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Fraternité Saint-Pierre à Caen : faut-il contester ceux qui font revivre une église ?

intérieur de l'église Saint-Michel de Vaucelles - DR
intérieur de l'église Saint-Michel de Vaucelles - DR
La présence de la Fraternité Saint-Pierre dans l’église Saint-Michel de Caen suscite des critiques de la part de certains habitants. Pourtant, cette communauté reconnue par Rome célèbre la messe selon le rite ancien et attire de jeunes familles dans une église longtemps peu utilisée

L’église Saint-Michel de Vaucelles, sur les hauteurs de Caen, est l’un des trésors architecturaux de la ville. Mais aujourd’hui, ce ne sont pas les pierres qui font débat, mais bien ceux qui y prient. Depuis mai 2024, l’édifice est confié à la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (FSSP), une société de prêtres fondée en 1988 avec l’approbation du pape Jean-Paul II. Connue pour célébrer la messe dans le rite dit « tridentin », elle est pleinement en communion avec Rome et dépend du dicastère pour le Clergé.À Caen, comme ailleurs, la Fraternité attire une assemblée fidèle, souvent composée de familles, de jeunes, et d’anciens qui retrouvent dans cette liturgie un lien profond avec la tradition de l’Église. Dans le diocèse de Bayeux et Lisieux, environ 120 fidèles assistent régulièrement aux offices dominicaux selon ce rite.


Un article du Point rapporte que certains habitants du quartier de Vaucelles se sentent « dépossédés » de leur église, regrettant notamment une difficulté perçue à y organiser des obsèques. Des critiques relayées par le groupe politique Citoyens à Caen, qui a saisi le conseil municipal, affirmant que l’église serait devenue la « propriété privée » de la Fraternité.Mais qu’en est-il vraiment ? L’église appartient à la ville de Caen, mais elle est affectée au culte catholique sous la responsabilité du diocèse. Le diocèse de Bayeux et Lisieux a choisi, dans le cadre de ses compétences pastorales, de confier l’usage de Saint-Michel à la Fraternité Saint-Pierre à la suite de la fermeture pour raisons de sécurité de l’église Saint-Sauveur, où elle officiait auparavant.

Le diocèse rappelle par la voix de son porte-parole, le père Laurent Berthout, qu’« l’église Saint-Michel n’est en aucun cas privatisée », et qu’on y célèbre en moyenne une cérémonie d’obsèques par semaine, ainsi que quatre mariages depuis janvier 2025. « Des obsèques à Saint-Michel, il y en a eu cette semaine et il y en aura la semaine prochaine », affirme aussi l’abbé Nicolas Bonechi, chapelain de la Fraternité à Caen.Certains reprochent une ouverture plus restreinte de l’église. Là encore, l’abbé Bonechi répond clairement : « L’église est ouverte en fin de matinée et l’après-midi. Mais il est vrai qu’il n’y a pas de gardien. » Le diocèse confirme que l’ouverture était assurée par des bénévoles, qui se sont retirés, et qu’on en recherche de nouveaux. Cette situation est donc transitoire.De plus, des travaux de sécurité sont prévus dans le clocher, classé depuis 1886, et pourraient entraîner une fermeture temporaire de l’édifice, ce qui explique certaines limitations d’accès.

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La question mérite d’être posée avec lucidité. Avant l’arrivée de la Fraternité, l’église Saint-Michel ne connaissait qu’une activité réduite. Depuis mai 2024, les messes quotidiennes, les confessions, les baptêmes et les catéchismes rythment à nouveau la vie paroissiale. Une liturgie soignée, une pastorale vivante, une fidélité à l’Église : faut-il vraiment s’en plaindre ? Les critiques, souvent politiques ou idéologiques, peinent à masquer une réalité que reconnaissent même certains voisins : l’église est redevenue un lieu de prière quotidien. Et ce, dans le respect des normes diocésaines et sous l’autorité de l’évêque local.

Ce type de situation n’est pas unique. Dans d’autres diocèses de France, des églises autrefois peu fréquentées retrouvent vie grâce à la Fraternité Saint-Pierre ou d’autres communautés attachées au rite ancien. Loin d’exclure, elles rassemblent ceux qui souhaitent vivre leur foi dans un lien profond avec la tradition liturgique de l’Église.

Plutôt que d’opposer les catholiques entre eux, le cas de Caen pourrait inviter à réfléchir : la vitalité d’une paroisse ne se mesure-t-elle pas à la ferveur de ses fidèles, à l’accueil des sacrements et à la fidélité à l’Église ? Le diocèse a fait un choix pastoral qui semble parfaitement cohérent et assumé. Il mérite d’être soutenu, plutôt que mis en cause pour avoir redonné à une église sa mission première : louer Dieu et sanctifier les âmes.

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