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EUTHANASIE : les évêques anglais tirent la sonnette d’alarme

Le cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster - DR
Le cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster - DR
« un risque de glissement du devoir de soigner vers celui de tuer ».

Alors que le Royaume-Uni s’apprête à voter une loi sur le suicide assisté, l’Église catholique d’Angleterre et du Pays de Galles lance un appel solennel à la mobilisation. Un avertissement qui résonne avec force en France, alors que le projet de loi sur « la fin de vie » est en cours d’examen.

Le 25 avril prochain, la Chambre des communes britannique doit se prononcer en troisième lecture sur une proposition de loi visant à légaliser le suicide assisté pour les adultes en phase terminale. Dans une lettre pastorale lue dans toutes les paroisses catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles les 5 et 6 avril, le cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster, a exhorté les fidèles à s’opposer fermement à ce texte : « Tous les catholiques du Royaume-Uni devraient s’opposer à ce projet de loi profondément erroné et aux conséquences imprévisibles », a-t-il déclaré.

Ce texte, porté par la députée Kim Leadbeater, ambitionne de légaliser l’euthanasie d’ici 2029. Il suscite une inquiétude croissante, non seulement chez les responsables religieux mais aussi chez plusieurs parlementaires et professionnels de santé. Le cardinal Nichols dénonce un projet mal préparé, examiné dans la précipitation, et qui comporte, selon lui, « un risque de glissement du devoir de soigner vers celui de tuer ».

La critique du cardinal porte également sur les méthodes employées par le Parlement : « Le projet de loi est long et complexe, mais n’a été mis à disposition des députés que quelques jours avant son examen. Le temps de débat a été réduit au strict minimum. La commission chargée de l’étude n’a auditionné des témoins que durant trois jours, en donnant une place disproportionnée aux partisans du texte. » Pour lui, « ce n’est pas ainsi qu’on légifère sur une question aussi grave et moralement complexe ».

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La situation n’est pas sans rappeler les débats en cours en France, où le gouvernement a récemment présenté un projet de loi sur la « fin de vie » ouvrant lui aussi la voie à l’euthanasie dite « encadrée ». Comme au Royaume-Uni, des voix catholiques, médicales et politiques alertent sur le risque de briser un tabou fondateur : celui de ne jamais donner la mort. En France comme outre-Manche, la sémantique douce cache une rupture anthropologique majeure.

Outre l’Église, la UK Catholic Medical Association a exprimé ses craintes quant à la sécurité des patients dans un système de santé qui autoriserait l’aide au suicide. Plusieurs députés travaillistes ont également retourné leur veste, dénonçant « de nouveaux risques significatifs » et un projet « irrémédiablement vicié ». Parmi les inquiétudes soulevées figurent la possibilité pour un médecin de suggérer la mort assistée à un patient qui ne l’a pas demandée, ou encore la tentation pour des acteurs privés de tirer profit de la souffrance.

Face à cette perspective, le cardinal Nichols en appelle à la conscience des chrétiens, citant saint Paul : « Le Christ Jésus nous a rendus siens ». Et de conclure : « Alors nous aussi, poursuivons ce combat, si crucial en notre temps ».

En France comme au Royaume-Uni, le combat pour le respect du caractère sacré de la vie humaine ne fait que commencer. Le silence serait une complicité.

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