Depuis 2000 ans

[ événement] Les 1000 ans de l’abbaye du Mont Saint Michel

L’abbaye emblématique du Mont Saint-Michel célèbre son millénaire. Il y a exactement mille ans, la première pierre de l’église abbatiale du Mont Saint-Michel, en Normandie française, fut posée. Ce monument, surnommé par le poète Victor Hugo le “Khéops de l’Ouest”, est devenu l’un des symboles les plus puissants de l’identité catholique française et l’un des sites de pèlerinage les plus importants au monde, accueillant plus de trois millions de visiteurs chaque année. Cette occasion remarquable sera marquée par plusieurs célébrations qui se poursuivront jusqu’à l’automne 2023.

Érigé sur un terrain inhospitalier, perché sur un îlot rocheux d’un kilomètre de diamètre, entouré d’une vaste plaine sableuse soumise aux marées, ce site, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, a résisté à l’épreuve du temps, offrant un spectacle fascinant à travers les générations. L’histoire de ce lieu de prière et de pèlerinage a été aussi précaire et tumultueuse que son environnement. Bien que la construction de l’église abbatiale actuelle remonte à 1023, une première église dédiée à l’archange saint Michel aurait été édifiée dès 708 sur le mont, alors connu sous le nom de Mont-Tombe.

Le réfectoire

Selon “La Révélation”, le plus ancien récit relatant le contexte de la construction de l’abbaye, rédigé au début du XIe siècle, saint Aubert, évêque d’Avranches à l’époque, aurait été visité en rêve trois fois par l’archange, qui lui aurait ordonné d’ériger un sanctuaire en son honneur au sommet du site, “afin que celui dont la vénérable commémoration était célébrée au Mont Gargan puisse être célébré avec la même ferveur au milieu de la mer”.

Saint Aubert entreprit la construction d’une première église pouvant accueillir environ cent personnes. Consacrée en octobre 709, elle fut nommée Mont-Saint-Michel-au-péril-de-la-Mer. Douze chanoines furent installés par le prélat pour réciter les offices divins et accueillir les pèlerins locaux. Au Xe siècle, sur ordre de Richard Ier, duc de Normandie, les chanoines furent remplacés par des moines bénédictins, mécontents du train de vie luxueux des chanoines. En 1023, l’ordre entreprit la construction de l’église abbatiale que nous connaissons aujourd’hui. Celle-ci repose sur trois cryptes taillées dans la roche et l’ancienne chapelle. Ce projet ambitieux marqua une étape décisive dans le rayonnement international du site, où les miracles se multiplièrent au fur et à mesure de l’affluence croissante des pèlerins venant de toute la chrétienté.

Il est nécessaire de prendre conscience de l’énorme travail accompli. Les blocs de granit étaient façonnés sur les îles Chausey, à une distance de 34 kilomètres d’ici. On utilisait la pierre de Caen, une pierre douce et légère, facile à sculpter… Au milieu de la guerre de Cent Ans, lorsque le chœur roman s’est effondré, il a été reconstruit dans le style flamboyant du gothique.

L’évolution architecturale de l’abbaye s’est poursuivie sans interruption jusqu’au XIXe siècle, et l’un de ses moments les plus remarquables fut la construction de “La Merveille” au XIIIe siècle, un chef-d’œuvre de l’art gothique normand. Il est composé de deux bâtiments répartis sur trois niveaux, soutenus par d’imposants contreforts. On y trouve un cloître, un réfectoire, ainsi qu’un hospice, une réserve et des chambres d’hôtes construits en dessous, à 80 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Salle des hôtes

La renommée du sanctuaire a commencé à décliner au XVIIe siècle, lorsque certaines parties de l’abbaye ont été transformées en prison par le pouvoir royal. Pendant la révolution, elle a été saisie par le gouvernement central et est devenue un centre de détention pour les prêtres considérés comme hostiles à la terreur jacobine. Au XIXe siècle, le site, classé monument historique en 1874, a progressivement retrouvé sa vocation monastique et son statut de sanctuaire. La silhouette distinctive de l’abbaye a été encore embellie par une flèche néo-gothique en 1897, surmontée d’une statue dorée de l’archange.

Pour célébrer son millième anniversaire, l’abbaye, souvent surnommée la “Merveille de l’Ouest”, rend hommage à son histoire glorieuse et mouvementée à travers l’exposition “La Demeure de l’Archange”, présentant une trentaine de chefs-d’œuvre jusqu’au 5 novembre. Beaucoup de ces objets, tels que des sculptures, des maquettes, des statues et des pièces d’argenterie, seront exposés pour la première fois aux visiteurs de l’abbaye. Le cloître de l’abbaye du Mont-Saint-Michel.

Un autre moment fort parmi les nombreuses célébrations qui auront lieu cet été et une partie de l’automne sera le “Millennium Solstice”, un spectacle de lumière inédit projeté sur le Mont Saint-Michel depuis différents endroits de la baie le soir du 23 juin. La beauté de ce site sacré, foulé par des millions de pèlerins au fil des siècles, a été célébrée et immortalisée dans les écrits de nombreux grands écrivains depuis plusieurs siècles, de Gustave Flaubert à Théophile Gautier et Victor Hugo. En particulier, il a inspiré le roman “Les Merveilles du Mont Saint-Michel” (1879) du prolifique écrivain Paul Féval.

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