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Fête de La Toussaint

Le jugement dernier (1432-1435), détail des saints au Paradis de l'œuvre de Fra Angelico (musée San Marco, Florence, Italie).
Le jugement dernier (1432-1435), détail des saints au Paradis de l'œuvre de Fra Angelico (musée San Marco, Florence, Italie).
La Toussaint est une fête belle et joyeuse, qui nous invite à honorer ceux qui ont été de vivants témoins du Christ.

La Toussaint, fête des saints, représente un moment privilégié pour l’Église catholique, où la multitude des baptisés de toutes races, langues et nations est mise à l’honneur. Ces fidèles, devenus fils adoptifs par la grâce divine et participants à la vie trinitaire, restent souvent anonymes aux yeux des hommes. Seul Dieu les connaît et les a appelés à partager son royaume.

L’origine de cette fête remonte au IVe siècle, lorsque l’Église syrienne consacrait un jour pour honorer tous les martyrs, dont le nombre croissant rendait impossible toute commémoration individuelle. Trois siècles plus tard, dans un effort pour christianiser les traditions païennes, le pape Boniface IV transforma le Panthéon, temple romain dédié à tous les dieux, en une église consacrée à tous les saints. Cette coutume se répandit en Occident, mais chaque Église locale célébrait ses saints à des dates différentes jusqu’en 835, où la fête fut fixée au 1er novembre. Dans l’Église byzantine, la célébration a lieu le dimanche après la Pentecôte.

La prière eucharistique nous rappelle que « Toi seul es saint », car c’est en Lui que se trouve réalisé la plénitude de la sanctification de l’homme. Chaque 1er novembre, l’Église célèbre donc tous ceux et celles qui ont vécu dans la fidélité à l’Évangile et au service des autres, qu’ils soient connus par une canonisation ou demeurent dans l’oubli.

La Toussaint est une fête belle et joyeuse, qui nous invite à honorer ceux qui ont été de vivants témoins du Christ.

Il est essentiel de ne pas confondre la Toussaint (1er novembre) avec la fête des défunts (2 novembre), qui commémore ceux qui nous ont quittés. La communion des saints, véritable lien entre les vivants et les défunts, nous rappelle que nous sommes tous appelés à aspirer à la sainteté.

Cette solennité nous incite à suivre l’exemple des saints, à nous réjouir de leur intercession et à célébrer leur triomphe. Comme l’écrit Charles Delhez dans Prier /

« Saints et saintes de Dieu, vitraux de la lumière divine, parlez-nous de Lui. Vous qui n’avez pas trouvé de date dans nos calendriers, mais qui avez reçu de Dieu une place éternelle, priez pour nous. »

La Toussaint est ainsi un appel à vivre notre foi avec ardeur et à nous inspirateur de ceux qui ont marqué l’histoire par leur dévotion et leur amour du Christ.

Avec Nominis

Homélie de Monseigneur Legrez pour la solennité de la Toussaint

Publié le 2 novembre 2022

« Frères et sœurs,

Le livre de l’Apocalypse évoque une foule immense composée de toutes les nations qui vénèrent le Seigneur et l’Agneau, le Créateur et le Sauveur. En effet, tous les hommes sont appelés à la sainteté comme l’apôtre Paul l’écrivait aux Thessaloniciens : « Oui, ce que Dieu veut, c’est votre sanctification » (1 Th 4, 3). Dieu seul est le Saint. Il désire partager sa sainteté avec toutes ses créatures. C’est son projet ; en créant l’être humain, il le destine à vivre éternellement en sa présence aimante, en son amour éternel.

Célébrer la Toussaint, c’est donc prendre conscience de notre vocation personnelle : la sainteté. Il ne s’agit pas seulement de contempler les saints canonisés, qui font partie de la statuaire et des fresques de nos églises, mais surtout de nous émerveiller de notre destinée.

Nous ne devenons pas saints par nos propres forces. L’Esprit Saint qui a été donné à l’Église dès sa naissance, est le sanctificateur. L’Esprit Saint reçu au baptême nous pousse intérieurement à aimer Dieu et à aimer nos semblables comme le Christ. Avec cette aide du Saint Esprit tout au long de notre existence, il devient possible de vivre « comme il convient à des saints » (Eph 5, 3) et de revêtir « comme des élus de Dieu saints et bien-aimés, des sentiments de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité » (Col 3, 12).

Malgré la richesse des dons du Saint Esprit, nous faisons aussi l’expérience de notre faiblesse et nous aurons constamment besoin de la miséricorde de Dieu. Nous devons tous les jours dire dans notre prière : « Pardonne-nous nos offenses ».

Le constat de la misère et de l’horreur dans lesquelles le péché plonge certains, blesse le corps entier de l’Église et peut nous scandaliser à juste titre. Il nous invite aussi à répondre à notre vocation personnelle à la sainteté avec toujours davantage de ferveur et de zèle. La constitution dogmatique sur l’Église du concile Vatican II affirme : « Chacun doit résolument avancer, selon ses propres dons et ressources, par la voie d’une foi vivante qui stimule l’espérance et agit par la charité ».

Émerveillés par la grandeur de notre vocation à la sainteté, sachons louer et remercier notre Dieu qui nous veut tous bienheureux en nous faisant partager sa sainteté. Ce n’est donc pas un hasard si l’Évangile de cette fête nous a fait entendre les Béatitudes qui ouvrent le premier long discours du Christ en saint Matthieu, traçant le programme de la vie de tout disciple de Jésus.

Seul, sans nul doute, Jésus a vécu de manière parfaite chacune des huit béatitudes. Bien des saints, reconnus ou inconnus du calendrier, à l’école du Christ, illustrent l’une ou l’autre de manière extraordinaire, en raison d’une collaboration étroite avec l’Esprit Saint. Nous sommes créés pour le bonheur éternel : la béatitude ; l’imitation du Sauveur, offre aux disciples un réel bonheur déjà sur cette terre, à travers les paradoxes et les contradictions auxquels nous nous heurtons tous.

En cette période douloureuse que traverse l’Église en France, je désire vous inviter à faire particulièrement vôtre la cinquième béatitude : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiennent miséricorde », telle est notre espérance en ce jour. C’est la miséricorde divine qui fait des disciples des saints et de l’Église entière l’épouse du Sauveur, la nation sainte, sauvée par le sang de l’Agneau, le Seigneur, et sans cesse purifiée par le même sang.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi ».

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