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Exclusif – Scandale financier au Vatican, le cardinal Becciu dénonce un « plan diabolique »

Le prélat dénonce un complot et un plan diabolique pour le détruire ... il précise que le Pape François avait été informé de l’investissement en général.

L’interview exclusive accordée par Son Eminence Becciu à Tribune Chrétienne révèle la vérité d’un homme accusé et jugé qui clame son innocence.

Le cardinal Becciu conteste fermement les détails de sa condamnation, exprimant son incompréhension quant aux motifs qui ont conduit à sa peine. Il se défend notamment d’avoir mal géré des fonds destinés à des œuvres sociales et soutient avoir agi en accord avec les procédures établies, soulignant sa fierté d’avoir contribué positivement à son diocèse.

Le prélat dénonce un complot et un plan diabolique pour le détruire … il précise que le Pape François avait été informé de l’investissement en général.

Interview intégrale :

1. Tribune Chrétienne-Philippe Marie : Vous contestez spécifiquement les détails de votre condamnation, et dans l’affirmative, quels sont-ils?

Cardinal Becciu- En fait, je ne les connais pas encore. Nous attendons les motivations des Sentences. Je n’ai pas encore compris pourquoi j’ai été condamné. Pourquoi aurais-je envoyé de l’argent à la Caritas de mon diocèse? Mais chaque année, depuis la Secrétairerie d’Etat nous envoyions des dizaines de subventions dans le monde entier pour aider les œuvres sociales, et de nombreux diocèses en ont évidemment bénéficié!

J’ai envoyé – en sept ans –  125 mille euros à mon diocèse, et je suis fier d’avoir contribué à une œuvre de mon diocèse, parce que j’ai accueilli la demande de l’évêque et parce que cet argent servait à soutenir une œuvre sociale qui donne du travail à une soixantaine de personnes défavorisées.

Dois-je aller en prison pour ce financement? Ou pourquoi, en accord avec le Pape, ai-je financé l’œuvre humanitaire visant à libérer une religieuse colombienne enlevée au Mali? Eh bien, je suis aussi accusé de cela parce que je l’aurais fait pour mon propre intérêt. C’est incroyable que ce genre de sentence arrive au Vatican et contre un Cardinal!

2.  Tribune Chrétienne-Philippe Marie : Quel rôle précis avez-vous joué dans l’investissement immobilier de l’immeuble de Sloane Avenue à Londres ?

Cardinal Becciu – L’autre accusation concerne le rôle que j’aurais joué dans l’investissement immobilier de l’immeuble de Sloane Avenue à Londres. Quel était mon rôle ? Le rôle propre des Substituts!

Vous devez savoir que le Substitut a un travail énorme à accomplir sous la dépendance directe du Saint-Père et du Secrétaire d’Etat et n’a pas le temps d’aller dans les détails des questions, surtout sur le plan technique. Il est assisté par les différents bureaux (environ 17) à la tête desquels il y a habituellement un prêtre sur lequel incombe la responsabilité de leur gestion et de présenter aux Supérieurs, avec objectivité et compétence, les diverses matières traitées.

Parmi ceux-ci, il y avait aussi le bureau d’administration où justement on s’occupait aussi d’investissements.  Entre autres, on m’a présenté le dossier concernant l’investissement qui comprenait aussi le Palais de Londres et on me l’a présenté comme le plus avantageux pour le Saint-Siège. Connaissant le sérieux de mes collaborateurs, je n’avais aucune raison de douter de la qualité et de l’opportunité de la proposition.

3. Tribune Chrétienne-Philippe Marie :  Pourquoi pensez-vous que l’investissement était avantageux pour le Saint-Père malgré les pertes financières importantes ?

Cardinal Becciu – Je n’aime pas qu’on place le nom du Saint-Père dans les questions financières, sauvegardons sa fonction de Pasteur universel de l’Eglise et parlons, au cas où, du Saint-Siège. Écoutez, au moment où l’on investit, il n’y a pas de pertes financières, sinon il serait irresponsable de faire un tel investissement. Les pertes peuvent venir après. Quand et si elles sont apparues pour le Palais de Londres, je n’étais plus Substitut!

4. Tribune Chrétienne- Philippe Marie : Qu’est-ce qui a motivé votre décision de ne pas retirer la propriété du palais de Sloane Avenue malgré les pertes financières? Dans quelle mesure étiez-vous conscient des risques financiers potentiels de cet investissement?

Cardinal Becciu – Je vous ai déjà répondu dans la question précédente. Je vous le répète, lorsque j’étais Substitut, mes collaborateurs ne m’ont jamais parlé des risques financiers ou des pertes en cours de l’investissement. Au contraire, surtout le chef du Bureau m’a vanté la proposition comme tout à fait convenable et sûre.

5. Tribune Chrétienne-Philippe Marie :Avez-vous reçu des avantages personnels ou indirects liés à cet investissement?

Cardinal Becciu – Le simple fait di me poser cette question m’irrite. Jamais de ma vie, durant les 40 années au cours desquelles j’ai servi le Saint-Siège dans les nombreuses Nonciatures Apostoliques présentes dans le monde entier, parmi lesquelles celle de Paris, je n’ai pensé le moins du monde à mes intérêts personnels.

