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Evangelium Vitae, 30 ans après : le cri oublié de Jean-Paul II ?

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En plein Jubilé des jeunes à Rome, alors que des milliers de jeunes catholiques célèbrent leur foi dans une ambiance de joie et d’unité, une question brûlante s’impose : leur a-t-on parlé de l’essentiel ?

En plein Jubilé des jeunes à Rome, alors que des milliers de jeunes catholiques célèbrent leur foi dans une ambiance de joie et d’unité, une question brûlante s’impose : leur a-t-on parlé de l’essentiel ? L’encyclique Evangelium Vitae de Jean-Paul II, qui fête ses trente ans cette année, reste aujourd’hui étonnamment absente du discours ecclésial. Pourtant, sans redécouvrir le sens de la vie humaine, aucun discours sur la paix ou l’écologie ne peut tenir debout.

Depuis quelques jours, Rome vibre au rythme de la jeunesse chrétienne. Le pape Léon XIV appelle les jeunes à devenir des artisans de paix, des porteurs d’espérance, et des bâtisseurs d’un monde plus fraternel. Le Jubilé des jeunes prend des allures de grande mobilisation spirituelle face aux crises qui secouent notre planète, des conflits armés aux dérèglements climatiques.Mais en observant les discours et les interventions, une absence frappe : on parle beaucoup de paix, de guerre, de diplomatie, d’écologie, mais qui parle encore du fondement de tout cela, la vie humaine elle-même ?

La paix sans la vie, c’est une coquille vide. L’écologie sans le respect de l’homme dès sa conception, c’est un leurre

Il y a trente ans, Jean-Paul II lançait un appel prophétique avec son encyclique Evangelium Vitae. Il appelait à former un peuple de la vie, capable de résister à la culture de mort grandissante. Aujourd’hui, cette culture est devenue loi. L’avortement est inscrit dans la Constitution française, l’euthanasie s’étend en Europe, 73 millions d’avortements ont été recensés dans le monde en 2024. Et pourtant, ce Jubilé des jeunes ne semble pas s’être arrêté sur cette réalité cruciale.Pendant qu’on discourt sur la paix entre les nations, on oublie trop souvent la paix que l’on refuse à l’enfant à naître. Pendant qu’on encourage les jeunes à porter l’espérance, on les prive du message le plus essentiel : la vie est sacrée, inaliénable, et sa défense est la condition de toute paix authentique.

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L’encyclique de Jean-Paul II n’était pas qu’un texte de bioéthique. Elle portait une vision sociale, enracinée dans la doctrine sociale de l’Église. Elle rappelait que défendre la vie n’était pas un combat parmi d’autres, mais la condition même de toute société humaine juste. Cette dimension est aujourd’hui mise de côté, au profit d’un discours plus consensuel, plus symbolique, mais moins radicalement vrai.Dans Evangelium Vitae, chacun avait une mission, depuis les parents jusqu’aux responsables politiques, en passant par les intellectuels, les soignants, les prêtres et les jeunes eux-mêmes. L’Église avait une structure claire, une finalité précise.

Aujourd’hui, cette clarté est brouillée par un synodalisme où tout semble se diluer dans une bienveillance indistincte

Alors, posons franchement la question : au Jubilé des jeunes, leur a-t-on parlé de l’Evangelium Vitae ? Leur a-t-on transmis cette conscience que sans respect absolu de la vie, toutes les autres luttes deviennent vaines ? Leur a-t-on dit que la paix commence dans le sein maternel, et que la cohérence chrétienne exige d’oser affronter les lois injustes qui tuent ?Il est encore temps de corriger l’oubli. De redonner aux jeunes non pas seulement des slogans, mais une boussole. Et cette boussole, Jean-Paul II l’avait tendue à l’Église entière il y a trente ans. Il serait tragique de continuer à l’ignorer.

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