Lors de son audition devant la commission de la Culture du Sénat le 5 novembre, Rachida Dati a annoncé des mesures significatives pour le patrimoine, évoquant notamment un investissement supplémentaire de 300 millions d’euros. Ces fonds visent à répondre à “l’urgence patrimoniale” en France, un sujet qu’elle a souligné avec inquiétude : « 20 % des monuments historiques sont en mauvais état, 5 % sont en péril et quatre mille édifices religieux sont en danger. »
Cette annonce fait écho à une situation délicate. Fin octobre, il avait été annoncé que 150 millions d’euros seraient supprimés du budget de la Culture. Cependant, La ministre de la culture a surpris l’auditoire en sortant cet amendement, qui viendrait s’ajouter aux 1,2 milliard d’euros déjà prévus pour le patrimoine dans un budget total de 4,45 milliards. Le sénateur Laurent Lafon a plaisanté : « Si à chaque fois que vous venez au Sénat vous annoncez 300 millions, nous vous réinviterons très prochainement ! »
La ministre a détaillé que cette somme serait en partie destinée aux Régions, avec 55 millions réservés pour la préservation des monuments historiques et 23 millions pour les musées, y compris une attention spéciale aux petits musées ruraux. Cela représente une reconnaissance des enjeux de conservation, un sujet qui fait consensus parmi les élus de tous bords, notamment ceux du Rassemblement national, qui en avaient fait un axe majeur de leur programme culturel lors de la dernière présidentielle.
En parallèle, Rachida Dati a réitéré sa proposition de faire payer l’entrée à Notre-Dame de Paris. Ce système pourrait générer jusqu’à 75 millions d’euros, mais la ministre n’a pas précisé si cette mesure serait temporaire ou permanente. Elle a déclaré : « Si le diocèse est d’accord, cette entrée payante pourrait être collectée par le Centre des monuments nationaux (CMN) et redistribuée aux diocèses et territoires. » Toutefois, cette initiative se heurte à la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État, qui stipule que l’entrée dans les édifices classés doit être gratuite.
« On n’a pas besoin de remettre en cause la loi de 1905 pour pouvoir récupérer des fonds », a-t-elle affirmé, soulignant qu’il faut innover sans recourir à des taxes supplémentaires. Malgré cela, la question reste délicate, car l’article 17 de cette loi stipule que la visite des édifices et l’exposition des objets mobiliers classés doivent être publiques et gratuites.
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Rachida Dati a également évoqué la souscription lancée par Emmanuel Macron pour aider les petites communes à préserver leurs édifices religieux, qui vise à récolter 200 millions d’euros en quatre ans, bien que seulement 12 millions aient été collectés jusqu’à présent.
La ministre se positionne donc en faveur d’un investissement accru dans la préservation du patrimoine, tout en naviguant dans les complexités juridiques et politiques entourant ces questions. Le projet de tarification de Notre-Dame de Paris, bien que controversé, s’inscrit dans une volonté de financement innovante, face à l’état alarmant de nombreux monuments historiques en France.