Personne ne peut m’enlever la joie d’avoir donné ma vie pour l’Église de façon désintéressée ! Non, je n’ai rien eu de cet investissement, même pas une tasse de café ! En effet, durant le Procès, personne n’a osé m’accuser d’avoir eu des avantages personnels. Je n’ai jamais rien eu à faire avec les interlocuteurs. C’était le chef du Bureau administratif qui entretenait les relations avec eux.

6. Tribune Chrétienne-Philippe Marie : Quelle était votre relation personnelle avec le pape François au moment de cet investissement?

Cardinal Becciu – Investissement ou non, mes relations personnelles avec le Pape François ont toujours été bonnes.  Si vous me demandez si j’avais informé le Pape de l’investissement, je vous réponds : oui !

Mais je suis de l’ancienne école qui nous enseignait que la tâche du Substitut était de protéger le Pape et de ne pas l’impliquer dans les affaires « mondaines », financières. La phrase chère aux juristes était « in odiosis non dicitur nomen Pontificis » !

Faire signer au Pape des documents concernant les affaires économiques signifie faire perdre autorité et prestige au Pape, cela signifie le réduire à un simple homme d’affaires! un Substitut assume ses responsabilités, mais sauve le Pape! Pour moi, le document donné par le Secrétaire d’État de l’époque, le cardinal Tarcisio Bertone, par lequel il m’autorisait à investir ce montant déterminé, me suffisait. Puis, comme je vous l’ai dit, le reste était fait par le Bureau de l’Administration qui instruisait les dossiers et me faisait parvenir la proposition.

7.  Tribune Chrétienne- Philippe Marie : Quelle a été votre réaction aux critiques selon lesquelles vous auriez dû être plus prudent dans la gestion des fonds de l’Église?

Cardinal Becciu – Habituellement, ces critiques viennent de ceux qui ne connaissent pas bien le fonctionnement de la Secrétairerie d’État. Comme je l’ai dit précédemment, c’est un Bureau spécial qui s’occupait de cette matière. Dans notre milieu, comme praxis et formation, celui qui présente les propositions au Supérieur doit non seulement éviter de lui faire faire des erreurs, mais aussi de donner une mauvaise image !

Je n’avais donc aucune raison de douter et de me méfier. Si j’avais pensé qu’on pouvait prendre des risques, je n’aurais certainement pas donné mon aval aux choix du Bureau, qui agissait après analyse et étude technique. En matière financière, je n’ai jamais pris de dispositions contraires à ce qui m’avait été suggéré.

8. Tribune Chrétienne- Philippe Marie : Comment votre vie quotidienne a-t-elle changé depuis le début de cette affaire jusqu’à aujourd’hui?

Cardinal Becciu – Je me sens totalement innocent et victime d’une grave injustice. J’ai été condamné pour fausses accusations. Le procès a révélé un plan diabolique pour me détruire. Je me sens dépouillé de ma réputation, de la joie de l’exercice du ministère épiscopal, de ma vision d’Église comme lieu de communion fraternelle.

« Par ‘plan diabolique’, je fais référence aux activités opaques qui ont conduit au soi-disant mémorial de Monseigneur Perlasca. Il a été prouvé lors du procès que celui-ci n’a pas été conçu et rédigé spontanément par Perlasca, mais sollicité par deux dames, ensuite entendues au tribunal. Il suffit de lire les comptes rendus des interrogatoires en salle d’audience pour comprendre que rien n’était spontané et authentique ».

 Depuis quatre ans, j’attends que la vérité émerge, et pourtant la Bible dit qu’il ne faut pas laisser le soleil se coucher sans que justice soit rendue au pauvre escroqué. Une telle injustice était même considérée comme un péché qui criait vengeance devant Dieu ! J’ai la foi que le Seigneur finira par démasquer les opérateurs de l’iniquité. Je garde la sérénité au plus profond de mon cœur, mais je ferai tout pour faire émerger la vérité!

9. Tribune Chrétienne-Philippe Marie : Quelles ont été les principales difficultés rencontrées depuis votre suspension et votre condamnation?

Cardinal Becciu – Passer d’un seul coup d’être un homme d’Église aimé, estimé, proche collaborateur du Pape à être présenté comme étant l’homme le plus corrompu de la Curie romaine et devenir source de scandale pour toute l’Église a été et est une douleur inouïe. J’ai expérimenté sur ma peau la méchanceté humaine. C’est terrible ! Je trouve l’unique consolation et explication en regardant la Croix, où le vrai Innocent nous a précédés dans nos souffrances! Ce n’est qu’en elle que je trouve la sérénité et aussi la force de lutter contre l’injustice et les mensonges. « 

Interview réalisée le 8 juillet 2024.

Remerciements à Son Eminence Giovanni Angelo Becciu et à Maitre Fabio Viglione.

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