Selon une récente enquête du Barna Group, institut de recherche américain spécialisé dans l’analyse des tendances religieuses, les jeunes adultes de la génération Z – nés entre le milieu des années 1990 et le début des années 2010 – sont aujourd’hui plus assidus à la messe et aux cultes que les générations plus âgées. Une première historique qui marque un tournant pour le christianisme américain.Les chiffres montrent que la génération Z, avec une moyenne de 1,9 participation mensuelle aux offices religieux, devance désormais les baby-boomers (1,4) et les générations plus âgées (1,3). Même les milléniaux, longtemps considérés comme la génération la plus éloignée de la foi, connaissent une progression, atteignant 1,8 participation mensuelle.
Daniel Copeland, vice-président de la recherche chez Barna, souligne le caractère inédit du phénomène : « Le fait que les jeunes se présentent plus fréquemment qu’avant n’est pas une tendance habituelle. Ce sont généralement les adultes plus âgés qui restent les plus fidèles aux églises. Cette donnée est une bonne nouvelle pour les responsables chrétiens et laisse entrevoir un renouveau spirituel chez les jeunes générations. »
Pendant plusieurs décennies, la pratique religieuse aux États-Unis s’est érodée, particulièrement chez les plus jeunes, souvent perçus comme happés par le matérialisme et la culture numérique. Mais selon David Kinnaman, président du Barna Group, « la baisse de fréquentation parmi les générations plus âgées indique que le tissu de la vie paroissiale change : il est moins gris, plus jeune, et plus fragile. » Ce changement de profil représente pour l’Église américaine un défi aussi bien qu’une opportunité.Les chercheurs avertissent toutefois que cette hausse de la fréquentation ne garantit pas un enracinement spirituel plus profond. « Venir à l’église ne suffit pas à faire de quelqu’un un disciple », rappelle Kinnaman. Le véritable enjeu demeure la formation intérieure : comment transformer cette curiosité religieuse en foi vivante et en engagement concret.
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La génération Z, souvent décrite comme anxieuse et désorientée face à la complexité du monde moderne, semble chercher dans la foi un point d’ancrage. Après la pandémie, marquée par l’isolement et la perte de repères, beaucoup de jeunes ont redécouvert la valeur du silence, de la prière et de la communauté. Cette recherche d’authenticité tranche avec les promesses creuses du relativisme ambiant.
Ce phénomène ne se limite pas aux États-Unis. En Irlande du Nord, une étude de l’Iona Institute a révélé une tendance comparable : les jeunes y manifestent un regain d’intérêt pour la religion et la pratique religieuse, souvent plus prononcée que celle de leurs parents. Ce mouvement discret, mais réel, semble traverser les frontières occidentales.Pour de nombreux observateurs catholiques, ces données doivent être lues comme un appel à la responsabilité pastorale. Si les jeunes reviennent vers les églises, encore faut-il les y accueillir avec vérité et exigence, sans dilution du message évangélique.
En France aussi, certains signes laissent entrevoir un mouvement comparable, plus discret mais réel. De nombreux jeunes, issus de cette génération connectée et parfois en quête d’absolu, réinvestissent la pratique religieuse, participent à des pèlerinages, rejoignent des groupes de prière ou redécouvrent la messe dominicale. Pour eux, l’Église apparaît moins comme une institution contraignante que comme un espace de paix intérieure et de vérité dans un monde saturé d’incertitude et de bruit. Ce retour ne se traduit pas toujours par une foi conventionnelle, mais il révèle une soif spirituelle profonde, souvent portée par un désir de sens et de transcendance.
L’enjeu, pour les communautés chrétiennes, est de proposer aux nouvelles générations une foi incarnée, exigeante, mais joyeuse, qui réponde à leur quête de sens et de cohérence intérieure.
Ce retour des jeunes générations pourrait marquer le début d’un nouvel élan missionnaire. Dans une société où la foi semblait s’effacer, voir la jeunesse reprendre le chemin des églises est un signe d’espérance. Reste à savoir si ce réveil se transformera en conversion durable, enracinée dans la prière, la charité et la fidélité à la Parole de Dieu.Ainsi, ce que certains avaient appelé la “génération perdue” semble redécouvrir la beauté du culte et de la foi partagée. Dans un monde saturé de bruit et d’individualisme, la Génération Z pourrait bien devenir, contre toute attente, la génération du retour à Dieu.


