ce sera un basculement historique, un mardi noir bien plus dévastateur qu’un krach boursier, car il ne ruine pas seulement l’économie, mais la conscience morale d’un peuple

L’Église continuera-t-elle à se taire ? Ou aura-t-elle enfin le courage d’excommunier ceux qui veulent faire de la mort un droit et du salut une évidence sans conversion ? Ce sont des questions que beaucoup de catholiques se posent aujourd’hui. Tandis que le pape Léon XIV tente de restaurer la clarté doctrinale dans une Église embrouillée par des années de confusion morale, certains prélats continuent de flatter les logiques du monde plutôt que de prêcher la vérité révélée. Le cas le plus récent est celui de Monseigneur Gambelli, archevêque de Florence, qui, prenant part à une veillée du groupe LGBT Kairos, a affirmé : « Dieu ne fait pas de préférences entre les personnes ». Derrière cette formule d’apparence bienveillante, se cache une redoutable falsification de l’Évangile.

Car en réalité, cette citation, sortie de son contexte, est aujourd’hui utilisée pour nier les distinctions fondamentales que Dieu établit entre le bien et le mal, entre la fidélité et le péché. Il est donc essentiel de rappeler que Dieu, loin d’être indifférent à la conduite morale des âmes, fait bel et bien des distinctions.

Loin de l’image aseptisée d’un Dieu neutre et sentimental, l’Écriture enseigne que Dieu discerne, juge et appelle à la conversion. « Ne vous y trompez pas : ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les sodomites… n’hériteront du Royaume de Dieu. » (1 Co 6, 9-10) Cette vérité biblique est dure, mais libératrice, le salut est ouvert à tous, mais il n’est promis à personne sans conversion. Or aujourd’hui, certains dans l’Église semblent vouloir abolir cette exigence. À l’image de Mgr Gambelli, on remplace la clarté de saint Paul par une pastorale floue, où la miséricorde devient synonyme de permissivité.

Cette tendance à tordre l’Évangile se manifeste notamment dans l’interprétation biaisée des paroles du Christ : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger… j’étais nu et vous m’avez vêtu… » (Mt 25). Ces œuvres de miséricorde sont trop souvent réduites à leur seule dimension matérielle. Or la Tradition nous enseigne qu’elles ont aussi un sens spirituel, la faim, c’est la faim de vérité, la nudité, c’est l’absence de grâce, l’étranger, c’est celui qui est en dehors de la foi.Ainsi, nourrir l’affamé, c’est enseigner la doctrine. Vêtir le nu, c’est revêtir l’âme de la lumière du Christ. Accueillir l’étranger, ce n’est pas lui dire qu’il peut rester en marge de la foi, c’est l’inviter à entrer dans la maison du Père.

Mais si ces mots du Christ sont aujourd’hui vidés de leur contenu spirituel, c’est parce que beaucoup, évêques compris, ne croient plus que la conversion soit nécessaire au salut. La logique à l’œuvre est claire, le salut n’est plus un chemin, mais un droit. Il ne suppose plus d’effort, de grâce, de foi vivante, mais il serait automatiquement accordé à tous.

Cette idée est séduisante, car elle rassure. Mais elle est fausse. Et surtout, elle est dangereuse pour les âmes. Car elle laisse croire que Dieu bénit tout, que chacun est sauvé quoi qu’il fasse, et qu’il n’y a plus de combat à mener contre le péché.

Cette déformation ne se limite pas à l’Italie. En France, de nombreux diocèses cèdent à la même tentation. Au nom de l’inclusion, on évite de parler du péché. Au nom de la bienveillance, on ne parle plus de l’enfer. Au nom de l’accueil, on refuse d’appeler les âmes à se convertir. Le mot « accompagnement » est devenu un prétexte pour ne plus enseigner l’enseignement du Christ dans sa totalité.

Ainsi, le salut devient une évidence vide, sans foi vivante, sans exigence morale, sans obéissance au magistère. Une illusion douce, mais une illusion mortelle.Cette perte du sens de la vérité se manifeste désormais dans les lois civiles elles-mêmes, comme un prolongement logique du désarmement spirituel.

Ce mardi 27 mai, l’Assemblée nationale s’apprête à voter un texte ouvrant la voie à l’euthanasie. Ce n’est plus seulement la vérité qu’on refuse, c’est la vie qu’on tue. Sous couvert de compassion, on légalisera l’acte de donner la mort. On parlera de dignité, de liberté, d’humanité. Mais en réalité, on institutionnalisera le désespoir. Et derrière les mots doucereux, il y aura des corps supprimés, des consciences abîmées, des soignants dépossédés de leur mission.

Ce mardi ne sera pas un simple débat parlementaire. Ce sera un basculement historique, un mardi noir bien plus dévastateur qu’un krach boursier, car il ne ruine pas seulement l’économie, mais la conscience morale d’un peuple.

À ce stade, une question s’impose, l’Église aura-t-elle le courage d’excommunier les législateurs catholiques qui voteront cette loi ?

Le Catéchisme enseigne avec gravité que « chacun est responsable de sa vie devant Dieu », et que le suicide volontaire, y compris provoqué médicalement, « est gravement contraire à l’amour du Dieu vivant » (CEC 2280-2283). Le Code de droit canonique, dans son canon 1397 §2, prévoit que « quiconque cause la mort d’un tiers par homicide ou par assistance au suicide encourt une peine proportionnée, pouvant aller jusqu’à l’excommunication ». Peut-on rester dans la pleine communion de l’Église lorsqu’on légalise le meurtre assisté de l’innocent ? Le silence serait ici une complicité.

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Face à cette confusion grandissante, l’Église ne peut plus se contenter de phrases creuses. Elle doit proclamer haut et fort que le salut est un don, mais un don reçu dans la vérité. Que Dieu appelle chacun, mais que nul n’entre au Royaume sans renoncement au péché.Si elle veut encore sauver les âmes, elle doit dire la vérité sur le salut, sur la conversion, sur la vie. Sinon, elle ne sera plus sel de la terre, mais poussière dans le vent.

Ce n’est pas être conservateur que de respecter la parole de l’Évangile. Ce n’est pas être intégriste que de suivre l’enseignement de la doctrine. Ce n’est pas être figé dans le passé que de consentir à la Parole. C’est au contraire faire preuve de la plus grande humilité qui soit, face à une parole de vérité qui ne nous appartient pas mais nous précède, nous façonne, nous sauve. C’est refuser les improvisations de l’air du temps. C’est revendiquer sa liberté, la vraie, la seule, celle que donne Dieu.

Comme l’affirmait saint Augustin : « Serre-toi au Christ si tu ne veux pas chanceler, car hors de Lui tu ne tiens pas debout ; entre en Lui si tu veux être en sécurité, car hors de Lui tu es en péril ; reste en Lui si tu veux être stable, car hors de Lui tu tomberas :le pécheur est esclave, mais le juste est libre. » La fidélité n’enchaîne pas, elle libère.

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