Depuis 2000 ans

Gratuité de Notre-Dame de Paris : Rachida Dati persiste à convaincre l’Eglise, « j’aimerais que nous puissions étudier cette proposition ensemble »

Rachida Dati lors de son intervention devant les évêques - capture écran
Rachida Dati lors de son intervention devant les évêques - capture écran
Selon la ministre, "la proposition protège la liberté de culte et pourrait permettre de sauver des édifices en danger"

Le 18 novembre 2024, Rachida Dati a réitéré sa proposition de faire payer l’entrée de Notre-Dame de Paris, une initiative qui se heurte aux principes de l’Église et suscite un débat profond sur le financement du patrimoine religieux.

Lors de la clôture des États Généraux du Patrimoine Religieux, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a soulevé une question qui divise : la gratuité d’accès aux églises et cathédrales doit-elle être remise en question pour assurer leur conservation ? En pleine conférence des évêques de France, elle a défendu sa proposition d’introduire un ticket d’entrée à 5 euros pour les visiteurs de Notre-Dame de Paris, soulignant que cette mesure permettrait de financer la préservation du patrimoine religieux en péril.

« Cette proposition a fait débat, je le sais. Mais je la trouve cohérente, et j’aimerais que nous puissions l’étudier sérieusement ensemble », a déclaré la ministre de la culture, dont l’idée de récolter 75 millions d’euros par an pour financer le patrimoine religieux semble répondre à un besoin urgent, notamment face à l’état de certains édifices protégés, comme l’a rappelé la ministre.

Cependant, l’Église demeure fermement attachée au principe de la gratuité d’accès à ses lieux de culte. Lors de cette même rencontre, le président de la Conférence des Évêques de France (CEF), Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, a réaffirmé la vocation spirituelle des églises : « Les lieux de culte sont affectés au culte exclusivement et intégralement, et leur accès est gratuit ». Selon lui, faire payer l’entrée dans des lieux destinés au culte serait une manière de « trahir leur vocation originelle » et de succomber à la marchandisation de la culture.

Le contexte de cette controverse est marqué par la publication d’une enquête sur l’état de santé du patrimoine religieux en France. L’enquête, menée par la CEF, a révélé que près de 4 000 édifices religieux protégés sont dans un état préoccupant. Cette situation est d’autant plus dramatique pour les petites communes, souvent démunies face aux coûts de restauration. C’est dans ce cadre que Rachida Dati a présenté son amendement, prévoyant 300 millions d’euros supplémentaires pour soutenir ce patrimoine, en grande partie rural et religieux.

L’idée de la ministre de la Culture de débloquer des fonds est saluée par certains, car elle permettrait de restaurer des lieux de prière en danger. Toutefois, cette proposition, qui inclut l’instauration d’un ticket d’entrée pour les visiteurs de Notre-Dame, divise profondément les acteurs du milieu catholique. L’Église, pour sa part, rejette cette option, craignant qu’elle ne vienne fragiliser l’accès libre aux églises, un principe essentiel au culte.

Les États Généraux du Patrimoine Religieux ont également mis en lumière des initiatives locales, comme des concerts ou des classes d’orgue, organisées dans les églises pour en assurer la pérennité sans altérer leur vocation religieuse. Toutefois, ces solutions ne suffisent pas à couvrir les coûts de restauration nécessaires.

Lire aussi

La ministre a insisté sur le fait que l’introduction d’un tarif d’entrée ne visait en aucun cas à « marchandiser » le patrimoine, mais à garantir sa sauvegarde. Selon elle, la proposition « protège la liberté de culte » et pourrait permettre de sauver des édifices en danger. Elle a également évoqué des financements supplémentaires pour les petites communes et des projets de mécénat adaptés aux spécificités des lieux religieux.

Le débat autour de la gratuité d’accès à Notre-Dame de Paris soulève une question cruciale pour l’avenir du patrimoine religieux en France : la proposition de Rachida Dati, qui répond à un besoin évident de financement et de préservation, peut-elle coexister avec l’attachement indéfectible de l’Église à la gratuité des lieux de culte ?

Tandis que certains estiment que l’introduction d’un ticket d’entrée est une solution pragmatique, d’autres redoutent qu’elle ne porte atteinte à l’essence même du patrimoine religieux. Cette opposition souligne la complexité de concilier sauvegarde du patrimoine et respect des valeurs fondatrices du culte chrétien.

Intervention de Rachida Dati :

Recevez chaque jour notre newsletter !