Gautier Mornas est directeur du département Art Sacré de la conférence épiscopale française :

[…] on peut établir avec certitude que les églises et chapelles de France sont le « premier musée de France ». Et donc l’accès le plus immédiat aux œuvres d’art pour tout Français. De son côté, le ministère de la Culture atteste que plus de 80% des 300.000 objets classés ou répertoriés sont des objets religieux, souvent conservés dans des églises paroissiales, dont la grande majorité appartient au patrimoine des communes.

A travers les travaux des Commissions diocésaines d’art sacré, organismes ecclésiaux chargés de dresser l’inventaire du patrimoine artistique des églises, on sait qu’un tiers des diocèses de France ont déjà réalisé cet inventaire, 1/3 est en cours, 1 /3 ne l’a pas encore initié, faute de moyens humains et/ou financiers et sans aucun soutien de l’Etat. Une question centrale, avez-vous dit ?

Mais de quel intérêt parle-t-on ? S’il s’agit de son intérêt stylistique architectural, c’est déjà discutable. Car il est facile de critiquer le style néo-gothique comme s’il résumait à lui seul l’architecture de tout le XIXe siècle alors que ce dernier a pu accueillir de nombreuses variétés comme le romano-byzantin ou le néoclassique, pour n’en citer que quelques-unes.

Il y a en effet mille et une façons d’envisager l’intérêt que constitue le patrimoine religieux de notre pays. Et le réduire à son inutilité cultuelle – pour laquelle il a été construit – n’est pas juste. Car chacun le sait bien, les églises de France font aujourd’hui l’objet d’une véritable « passion nationale » qui, des Journées européennes du patrimoine à la Nuit des Églises et des visites guidées aux collections pour sa restauration, ne cesse de mobiliser les foules les plus diverses”.