Sous des airs de simplicité affichée, refus de la mozzetta, rejet du trône pontifical, vie à Sainte-Marthe ,le pape François a instauré un style de gouvernement que plusieurs hauts prélats qualifient aujourd’hui de solitaire, autoritaire et déstabilisant. Ce qui fut longtemps tu, par respect ou par crainte, s’exprime désormais plus librement depuis l’élection de Léon XIV. Les langues se délient, et la vérité, souvent maquillée sous des traits de tendresse médiatique, resurgit avec force.
Car derrière le vernis d’humilité et les sourires aux caméras, le pape François n’aimait ni la contradiction ni la tradition. Selon Jean-Marie Guénois*, son choix de s’installer à Sainte-Marthe n’était pas dicté par le souci de pauvreté évangélique, mais par une aversion pour la solitude. Loin de faire des économies, cette décision aurait coûté plus cher à l’Église et désorganisé la logistique du Saint-Siège. Mais François imposait – et tout devait suivre.
Il faut lire Léon XIV, de révélations en révélations (Éditions du Cerf) pour comprendre combien ce pontificat fut une parenthèse d’expérimentations personnelles et de ruptures forcées avec ce que des siècles de sagesse avaient patiemment façonné. Comme le souligne le journaliste du Figaro, « il a concentré tous les pouvoirs entre ses mains, affaiblissant la curie, marginalisant les cardinaux, et réduisant la collégialité à un slogan. » Un seul consistoire convoqué en douze ans : la méthode François était celle de l’homme seul au sommet, convaincu de sa mission mais insensible à l’écoute.Et que dire de son mépris des symboles ? Dès sa première apparition, il délaissa les vêtements traditionnels du successeur de Pierre. Certains y virent de l’humilité. D’autres ,de plus en plus nombreux aujourd’hui , y reconnaissent une volonté d’appropriation personnelle de la papauté, comme si le pontife argentin avait voulu redéfinir la fonction à son image.
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Cette personnalisation excessive du pouvoir pontifical, cette posture de rupture constante, auront certes conquis les médias et les foules profanes, mais elles auront aussi profondément blessé une Église universelle en quête de stabilité, de vérité et de fidélité à sa tradition.Aujourd’hui, avec l’élection de Léon XIV, l’heure du réexamen et de la réconciliation a sonné. Et si l’on peut reconnaître à François un certain charisme, il est plus difficile de nier les dégâts spirituels, liturgiques et ecclésiologiques qu’un tel règne individualiste a laissés dans son sillage. Le respect des formes n’est pas une comédie du pouvoir : il est l’expression d’une fidélité à quelque chose qui nous dépasse.
Le pape François voulait être un homme de rupture. Il l’a été. Mais l’Église, elle, continue ,malgré tout. Et il est heureux qu’un vent de réparation et de clarté semble aujourd’hui souffler depuis Rome.
* Léon XIV, de révélations en révélations, de Jean-Marie Guénois